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Actualités - ANALYSE

Réforme - Un nouveau plan pour réorganiser l'administration L'ossature des organismes de contrôle remise en question

Il existe quelques vérités premières que l’on a un peu trop tendance à négliger. Ainsi, on fait grand tapage, depuis l’avènement du nouveau pouvoir, autour de ce qu’on appelle les organismes de contrôle. On veut, répète-t-on, leur donner l’autorité et l’indépendance nécessaires pour qu’ils soient au cœur même de la réforme administrative. On oublie qu’il ne suffit pas de mettre ces corps constitués à l’abri des immixtions ou des pressions politiciennes. Et qu’il faut surtout que leurs cadres soient non seulement honnêtes, mais encore compétents, volontaires et efficaces. Des conditions que la guerre et les recrutements sauvages de complaisance, ajoutés à la modicité des émoluments dans le secteur public, ont rendues difficiles à réunir. On s’en est aperçu assez vite quand l’épuration et les nominations initiées d’entrée de jeu par le nouveau pouvoir en base des rapports de ces organismes de contrôle ont débouché sur un lamentable fiasco. Obligeant le chef de gouvernement à faire publiquement amende honorable pour reconnaître qu’on s’était trompé de route. À l’avenir, c’est promis, on ne procédera plus de la même manière. Les dossiers des fonctionnaires, qui peuvent se transformer en actes d’accusation, ne seront plus établis qu’en base de documents administratifs solides. On ne tiendra plus compte de témoignages verbaux ou de racontars irrecevables en justice. Car un fonctionnaire sanctionné, il ne faut pas l’oublier, peut toujours en référer au Conseil d’État. C’est même comme cela que la plupart de ceux qui avaient été limogés lors de la tentative d’épuration effectuée par le premier Cabinet Hariri en 93 avaient pu retrouver leurs postes. Quand les rapports des organismes de contrôle se fondent sur des on-dit ou de la délation pure, ils se trouvent entachés d’une malveillance qui en annule automatiquement la valeur objective. C’est là une remarque si élémentaire, si évidente, qu’elle sonne comme une lapalissade. Et pourtant, les instances en question, chapeautées par un ministre qui émane de leur propre sein puisqu’il présidait auparavant le conseil de la Fonction publique, ont réussi le redoutable exploit de ne pas en tenir compte. Après la correction de tir, c’est-à-dire après la réforme des réformateurs en puissance, on attendra de ces derniers qu’ils soient le fer de lance de la lutte contre la corruption, le désordre et l’incurie qui minent l’Administration libanaise. De leurs conclusions, en effet, dépendront la plupart des sanctions ou des récompenses qui réguleront l’apport des fonctionnaires. C’est également en base de leurs recommandations que devraient se faire la simplification des formalités, la réorganisation et la modernisation des services publics. À cette nuance près que, dans ce domaine précis, les ministres auront leur mot à dire et que l’on fera certainement appel à des spécialistes du secteur privé, notamment en informatique, en bureautique ou même en management, dans beaucoup de cas. Il faudra cependant, comme le remarque un gestionnaire formé aux États-Unis, que «l’autorité politique se montre elle aussi à la hauteur. Certes, chaque nouveau pouvoir a le droit, ne serait-ce que pour pouvoir appliquer sa politique sans entraves, de désigner les têtes de l’Administration qui lui conviennent. Et, par conséquent, de remplacer les directeurs généraux qui étaient en place. Mais il ne faut pas que cette opération de rotation, tout à fait compréhensible répétons-le, s’appuie sur des prétextes dangereux, comme l’accusation de corruption, sans preuves formelles à l’appui. Parce que cela porte un coup terrible, en définitive, à la crédibilité de l’État auprès de l’opinion publique. Il faut comprendre que le pouvoir politique ne doit pas porter de jugement sur l’Administration, mais en laisser le soin aux organismes de contrôle. Il peut évincer des directeurs généraux mais, redisons-le, pas sous un prétexte disciplinaire, simplement en signalant qu’il ne pense pas que leur coopération lui est utile. Donc, pour incompatibilité d’humeur, si l’on peut dire». Autrement dit, il est illusoire de rêver à une réforme de l’Administration tant que les mentalités politiques n’ont pas changé et que la vindicte en commande les actions.
Il existe quelques vérités premières que l’on a un peu trop tendance à négliger. Ainsi, on fait grand tapage, depuis l’avènement du nouveau pouvoir, autour de ce qu’on appelle les organismes de contrôle. On veut, répète-t-on, leur donner l’autorité et l’indépendance nécessaires pour qu’ils soient au cœur même de la réforme administrative. On oublie qu’il...