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Actualités - OPINION

TRIBUNE Oubli et négation

En Arménie et au sein de la diaspora – et les Arméniens sont présents partout dans le monde, le 24 avril est une journée du souvenir, de recueillement. Elle est aussi l’occasion de dresser un bilan du chemin parcouru par l’action revendicative. La revendication fondamentale est toute simple. Les Arméniens demandent la réparation morale et matérielle du génocide. La mémoire du peuple arménien est insultée, depuis 84 ans, d’avoir subi non seulement l’extermination, mais aussi l’oubli et la négation (...). Les Arméniens installés hors de l’Arménie s’y trouvent en tant que réfugiés. Ils ont depuis acquis la nationalité de ces pays, ils se sont intégrés et se sont affirmés comme des citoyens loyaux de leur pays d’adoption. Ainsi au Liban, ils sont des citoyens à part entière, mais n’oublient pas leur appartenance nationale, leur histoire millénaire et leur culture. Ils offrent toute cette richesse en héritage au Liban. Le Liban le leur rend bien cet attachement et les Libanais s’associent chaque année au souvenir du peuple arménien. Les événements politiques sont nombreux, qui soulignent le parallélisme douloureux du sort de plusieurs peuples. Arméniens, Palestiniens, Libanais, Chypriotes, Kurdes et aujourd’hui-même Kosovars se retrouvent unis dans le refus de l’abjection usurpatrice et destructrice. Il ne faut jamais manquer d’affirmer avec force que toutes les formes de génocide sont condamnables. Toutes ont eu le même résultat : la destruction des vies humaines au nom des différences ethniques, religieuses et culturelles, accompagnée de la spoliation des territoires nationaux et de l’exode forcé des populations autochtones. Nous avons tous un impérieux devoir de mémoire. Cette mémoire devrait s’élargir à celle de l’humanité, tragiquement affectée au cours de ce siècle par plusieurs génocides, dont celui des Arméniens a le triste privilège d’en être le premier. Pendant la parole lors de la 53e session de l’Assemblée générale de l’Onu (le 25 septembre 1998), le président de la République d’Arménie a évoqué le cinquantenaire de la «Convention pour la prévention et la punition du crime de génocide» et a affirmé : «Il est connu que le génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman en 1915 n’a pas été proprement condamné par la communauté internationale, ce qui a encouragé certains régimes à perpétrer de nouveaux crimes». Il a ajouté : «Nous espérons que l’humanité, en unissant ses efforts dans la lutte contre le génocide, va franchir un pas décisif pour s’en débarrasser définitivement au prochain siècle». La demande par l’État arménien de la reconnaissance et de la condamnation du génocide arménien est un fait politique majeur. En effet, il a fallu attendre, après l’effondrement de l’Empire soviétique, un changement de régime en Arménie pour qu’intervienne enfin la revendication par l’État arménien d’un droit dont il était le légataire légitime. Un autre événement majeur fut la reconnaissance par l’Assemblée nationale française du génocide arménien. Le 29 mai 1998, après un débat, le Parlement français a voté une loi qui stipule : «La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915». La Turquie a vivement réagi, en menaçant d’annuler des contrats d’armement et en annonçant d’autres représailles économiques. Ces menaces ont eu pour conséquence le refus par le gouvernement français d’inscrire la loi votée par l’Assemblée nationale à l’ordre du jour du Sénat, bien qu’une large majorité de sénateurs se soient déclarés disposés à la ratifier. (...) Il est grand temps que l’on impose certains principes moraux dans les relations internationales, car les crises qui secouent ça et là des nations qui ne demandent qu’à vivre en paix sont causées par la poursuite des politiques basées sur les intérêts des puissants, avec l’usage de la force en prime.
En Arménie et au sein de la diaspora – et les Arméniens sont présents partout dans le monde, le 24 avril est une journée du souvenir, de recueillement. Elle est aussi l’occasion de dresser un bilan du chemin parcouru par l’action revendicative. La revendication fondamentale est toute simple. Les Arméniens demandent la réparation morale et matérielle du génocide. La mémoire du...