Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Ecoles - Marcellin Champagnat sera canonisé le 18 avril à Rome Les Maristes : un siècle de présence au Liban (photos)

Le 18 avril, Marcellin Champagnat, enfant paradoxal de la Révolution et de la contre-Révolution, sera élevé par le pape Jean-Paul II à la gloire des autels. Fondateur des frères maristes, Marcellin naquit en 1789, aux sons de la Marseillaise, sur une terre dont les sillons seront bientôt abreuvés par le «sang impur» de milliers de prêtres, religieux et religieuses. Il mourra en 1840, dans la force de l’âge, miné par les incessants efforts déployés pour établir une fondation qui, à sa disparition, comptera 48 écoles primaires animées par 290 «frères enseignants». Son œuvre, qui s’inscrit dans le sillage du grand mouvement de démocratisation de l’enseignement, est aussi un témoignage de la force d’une foi que les feux de Thermidor ne parvinrent qu’à purifier. À la veille de cette canonisation, il n’est que juste de rendre hommage à ceux qui furent et continuent d’être au Liban les disciples de ce fils de paysan aux pieds bien sur terre. Dans les deux grandes écoles tenues en ce moment par les frères maristes au Liban, Champville et Jbeil (avec son annexe d’Amchit), 6 216 élèves sont scolarisés. Le tiers des familles bénéficie du programme d’aide mis en place, et qui va de 10 à 100 % de la scolarité. L’histoire de la présence mariste au Liban est marquée par trois mouvements de flux et de reflux dus à trois guerres européennes. Les guerres intestines qui ont marqué notre histoire, entre 1975 et 1990, ont également profondément marqué la présence mariste au Liban. Les premiers maristes débarquent au Liban en 1868, pour étoffer le corps professoral des collèges de Ghazir et de Beyrouth fondés par les pères jésuites. En 1875, faute de nouvelles vocations, en partie due à la guerre franco-allemande de 1870-71, les maristes quittent le Liban. Ils ne seront de retour que vingt ans plus tard. Nouveau départ En 1895, nouveau départ. Les frères maristes reprennent leur mission pédagogique, d’abord comme assistants aux lazaristes et aux jésuites. À partir de 1903, selon la règle immuable des persécutions, expulsés de France par les lois sur l’école laïque, les maristes essaiment dans le monde. Au Liban, ils ouvrent leurs propres écoles ou prennent en charge des écoles qui leur sont confiées. Le début de la construction du célèbre Collège du Sacré-Cœur à Jounieh et la construction du collège d’Amchit seront les principaux jalons de cette extension progressive de leur présence. Au fil des ans, ce sera Alep (1904), à la demande des Arméniens-catholiques, Batroun, Deir el-Kamar, Jbeil et Saïda. Des fondations plus éphémères virent le jour et disparurent à Roumié, Bzoummar, Michmich, Baskinta, Hadeth. Mais la guerre vint et, par groupes, les frères maristes durent quitter le Proche-Orient de sorte qu’il ne resta au Liban que deux d’entre eux, un Alsacien et un Suisse. Leurs écoles furent occupées par les troupes et fort dégradées, quand elles n’étaient pas systématiquement pillées. Seules les maisons d’Amchit et de Jounieh furent un peu épargnées. La Première Guerre mondiale dispersa les efforts d’une génération. À la fin de l’hécatombe, seuls 20 frères reviennent d’Europe. Au Moyen-Orient, il faut relever les ruines et sept écoles seulement sont rouvertes : en Syrie, à Alep et Damas, au Liban, à Batroun, Amchit- Jbeil, Deir el-Kamar, Jounieh et Zahlé. Âge d’or Ce nouvel essor fut de nouveau interrompu avec la déclaration de la Deuxième Guerre mondiale. La réduction de 119 à 61 du nombre de frères porta un coup sérieux à l’élan missionnaire et pédagogique des maristes. Les collèges de Damas et d’Alep ferment leurs portes en 1945, à la suite de troubles politiques. Toutefois, au Liban, ce sera le début d’un âge d’or où les collèges de Jounieh, Jbeil et Rmeilé fleuriront, avant que Champville ne succède à Jounieh. Rouvertes au début des années 50, les écoles maristes d’Alep et de Damas fermeront à nouveau leurs portes en 1967, après la nationalisation des écoles missionnaires. Aujourd’hui, il ne reste plus en Syrie qu’une présence mariste symbolique : deux frères installés à Alep et animant des cours de catéchèse, des mouvements de jeunesse et des célébrations liturgiques. Les guerres intestines libanaises et la baisse du nombre des vocations durant la deuxième moitié du XXe siècle porteront à la présence mariste des coups très durs. Il ne reste aujourd’hui dans le district Liban-Syrie que 16 frères maristes et trois écoles: Champville (non pas la ville aux champs, comme on pourrait le croire, mais la «Ville Champagnat»), l’école de Jbeil (et son annexe d’Amchit) et un nouveau foyer Champagnat à Faraya, un bâtiment de 80 lits qui peut accueillir, été comme hiver, les mouvements de jeunesse et d’activités sociales. Un vif désir de rouvrir l’école de Rmeilé (Sud) demeure jusqu’à présent inassouvi. Ce collège a connu son heure de gloire, avec près de 2 000 élèves inscrits, dont près de la moitié de musulmans. Le mufti de Saïda en est l’un des anciens. Fermé en 1983, le collège est occupé, après le départ des Israéliens, par des miliciens. Il a été restitué en 1994, à l’état de squelette. Mais le nombre réduit de frères maristes et le manque de vocations retardent ce projet.
Le 18 avril, Marcellin Champagnat, enfant paradoxal de la Révolution et de la contre-Révolution, sera élevé par le pape Jean-Paul II à la gloire des autels. Fondateur des frères maristes, Marcellin naquit en 1789, aux sons de la Marseillaise, sur une terre dont les sillons seront bientôt abreuvés par le «sang impur» de milliers de prêtres, religieux et religieuses. Il...