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Actualités - ANALYSE

Malgré les tentatives d'apaisement qui se multiplient Le climat politique reste équivoque et empoisonné

C’est assez drôle comme le camp loyaliste et les opposants rivalisent de protestations de bonne foi. Et de déclarations de prétendue non-belligérance. Le gouvernement soutient ainsi qu’en déférant au parquet l’affaire des fonds municipaux il ne fait que respecter la procédure et ne poursuit aucune vindicte. Et l’opposition répond qu’elle n’a rien contre l’assainissement, mais que c’est une question de timing. En fait, comme le note un observateur neutre, «le climat est tellement chargé d’hostilité larvée que les médias n’ont peut-être pas tort, dans le fond, de présenter les mesures gouvernementales comme une condamnation anticipée des anciens responsables mis en cause dans les rapports préliminaires des organismes de contrôle. L’interprétation de ces mesures par les médias fait que la réputation de ces personnalités se trouve attaquée alors même qu’on ne sait pas si elles vont ou non faire l’objet d’un procès en bonne et due forme. Mais il y a aussi de manifestes maladresses de comportement ou de verbe de la part de certains responsables en place ou de certains services officiels. On l’a vu notamment avec le cas de l’homme d’affaires Robert Moawad. Les excuses qui lui ont été présentées, d’une façon plus ou moins directe, ne changent rien au résultat. Voilà un capitaliste qui s’en va, froissé, blessé». Cette même personnalité relève ensuite «une grave incohérence gouvernementale. Avant même leur arrivée au pouvoir, les nouveaux responsables n’ont jamais cessé de réclamer, pour commencer, une réhabilitation des organismes de contrôle, à la faveur d’une vraie réforme administrative. Or cette réforme a été stoppée. Les organismes de contrôle gardent donc leurs moyens du passé, qui sont proches du zéro. Or cela n’empêche pas le gouvernement de leur commander des rapports de fond et de s’y fier. Une confiance peut-être justifiée, peut-être pas. Quand M. Bassem el-Sabeh affirme que de fausses données ont été fournies à la Cour des comptes par des adversaires de M. Hariri, il faut prendre la peine de vérifier, de procéder à un contre-examen de ces données, donc du rapport même de la cour. Ceci avant de rendre l’affaire publique et d’annoncer à grand fracas qu’on a saisi le parquet. Les ministres ont beau finasser ensuite, expliquer que cette procédure n’a rien d’infamant ni de définitif, l’opinion n’a saisi qu’une chose : la chasse aux sorcières, la curée a effectivement commencé. Une réaction tout à fait compréhensible. Car les rapports des organismes de contrôle sont en soi une sorte d’acte d’accusation préliminaire, sans quoi ils ne seraient pas publiés. Dans le temps d’ailleurs, avant la guerre, les journaux évitaient en général de publier le rapport annuel de la Cour des comptes, pour ne pas paraître accabler les responsables qui s’y trouvaient cités à titre bien plus administratif que judiciaire». En ce qui concerne l’actualité, cette source note que «les conclusions de la cour indiquent que des fonds ont été dépensés ou déviés de leur affectation première sur d’autres projets, sans couverture légale. Il peut y avoir cependant des raisons précises justifiant ces jongleries. D’abord, il y avait sans doute parfois des cas d’urgence évidents comme la nécessité de faire enlever les détritus ou de faire mettre en place des égouts sans passer par les longues procédures ordinaires d’ouverture de crédits. Il y avait ensuite le fait que les municipalités n’existaient pratiquement plus et qu’on ne pouvait laisser leurs fonds dormir sans les servir elles-mêmes. On devait également faire face à des situations soudaines à connotation dramatique, comme l’aide aux sinistrés, aux exodés du Sud. De même pour des raisons humanitaires il est arrivé que le ministère de la Santé ait engagé, sous M. Sleiman Frangié, des dépenses hors budget. Toujours est-il que l’affectation des fonds des municipalités s’est faite sans prendre l’avis de la Cour des comptes, ce qui n’est pas recommandable, mais peut-être pas sans l’approbation du Conseil des ministres».
C’est assez drôle comme le camp loyaliste et les opposants rivalisent de protestations de bonne foi. Et de déclarations de prétendue non-belligérance. Le gouvernement soutient ainsi qu’en déférant au parquet l’affaire des fonds municipaux il ne fait que respecter la procédure et ne poursuit aucune vindicte. Et l’opposition répond qu’elle n’a rien contre l’assainissement,...