Législatives turques Ankara renonce à l'Europe et se tourne vers le nationalisme

Le raz-de marée nationaliste aux élections législatives turques reflète la déception du pays face à l’Europe, effet boomerang du sommet du Luxembourg qui a exclu en 1997 la Turquie des candidats à l’adhésion, et du rôle européen dans l’affaire Öcalan. Le Premier ministre Bulent Ecevit, grand vainqueur des élections de dimanche, est réputé pour sa méfiance envers l’Europe de l’Ouest, qu’il accuse d’avoir un «complexe antiturc». Sous son bref gouvernement de trois mois, les diplomates turcs ont rangé au magasin des accessoires la longue quête de l’adhésion à l’Union européenne qui était traditionnellement en tête de leur agenda. Et le parti de l’Action nationaliste (MHP), qui a créé la surprise en se classant deuxième du scrutin, donne à une union pan-turque avec les États turcophones d’Asie centrale la priorité sur une adhésion à l’UE. Le pouvoir passe donc désormais aux mains des nationalistes qui vont donc infléchir sensiblement la politique extérieure d’Ankara, ouvrant ainsi la voie à des donnes inconnues dans la région.