Les montagnes se déforment

Les mécanismes qui causent des tremblements de terre au Liban sont très liés au taux de déformation des montagnes. Celles-ci connaîtraient une déformation totale (horizontale et verticale) de l’ordre d’un centimètre par an. Les topographes ont été les premiers à constater ce phénomène, mais ils ne le comprenaient pas et le prenaient pour une erreur. «Mais la géodésie moderne (étude de la physique de la terre) a un moyen fantastique de mesurer cela : le GPS (Global Positioning Satellite System)», explique M. Iskandar Sursock. «Ce système s’appuie sur des informations apportées par une constellation de satellites américains qui couvrent toutes les parties du globe». Au Liban, une première campagne de calcul avec GPS professionnel vient de commencer cette année. Elle est menée par le centre de géophysique en partenariat avec l’IPGP. «Au bout de deux ans, nous serons capables de dépister un déplacement de 2 cm, ce qui prouvera la déformation dont nous parlions», souligne M. Sursock. Le segment libanais de la faille est très particulier puisqu’il observe une déviation, poursuit-il. Le paysage se transforme. «C’est grâce à un groupe de géologues français que nous avons pris conscience de tout cela, notamment Paul Tapponnier et Geoffrey King de l’IPGP», précise-t-il. «Nous les attendons pour une nouvelle campagne. D’ailleurs, même si ce n’est qu’au bout de deux ans que nous ferons le bilan de notre action, ce n’est pas une spéculation de dire que le Liban est une montagne tectoniquement active, très jeune, qui se transforme plus au Nord qu’au Sud». Cette opération menée par des Français et des Libanais consiste à faire des trous dans des rochers et à étudier au fur et à mesure leur positionnement avec un matériel sophistiqué. «Le résultat de l’enquête permettra de savoir ce qu’il y a au-dessous du Liban et qui produit ces phénomènes», dit M. Sursock. «Nous pourrons alors dire à quelle profondeur va se former la rupture et quelle est sa longueur. Nous pourrons aussi répondre à la question de savoir quel est le tremblement de terre le plus fort qui peut avoir lieu au Liban». L’histoire ne peut pas répondre à cette question ? «Dans le cadre de la sismologie historique, nous ne pouvons pas vraiment évaluer la force des tremblements de terre qui ont eu lieu à telle ou telle époque», conclut-il.