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Actualités - ANALYSE

Un dossier difficile à traiter

C’est assez étrange : Israël, qui n’a pas réagi quand les étudiants ont arraché à mains nues les barbelés qui isolaient Arnoun, investit cette localité cinquante jours plus tard. Et menace de réprimer sévèrement les civils qui tenteraient de récupérer leur village, maintenant annexé à l’enclave frontalière occupée. Pour quelles raisons l’État hébreu agit-il ainsi ? À cette question, un diplomate occidental répond par les indications suivantes : «En entourant Arnoun de fil de fer, dit-il, Israël pensait que le pouvoir libanais accepterait de déployer son armée dans le village pour le neutraliser, empêcher la résistance de s’en servir comme plate-forme pour ses opérations et dispenser du même coup l’armée israélienne ainsi que la milice de Lahd de la mission de traquer les résistants. Mais le gouvernement libanais a refusé de jouer le jeu de cette façon-là. Il a considéré qu’il n’y avait rien à changer au statu quo, qu’Arnoun restait situé hors de la zone occupée et ne pouvait être soumis aux dispositions appliquées dans cette enclave. Les dirigeants locaux ont cru qu’après le coup d’éclat des étudiants et le retour à la normale la situation allait rester calme dans la région. Ils ont estimé que, dans cet épisode, tout le monde finalement trouvait son compte : le Liban n’avait plus besoin d’en appeler au Conseil de sécurité ; les Américains n’étaient plus contraints d’user de leur droit de veto pour empêcher une condamnation d’Israël à l’Onu ; et l’occupant lui-même n’avait plus à défier une éventuelle résolution lui enjoignant de mettre fin au siège d’Arnoun. Mais cette vision optimiste, poursuit le diplomate occidental, a été rapidement infirmée par les faits. En effet, les Israéliens soutiennent que les résistants s’infiltrent dans la région pour harceler la garnison de la citadelle de Chkif et pour planter des mines. Ils ajoutent qu’après le démantèlement des barbelés par les jeunes ils avaient pensé que le gouvernement libanais allait intervenir auprès de la résistance pour l’amener à laisser Arnoun neutre, comme Washington l’avait demandé à Beyrouth. Dès lors les Israéliens accusent la résistance libanaise d’avoir en quelque sorte violé un accord de statu quo tacite, en attaquant leurs forces à partir d’Arnoun. Ils affirment qu’une opération de la résistance a ainsi fait nombre de victimes et de blessés parmi leurs soldats et leurs alliés de l’ALS basés à Chkif. Par voie de conséquence, l’occupant estime exercer un droit de légitime défense et de prévention en investissant la localité. Pour tout dire, quand le gouvernement libanais a refusé de déployer l’armée à Arnoun, les Israéliens ont pensé qu’il acceptait implicitement par contre de faire pression sur la résistance pour qu’elle se tienne tranquille sur ce front. Les Israéliens, constatant leur méprise, en ont tiré les conséquences militaires pratiques… » Le fait est que l’ambassadeur américain, M. David Satterfield, avait fait la tournée des dirigeants libanais, après l’opération d’Arnoun, pour leur recommander de déployer l’armée à Arnoun. Ils lui avaient cependant répondu d’une même voix que ce n’est pas à l’armée libanaise de protéger la quiétude de l’occupant. Ni de se heurter à la résistance, qui est on ne peut plus légitime, pour les beaux yeux d’Israël. Le diplomate occidental reprend : «Israël place maintenant Beyrouth devant l’alternative suivante : ou bien Arnoun est rajouté à la liste des localités frontalières occupées ; ou bien il reste dans la région libre à condition que l’armée libanaise s’y déploie pour empêcher la résistance de s’en servir. Il est évident que si les Libanais se plient à une telle pression, Israël en userait comme d’un précédent pour exiger ensuite le déploiement de l’armée libanaise, aux mêmes fins, dans plusieurs autres localités du Sud, occupées ou pas. Il s’agirait tout d’abord de la région de Jezzine et l’État hébreu parviendrait peu à peu à faire appliquer son plan initial. À savoir, imposer une cohabitation de ses troupes avec les forces régulières libanaises, ainsi que des mesures dites de sécurité, pour préparer à sa guise son retrait du territoire libanais. La pression israélienne sur le terrain se trouve accentuée par des considérations électorales. Mais, conclut le diplomate, il est certain que les Libanais ne vont pas accepter de déployer leur armée et dès lors il faut s’attendre à ce que la situation reste telle quelle jusqu’aux législatives israéliennes du 17 mai. Après on verra… »
C’est assez étrange : Israël, qui n’a pas réagi quand les étudiants ont arraché à mains nues les barbelés qui isolaient Arnoun, investit cette localité cinquante jours plus tard. Et menace de réprimer sévèrement les civils qui tenteraient de récupérer leur village, maintenant annexé à l’enclave frontalière occupée. Pour quelles raisons l’État hébreu agit-il ainsi ? À...