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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Crise économique - La grogne de la CGTL fait tâche d'huile Industriels et commerçants critiquent les mesures fiscales du gouvernement

Le projet de budget élaboré par le ministre des Finances Georges Corm, et dont les grandes lignes ont déjà été rendues publiques, continue de faire couler beaucoup d’encre à plus d’un niveau et dans les différents milieux politiques et économiques. Dans le but de résorber le déficit budgétaire et le poids de la dette publique, le gouvernement a décidé d’augmenter de 2000 LL le prix du bidon d’essence et d’accroître les taxes sur certains produits de luxe et sur le prêt-à-porter. Parallèlement, l’Exécutif a décidé de réduire de 6 % à 4 % les taxes douanières sur une série de matières premières dans le but de relancer l’industrie nationale. Ces mesures ont été accueillies favorablement dans les cercles parlementaires et dans la plupart des milieux politiques locaux. Encore que le chef du Législatif Nabih Berry s’est montré critique, hier, à l’égard de certaines taxes décidées par le gouvernement. Il reste que jusqu’à hier, la seule voix véritablement discordante était celle de la CGTL qui s’est empressée de réprouver les décisions du gouvernement, appelant à une mobilisation syndicale et à deux manifestations pacifiques, la semaine prochaine, afin de protester contre l’augmentation de certaines taxes et du prix de l’essence. Au cours des dernières quarante-huit heures, une nette grogne est apparue au grand jour au niveau des organismes économiques qui ont joint ainsi leurs voix à celle de la centrale syndicale, s’élevant contre les nouvelles taxes décidées par l’Exécutif et demandant à l’État de prendre une série de mesures concrètes afin de stimuler les secteurs productifs et de sortir le pays du marasme économique dans lequel il se débat. Le président de l’Association des industriels, Jacques Sarraf, a ainsi violement critiqué les nouvelles taxes douanières décidées par le gouvernement et accusé celui-ci de ne pas tenir ses promesses de soutien aux secteurs productifs. «Notre surprise a été grande de voir le soutien promis se limiter à une réduction de 2 points (de 6 % à 4 %) des taxes douanières sur une série de matières premières destinées à l’industrie», affirme M. Sarraf à l’AFP. «Pire, il relève d’un point les droits de douane de trois autres catégories de matières premières déjà taxées à 9 %, 14 % et 19 %», dit-il. L’Association des industriels va publier rapidement un mémorandum contenant ses doléances. «Les industriels sont excédés par ce Cabinet qui fait le contraire de ce qu’il annonce», a déclaré M. Sarraf qui a affirmé se comporter à l’égard de l’industrie, déjà en pleine crise, avec la même désinvolture que l’équipe précédente dirigée par Rafic Hariri. «En 1996 et 1998, le gouvernement Hariri avait certes relevé de 2 points à chaque fois les taxes douanières sur les matières premières importées, ce que nous avions accepté en échange d’une promesse, jamais tenue d’ailleurs, d’une aide financière à l’exportation». Mais cette fois, dit-il, le relèvement des taxes «a été décidé à la hâte et à la dernière minute» par le gouvernement «qui ne s’est même pas donné la peine de se concerter avec les acteurs économiques». «Le gouvernement, poursuit-il, espère collecter 66 milliards de livres libanaises (44 millions de dollars) mais il commet une erreur car cela va entraîner des milliers de licenciements que les industriels avaient gelés jusqu’à présent en misant sur la promesse du gouvernement Hoss de privilégier les secteurs productifs», affirme M. Sarraf. Le président de l’AIL critique particulièrement le relèvement de 10 points des droits de douane sur le prêt-à-porter (35 %) que le gouvernement Hariri avait fait baisser en 1996 pour encourager le shopping arabe au Liban, alors que dans le même temps les taxes sur les matières premières destinées à la production textile sont majorées d’un point à 20 %. Selon lui, la hausse des taxes sur les bières et le whisky importés «n’aidera pas la production locale alors que d’autres secteurs en réelle difficulté comme la tannerie, la chaussure et les eaux minérales avaient besoin d’une vraie protection». «Le gouvernement effraye les investisseurs locaux, comment veut-il alors attirer les investisseurs étrangers ?», tonne encore le patron de l’AIL. Si les industriels estiment que le gouvernement n’a pas fait suffisamment pour eux, les commerçants, eux, s’élèvent, au contraire, contre l’augmentation des taxes sur certains produits d’importation. À l’issue d’une réunion extraordinaire tenue sous la présidence de M. Nadim Assi, l’Association des commerçants a publié un communiqué réclamant, notamment, une baisse des taux d’intérêt et dénonçant sur ce plan «les contraintes imposées par les banques aux commerçants et aux secteurs productifs». Le communiqué affirme que ces contraintes ont abouti à une grave stagnation au niveau des marchés et de l’activité commerciale. Reprenant un grief formulé par les industriels, l’Association des commerçants a, d’autre part, demandé au gouvernement de consulter les commerçants avant l’adoption de toute décision en rapport avec la conjoncture économique dans le pays. Le communiqué réclame, en outre, l’adoption des mesures suivantes : l’adoption par les banques de mesures positives susceptibles de relancer le secteur commercial, au lieu de lui imposer des taux d’intérêt anormalement élevés; la mise en application d’une politique de développement cohérente et la stimulation des investissements et de la production; l’adoption d’une nouvelle politique économique visant à relancer les placements et à diminuer les taux d’intérêt et les taxes douanières. Les différentes associations de commerçants ont, d’autre part, été invitées à tenir des réunions urgentes afin de prendre les décisions qui s’imposent en vue de mettre un terme au marasme économique actuel. Signalons, enfin, que l’association des importateurs de prêt-à-porter a publié de son côté un communiqué s’élevant contre l’augmentation des taxes sur le prêt-à-porter.
Le projet de budget élaboré par le ministre des Finances Georges Corm, et dont les grandes lignes ont déjà été rendues publiques, continue de faire couler beaucoup d’encre à plus d’un niveau et dans les différents milieux politiques et économiques. Dans le but de résorber le déficit budgétaire et le poids de la dette publique, le gouvernement a décidé d’augmenter de 2000 LL...