Liban-Russie - L'ambassadeur du Kremlin dénonce les bombardements alliés contre la Yougoslavie Peressypkine remet à Hassan un message d'Ivanov(photo)

L’ambassadeur de Russie, M. Oleg Peressypkine, a remis hier au secrétaire général de l’Hôtel Bustros, M. Zafer el-Hassan, un message du ministre russe des Affaires étrangères, M. Igor Ivanov, portant sur la médiation entreprise par le chef du gouvernement russe, M. Evgueni Primakov, à Belgrade et à Bonn, pour tenter de trouver une issue pacifique à la guerre en Yougoslavie. À l’issue de l’entretien, M. Peressypkine a indiqué que le Liban, en sa qualité de membre du mouvement des non-alignés, a été informé des résultats de la mission de M. Primakov. «M. Hassan s’est félicité de l’initiative russe, a déclaré le diplomate. Le président Slobodan Milosevic est d’accord pour reprendre les négociations en cas d’arrêt des frappes de l’Otan. Il s’est dit disposé à faire preuve d’un esprit constructif pour faire aboutir d’éventuelles négociations. Le président serbe est prêt à prendre en considération les intérêts de toutes les ethnies et de toutes les communautés religieuses, qu’elles soient au Kosovo ou en Serbie». Selon l’ambassadeur de Russie, M. Milosevic s’est déclaré prêt à alléger le dispositif militaire serbe et à assurer les conditions nécessaires pour le retour des réfugiés kosovars si les raids aériens de l’Otan cessent. Commentant la position du chancelier allemand, M. Gerhard Shrœder, qui avait pratiquement annoncé l’échec de la mission de M. Primakov, M. Peressypkine a déclaré : «M. Schröder s’est prononcé en faveur d’une poursuite de l’initiative de M. Primakov et a espéré que les relations entre la Russie et l’Union européenne ne seront pas affectées d’une manière négative par la crise yougoslave parce que l’Europe reste attachée à une coopération avec Moscou». «Je pense que la Russie va poursuivre ses efforts de médiation et continuera à demander un arrêt des frappes, a-t-il dit. Le plus étonnant c’est que les experts de l’Otan parlent d’une catastrophe humanitaire et, dans le même temps, l’Alliance atlantique bombarde la population. Les bombes et les missiles ne font pas de distinction entre un musulman, un Kosovar et un Serbe. Alors que les musulmans s’apprêtaient à fêter l’Adha, les Alliés bombardaient le Kosovo. Et maintenant que les catholiques vont fêter Pâques, les raids vont se poursuivre». Interrogé sur le silence des pays arabes face aux événements en Yougoslavie, M. Peressypkine a déclaré : «Les présidents (libyen) Mouammar Kadhafi et (irakien) Saddam Hussein ont dénoncé les États-Unis et l’Otan. Le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa a également évoqué cette question. Pour ce qui est du Liban, il est hostile à l’utilisation de la violence pour le règlement des conflits politiques. Nous sommes d’accord pour appeler à l’arrêt des frappes et à la reprise des négociations. Ce qui se passe au Liban-Sud prouve que la violence ne peut pas résoudre les problèmes. Et l’engagement de forces terrestres constituerait une grave erreur. Regardez ce qui se passe au Liban-Sud où une forte résistance s’est développée». L’ambassadeur de Yougoslavie parle de « centaines de victimes » L’ambassadeur de Yougoslavie, M. Velibor Dulovic, a remercié «le peuple libanais et plus particulièrement la communauté grecque-orthodoxe pour sa solidarité avec le peuple yougoslave dans l’épreuve qu’il traverse». M. Dulovic a été reçu hier par le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Mgr Élias Audé, qu’il a informé des développements militaires et humanitaires en ex-Yougoslavie à la suite des frappes aériennes menées par l’Otan. Le diplomate a déclaré que son pays était disposé à reprendre «immédiatement des négociations à condition que l’attaque et les bombardements qui ont fait des centaines de victimes et d’immenses destructions cessent». Interrogé sur le sort des Kosovars qui ont fui leurs villages, M. Dulovic a déclaré : «Nous acceptons le retour des réfugiés. Notre problème est avec les terroristes qui constituent une petite minorité manipulée par l’Occident. Ce n’est ni le peuple albanais ni n’importe quelle autre minorité qui provoquent les troubles».