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Actualités - ANALYSE

Loi de finances - Pas de questions gênantes au gouvernement Débat feutré en vue, place de l'Etoile

Vu sous l’angle des loyalistes, l’influence des décideurs est une aubaine rare. Grâce à un mot d’ordre de trêve politique, le camp gouvernemental se voit en effet épargner, face à l’opposition, une dure bataille budgétaire. Un affrontement à l’issue d’autant plus incertaine que le dossier des finances publiques, les dirigeants ont bien du mal à le cacher, a provoqué au sein du Cabinet une véritable scission. Marquée notamment par le retrait du principal intéressé, le ministre des Finances en personne. Mais par chance, pour ainsi dire, les néo-opposants, très sensibles aux conseils des frères, ont accepté de mettre une sourdine à leurs clameurs antigouvernementales. Du côté de l’opinion publique, si l’on excepte les réactions «pour la forme» de la CGTL, il n’y a pas de soulèvement contre les surtaxes décidées dans le cadre du budget. Sur ce plan précis, il est presque certain que ce qui sauve la mise au Cabinet ce n’est pas le soutien des décideurs. Mais celui du régime, qui garde la cote auprès des Libanais et qui a défendu fermement les options de l’équipe Hoss. Cependant, tout n’est pas encore dit, puisque la loi de finances doit encore être débattue à la Chambre, avant d’y être votée. Les carottes paraissant déjà cuites, beaucoup pensent que le débat ne traînera pas cette année en longueur. Mais d’autres, se disant connaisseurs en nature humaine, relèvent que les députés voudront se mettre en avant et parler d’abondance, pour se faire un peu de pub auprès de leur électorat dans la perspective des législatives de l’an prochain. Bien entendu, les ministres tentent de persuader les parlementaires d’abréger les discussions en affirmant qu’un retard dans l’adoption de la loi des finances, jusqu’à la mi-juin par exemple, serait fortement préjudiciable pour l’économie du pays. Un argument qui ne manque pas d’air, si l’on peut s’exprimer ainsi, si l’on considère que le gouvernement pour sa part n’a pas été vite en besogne pour préparer le budget. Mais les députés répondent qu’au nom de la démocratie, il faut les laisser s’exprimer autant qu’ils le souhaitent. Ils promettent de ne pas se laisser aller à des excès verbaux et, plus exactement, de ne pas dépasser certaines lignes rouges. En laissant entendre ainsi qu’ils ne comptent pas poser au gouvernement des questions gênantes sur les réserves du ministre des Finances lui-même concernant le projet de budget… Toujours est-il que certains loyalistes soupçonnent les parlementaires de vouloir faire traîner les choses en longueur pour retarder la reprise de l’épuration administrative, gelée en attendant l’adoption du budget. Dans le même ordre d’idées, ces sources ajoutent que les députés, ou du moins certains d’entre eux, pensent qu’en reportant le vote du budget à la mi-juin ou même à plus tard, on se trouverait aux portes des vacances d’été. Et qu’on en oublierait d’ouvrir encore des dossiers à scandale éclaboussant des parties politiques déterminées. Sur un plan concret, le président Nabih Berry et nombre de députés se dressent contre l’augmentation du prix des cigarettes et du tabac importé. Ils font valoir qu’une telle mesure ne peut produire que des contre-effets, en relançant la contrebande. Ce qui provoquerait des pertes pour la Régie et forcerait paradoxalement le gouvernement à lui accorder des avances, au lieu d’en recevoir un surcroît de recettes. Les députés protestent également contre la taxe accrue imposée à la dévolution de propriété. La question est de savoir si le gouvernement va transiger sur de tels points et accepter de réviser certaines mesures. Et s’il va accepter les propositions «justicialistes» de nombre de députés, soutenus par le président Berry, concernant la nécessité de mieux équilibrer les charges fiscales, en imposant une taxe sur les intérêts perçus par les détenteurs de bons du Trésor et en créant une nouvelle compagnie, mixte, de cellulaire où l’État aurait une part substantielle. Selon ces députés, une telle entreprise rapporterait au Trésor 12 milliards de dollars en huit ans.
Vu sous l’angle des loyalistes, l’influence des décideurs est une aubaine rare. Grâce à un mot d’ordre de trêve politique, le camp gouvernemental se voit en effet épargner, face à l’opposition, une dure bataille budgétaire. Un affrontement à l’issue d’autant plus incertaine que le dossier des finances publiques, les dirigeants ont bien du mal à le cacher, a provoqué au sein...