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Actualités - REPORTAGES

ÉQUIPEMENT - Dix ans pour rettraper le temps perdu Barrages de retenue et énérgie solaire pour assurer les besoins futurs en eau et éléctricité

Deux spécialistes, Michel Majdalani et Ismaïl Makki, ont exposé dans ces colonnes (1) le problème de l’eau au Liban, soulignant que la planification et la saine gestion font défaut, tout comme les crédits pour la réhabilitation de l’infrastructure. À son tour, M. Fadi Comair, directeur général de l’équipement au ministère des Ressources hydrauliques et électriques, aborde ici les mesures prises dans le cadre d’un plan décennal qui doit démarrer l’an prochain. Sous forme de loi-programme, il sera bientôt soumis pour approbation au Conseil des ministres qui le transmettra à la Chambre. «Cette stratégie va tracer l’avenir des Libanais en matière hydraulique et énergétique», affirme M. Comair. «En l’an 2015, notre pays aura des besoins en eau supérieurs aux quantités dont il dispose», rappelle M. Coumair. Pour y parer, le plan décennal vise à exploiter les eaux de pluie en les emmagasinant dans des lacs et des retenues qui seront aménagés dans les différents mohafazats. D’après le directeur général de l’équipement, la quantité annuelle moyenne de pluie qui tombe au Liban est de 8 milliards 500 millions de m3. Mais du fait des phénomènes d’évapotranspiration, il ne nous en reste que la moitié soit 4 milliards 200 millions de m3. Dont une partie, entre eaux de surface et eaux souterraines, «se perd du fait de l’écoulement vers les pays limitrophes et la mer». Finalement, il ne nous reste que 2 milliards 500 millions de m3 / an d’eau de pluie. M. Comair estime que, dans les dix prochaines années, le Liban consommera en eau potable et en eau domestique quelque 800 millions de m3/an . D’ici à l’an 2010, la superficie des terres cultivées devant s’étendre à 280 000 hectares, les besoins pour l’irrigation sont évalués d’ores et déjà à 2 milliards 200 millions de m3 d’eau/ an. Enfin, les besoins en eaux industrielles se situent entre 150 et 200 millions de m3 par an. Bientôt, un déficit énorme Donc, au total, les besoins du Liban vont s’élever à 3 milliards 500 millions ou 4 milliards de m3 d’eau par an, alors qu’on ne dispose que de 2 milliards 500 millions de m3. Le ministère prend en compte le fait que la quantité d’eau de pluie accuse une baisse d’un tiers chaque trois ans d’étiage, comme ce fut le cas entre 1988 et 1991, et décroît de moitié chaque dix ans. «Jusqu’en 1999, les projets du ministère ont porté sur les travaux des réseaux de distribution, de captage des sources, des stations de pompage… Toutefois, ces projets ne présentent pas une solution radicale pour le problème de l’eau. Il existera bientôt un déficit d’eau énorme», souligne notre interlocuteur. Pour le combler, «une seule solution, dit M. Fadi Comair, stocker les eaux de surface en les retenant grâce à des barrages et des lacs collinaires et recharger ensuite la nappe phréatique. Ces solutions techniques auraient dû être prises en compte il y a 30 ans», fait-il observer. Il insiste également sur la nécessité de construire des stations de traitement des eaux usées (traitements primaire, secondaire, et tertiaire) afin que «les eaux traitées soient utilisées pour l’irrigation». Les ouvrages principaux Jusqu’à présent, quatre études de faisabilité ont été achevées. Il s’agit de celles de barrage relatives au barrage de Chabrouh au Kesrouan (qui permettra de retenir huit millions de m3) et au lac de Kaïsamani à Dahr el-Baïdar. Ce lac étanche d’une surface de 80 000 m2 aura une capacité d’emmagasinage de 550 000 m3. Sur le même site, seront édifiés un barrage de quelque 25 mètres de hauteur et une station de traitement des eaux. Cette dernière sera en mesure de traiter pendant la saison d’été 6 000 m3 d’eau par jour qui alimenteront en eau potable une vingtaine de villages du caza de Baabda. Le coût du projet est estimé à près de huit millions de dollars dont un million devraient être affectés au financement de quelque 80 000 m2 de terrains à exproprier. Au Akkar, en plus du barrage de Kawashra, un nouveau barrage susceptible de retenir 60 millions de mètres cubes est prévu au village de Noura-Tahta. Des barrages et des lacs seront également aménagés à Azouniéh (Chouf), Brifa (Liban-Nord) et Yammouneh ( Békaa-Nord), Bisri ( Saïda) et Bokaata (Metn). Les tarifs seront reconsidérés Concernant une nouvelle tarification de l’eau sur base du coût réel, M. Comair déclare que «la question sera considérée dans le cadre d’études commerciales». Le système de distribution à la jauge sera maintenu puisque «l’eau au compteur ne sera installée que dans quelques offices. La méthode nécessite en effet la réhabilitation des cadres techniques et administratifs». Par ailleurs un décret du Conseil des ministres a regroupé en cinq offices ( celui du Litani excepté) les 22 organismes autonomes qui existaient. «Ces offices auront un statut encore plus autonome et auront la responsabilité de gérer l‘exploitation de l’eau et la charge de la maintenance des réseaux», dit M. Comair. Quant au ministère, il planchera sur la planification et l’exécution des grands projets. M. Comair ajoute que son «département travaille actuellement sur un projet de cartes géologiques sur ordinateur». L’énergie solaire Dans la même stratégie décennale, le ministère a mis au point un volet concernant l’énergie. «Car on ne peut plus penser uniquement en termes traditionnels sur le plan électrique, dit M. Fadi Comair. Les besoins qui augmentent d’année en année imposent l’adoption d’une nouvelle politique énergétique conforme à celle qui a été adoptée en France en 1972 et qui a donné comme résultat une réduction de 50 % de la facture énergétique du consommateur. Et ce en utilisant l’énergie solaire. Nous sommes un pays méditerranéen qui connaît 300 jours de soleil par an mais nous chauffons toujours notre eau à l’électricité alors que les pays voisins ont tous adopté les panneaux solaires pour le chauffe-eau domestique», ajoute-t-il. Par ailleurs, l’éclairage des réseaux routiers peut se faire par l’intermédiaire de cellules photovoltaïques. De même, l’introduction de l’isolation thermique dans les bâtiments aboutira à une réduction de la facture énergétique. En résumé, le ministère a deux objectifs principaux : stocker l’eau et réduire les frais. Il se donne dix ans pour y parvenir. Il faut espérer que d’ici là la sécheresse ne soit pas trop sévère. (1) Voir «L’Orient-Le Jour» des 14 et 16 juin
Deux spécialistes, Michel Majdalani et Ismaïl Makki, ont exposé dans ces colonnes (1) le problème de l’eau au Liban, soulignant que la planification et la saine gestion font défaut, tout comme les crédits pour la réhabilitation de l’infrastructure. À son tour, M. Fadi Comair, directeur général de l’équipement au ministère des Ressources hydrauliques et électriques, aborde ici...