Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

GOUVERNEMENT - La trêve reste de pure forme Les empoignades se poursuivent en coulisses

Damas a ordonné une trêve politique, au titre de la priorité régionale. Les tirs à boulets rouges dans les médias ont dès lors cessé. Mais dans leurs assises privées, loyalistes et opposants continuent joyeusement à se traiter réciproquement de tous les noms d’oiseaux. Et à plastronner, chacun pour son compte. Ainsi l’un des ministres politiques influents de la présente formation affirme à qui veut l’entendre que «jamais nous n’avons été aussi forts. Le gouvernement devient expérimenté, agit avec clarté et efficience. Ceux qui soutiennent que nous avons lamentablement échoué, notamment sur le plan économique, feraient mieux de réviser leurs thèmes d’attaque. Car les spécialistes dont regorge notre équipe sont manifestement en train de redresser brillamment la barre». Sans citer des chiffres à ce propos, et pour cause, cet illusionniste enchaîne : «Notre action, nos réalisations, nos réussites garantissent notre survie. Certes, au tout début, nous avons un peu balbutié, commis des erreurs. Le président du Conseil n’a jamais hésité à le reconnaître et une correction de trajectoire a toujours été vite adoptée. L’essentiel, à savoir une vision claire des objectifs à atteindre, a constamment été préservé. Aucun d’entre nous n’est avare de ses efforts. Certains n’ont même plus de vie privée, professionnelle ou familiale car ils campent pratiquement à leurs postes. La période des tâtonnements, plus ou moins maladroits, est maintenant bien dépassée. Nous savons ce que nous voulons, nous voyons parfaitement où nous allons». Ce ministre flétrit ensuite «la campagne tendancieuse menée contre le président du Conseil. M. Hoss n’est pas du tout le personnage indécis, presque falot, que ses ennemis décrivent. Au contraire, il est têtu dans le bon sens du terme. Il a une extraordinaire faculté de transcender les crises, d’en décortiquer les tenants et les aboutissants pour les dénouer d’une manière solide. C’est-à-dire sans jamais improviser ou recourir à des échappatoires démagogiques. Cet universitaire policé, dont on ne voit que la civilité ou l’aménité, est en réalité un roc. Ses adversaires prétendent qu’il n’est pas l’homme de la situation. Ce en quoi ils se trompent lourdement car, après tant de guerres et de faux clinquants, ce n’est pas d’un fort en gueule ni d’un paon dont le pays a besoin, mais d’une force tranquille capable de résister à toutes les tempêtes. Et c’est très exactement ce que M. Hoss incarne». Après cette touchante apologie, le ministre en question affirme que «les meilleures relations unissent le chef du gouvernement au président de la République. Ils sont en parfaite symbiose politique et chacun d’eux joue sa partie à la place qui lui est dévolue. On ne doit pas oublier, en effet, que leurs rôles respectifs ne sont pas identiques. Le chef de l’État oriente, inspire et le président du Conseil assure la conception détaillée de la politique d’État ainsi que son exécution. Leurs buts convergent et ils se ressemblent beaucoup par leur désintéressement, leur probité, leur dévouement à la chose publique. Ils veulent bâtir l’État des institutions et de la loi. Ce n’est pas une mince affaire et ce n’est certainement pas sur les quelques mois écoulés qu’on peut les juger». Peut-être pourrait-on dire, dans le même sens, qu’il n’est pas encore temps de soutenir que le pouvoir a vraiment réussi. Mais pour le ministre cité, «quand on respecte la démocratie comme le font les deux présidents, qui laissent libre champ aux discussions en Conseil des ministres, quand on refuse comme eux le système de partage du gâteau, on est forcément sur la bonne voie». Certes, mais un autre loyaliste, moins enthousiaste, indique qu’en réalité «l’équipe gouvernementale n’est pas bien soudée. Certains ministres ont des désaccords assez prononcés avec le président du Conseil. D’autres se jalousent manifestement et se font volontiers des crocs-en-jambe. Et, conclut-il, c’est peut-être bien parce que la prochaine séance du Conseil risque d’être assez orageuse, que des propos dithyrambiques sont jetés en pâture à l’opinion, comme de la poudre aux yeux. Cela étant, reconnaît ce sceptique, le nouveau pouvoir se distingue de l’ancien par le fait que tout linge sale se lave uniquement en famille et qu’en principe rien n’en transpire au-dehors».
Damas a ordonné une trêve politique, au titre de la priorité régionale. Les tirs à boulets rouges dans les médias ont dès lors cessé. Mais dans leurs assises privées, loyalistes et opposants continuent joyeusement à se traiter réciproquement de tous les noms d’oiseaux. Et à plastronner, chacun pour son compte. Ainsi l’un des ministres politiques influents de la présente formation...