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Actualités - CHRONOLOGIE

Budget - La moins mauvaise des solutions, selon Hoss Réactions contradictoires à un projet destiné à être un palliatif

Réalisme et pragmatisme ont guidé l’élaboration du projet de budget pour 1999. C’est en substance ce que les députés qui ont été reçus hier en audience à Baabda ont affirmé, résumant l’avis du chef de l’État à ce sujet. Dans l’esprit de M. Lahoud, ce nouveau budget ménage les classes moyennes et défavorisées, et ce que les commerçants perdent en terrain, ce sont les industriels qui le gagnent. L’essentiel, souligne-t-on dans les milieux de la présidence, c’est que le budget est transparent et que tous ses chiffres sont fiables, ceux aussi bien des dépenses que des recettes et que ses colonnes ne cachent aucune surprise. En outre, des rentrées dont le montant reste incertain n’ont pas figuré dans le projet de budget et pourraient en réduire le déficit, fixé pour le moment à 40,2 %. Le chef du gouvernement a considéré que la formule budgétaire retenue est «la moins mauvaise», dans l’état actuel des choses. Il a affirmé que rien ne justifie un relèvement des prix consécutif à l’augmentation du prix de l’essence, car ces prix ont été relevés voici deux ans, quand l’essence avait atteint le prix de 12 400 LL, et n’avaient pas baissé quand les cours mondiaux du pétrole ont baissé, ramenant le prix de l’essence à 10 500 LL M. Hoss a affirmé, par ailleurs, que l’augmentation du prix de la communication sur téléphone portable est de nature à orienter l’usager vers le réseau fixe, ce qui est heureux, puisque les revenus du téléphone iront ainsi à l’État plutôt qu’à des sociétés privées. L’objectif final du plan que nous étudions est de réduire progressivement la croissance de la dette de sorte qu’elle devienne inférieure à la croissance du PIB, a conclu M. Hoss. Au cours d’un point de presse à son bureau, le ministre de l’Économie, M. Nasser Saïdi, a assuré de son côté que le panier de la ménagère – constitué de quelque 200 articles – ne devrait pas être affecté par les nouvelles taxes, qui ont frappé uniquement des produits de luxe, ainsi que certains produits considérés comme «nocifs» pour la santé. Au sujet de l’augmentation du prix des cigarettes étrangères, le ministre de l’ Économie a affirmé qu’en comparaison avec certains pays européens, les cigarettes étrangères sont encore très bon marché au Liban. M. Saïdi a précisé qu’en France par exemple, le paquet coûte 25 FF, soit 5 dollars, tout comme en Grande-Bretagne d’ailleurs. En attendant la TVA M. Saïdi a affirmé que les inspecteurs du Service de protection du consommateur vont intensifier leurs patrouilles – ce que beaucoup des précédents ministres avaient jugé bon d’afirmer –, mais a déclaré compter sur un certain sens de civisme de la part des commerçants, puisqu’on sait que toutes les couches sociales et tous les ministères vont se serrer la ceinture et que même les soldats ont sacrifié leurs indemnités de déplacement. Plus tard dans la journée, M. Saïdi devait affirmer qu’après la phase au cours de laquelle l’infrastructure avait été privilégiée, le temps était venu d’accorder aux secteurs productifs, industrie et agriculture, l’attention qu’ils méritent. Et de préciser que le budget actuel est une sorte de palliatif, et que l’objectif à long terme du gouvernement était de réduire les taxes douanières, pour y substituer une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), en prévision de l’insertion du Liban dans des ensembles économiques plus larges. L’entrée en vigueur de la TVA devrait commencer à la fin de l’an 2 000 a-t-il précisé. M. Saïdi a présenté l’accord sur l’abolition progressive des taxes douanières entre la Syrie et le Liban en exemple de la suppression de toutes les barrières douanières. Le ministère de l’ Économie a par ailleurs fourni aux consommateurs des numéros de téléphone et de fax pour signaler toute fraude ou toute hausse injustifiée des prix. Ces numéros sont : 345 050 et 340 051 pour le téléphone et 345 640 pour le fax. Pour sa part, le ministre du Pétrole, M. Sleiman Traboulsi, a minimisé, sans le nier, l’impact de la majoration du prix de l’essence sur les prix des principales denrées et services, surtout en l’absence de toute hausse des prix des autres carburants (mazout et fuel oil). Ainsi, a-t-il déclaré, les prix du pain et le coût de fabrication et de transport de nombreux produits de première nécessité ne devraient pas bouger. Selon le ministre, le coût du transport des marchandises ne devrait pas changer, la grande majorité des poids lourds fonctionnant au mazout. Une affirmation qui demeure sujette à caution, en l’absence de statistiques à ce sujet. Pour M. Traboulsi, le relèvement du prix de l’essence est compensé par les exemptions fiscales des salaires inférieurs à 12,5 millions de LL/an, soit environ 1 million de LL/mois. En tout état de cause, a-t-il conclu, l’impact de l’augmentation de l’essence est plus psychologique qu’autre chose. Les commerçants atterrés Mais le nouveau budget est loin d’être accueilli aussi sereinement par certaines catégories sociales, notamment par les commerçants et les travailleurs. L’Association des commerçants, apprend-on, s’est accordée un délai pour examiner la nouvelle loi de finances et donner son avis. En privé, les commerçants, qui se comptent par milliers dans le secteur du prêt-à-porter et de la parfumerie, considèrent les nouvelles taxes sur cet article (35 %, au lieu de 24 %), comme «une catastrophe». Touché de plein fouet par un marasme qui va en s’aggravant, ils sont encore tout étourdis par le coup qui leur a été porté. «Si, quand la taxe était de 24 %, nous ne vendions rien, que voulez-vous qu’on vende aujourd’hui ?», s’exclame un commerçant bien connu de la place qui tient à garder l’anonymat. «Je n’ai entendu aujourd’hui que des gémissements», ajoute-t-il , prévoyant qu’une vague de licenciements risque de suivre la hausse des taxes douanières, et que de toutes parts des voix s’élèvent pour dénoncer «des mesures socialistes à contre-courant de l’Histoire». Selon un expert, ces prévisions pessimistes ne sont pas nécessairement exagérées. Et d’expliquer que beaucoup de commerçants se plaignent du marasme et de la stagnation de la consommation, qui va s’aggraver. En revanche, ajoute-t-il, rien n’est fait pour susciter une baisse des taux d’intérêt élevés qu’ils paient, et qui dévorent leurs investissements et les conduisent petit à petit vers la fermeture. Du côté des syndicats, en particulier des chauffeurs de taxis, c’est la grogne. Surtout en raison du relèvement du prix de l’essence. Le président de la CGTL, M. Élias Abou Rizk, envisage d’appeler à un mouvement de protestation et de grève. Les deux syndicats de chauffeurs de taxis se sont donnés rendez-vous le 13 courant pour décider d’une action commune.
Réalisme et pragmatisme ont guidé l’élaboration du projet de budget pour 1999. C’est en substance ce que les députés qui ont été reçus hier en audience à Baabda ont affirmé, résumant l’avis du chef de l’État à ce sujet. Dans l’esprit de M. Lahoud, ce nouveau budget ménage les classes moyennes et défavorisées, et ce que les commerçants perdent en terrain, ce sont les...