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Actualités - ANALYSE

Le gouvernement va bientôt avoir les politiciens à l'usure

Les premiers signes de lassitude commencent à se manifester chez les professionnels de la politique. De plus en plus on entend dans les salons, où ces notables devisent, des exclamations du genre : «Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, à la fin, mais qu’ils se décident…» Le ils désignant comme toujours les dirigeants. Et le sujet évoqué est bien évidemment cette loi électorale dont la gestation, phénomène rare chez les mammifères, dure depuis trois ans et demi. Et risque de ne pas s’achever avant février prochain, si l’on en croit un orfèvre en la matière, le président Nabih Berry. Tout aussi évidemment, le problème tient en entier dans la formule à retenir pour le découpage des circonscriptions. On sait que, grosso modo, il existe côté cuisine quatre recettes principales pour cette salade : – La surdimensionnée, à l’échelon de tout le pays qui irait voter comme un seul homme, avec une variante prévoyant une petite dose de proportionnelle. – L’enveloppée racinienne, entendre les mohafazats tels qu’ils sont dans leur réalité pratique et non sur le papier (cinq et non six, Nabatiyeh restant rattaché au Sud). – La cornélienne émaciée, comprendre les mohafazats tels qu’ils devraient être, c’est-à-dire tronçonnés en deux ou en trois. Et bien entendu, cet effet de diète au sens polonais du terme est appuyé par le régime. – Le mezzé aux plats minuscules mais foisonnants, c’est-à-dire le caza, qui bénéficie de la sympathie, paradoxalement combinée, de Bkerké et de Moukhtara. Ce tableau déjà riche offre en outre des surcharges considérables qui font que finalement personne n’est d’accord avec personne. L’exemple le plus frappant, le plus pénible aussi pour le pouvoir, est que le camp du président Hoss réfute en pratique le principe élémentaire de l’égalité que tout naturellement les loyalistes proches de Baabda défendent. En effet, le chef du gouvernement ne veut pas entendre parler d’un fractionnement de la capitale, qui est pourtant un mohafazat comme un autre. Il veut tout diviser, sauf Beyrouth. Tout comme en 96 on avait tout gardé uni sauf le Mont-Liban ce qui avait révolté à l’époque le Conseil constitutionnel dont le verdict avait été élégamment shooté au panier par le précédent pouvoir, protégé par les décideurs. On retrouve le même air, avec d’autres paroles. Mais l’orchestre ayant changé de chef, les loyalistes proches de Baabda, ainsi d’ailleurs que le président Nabih Berry, soutiennent que la formule des 13 ou des 14 serait finalement retenue contre vents et marées. Et ils soulignent que le chef du gouvernement se résigne d’avance à signer le décret, comme il l’a récemment indiqué, une fois que la majorité aura voté le texte en Conseil des ministres. Mais à part le cas Hoss, il existe une foule de détails qui peuvent faire achopper le projet envisagé. Ainsi la classe politicienne murmure contre la clause qui veut interdire aux présidents de municipalités de poser leur candidature à la députation. Un article qui vise, entre autres, M. Dory Chamoun, président de la municipalité de Deir el-Kamar. Bien évidemment ce paragraphe, pour être légal, se trouve assorti d’une précision : un édile, qui aurait démissionné depuis deux ans, pourrait se porter candidat. Une astuce qui frise le ridicule plus que l’hypocrisie, vu que la loi n’entrera en vigueur que cinq ou six petits mois avant les élections. Toujours est-il que c’est le tollé à ce propos dans les milieux concernés et il est probable que cette auguste mention restrictive sera biffée bientôt du registre. D’autant que par une étrange logique, les membres du gouvernement, qui sont bien plus influents que des municipaux, gardent pour leur part leurs droits civiques entiers, c’est-à-dire peuvent, comme tout citoyen en règle, se présenter aux législatives. Même et surtout s’ils vont être chargés de les organiser…
Les premiers signes de lassitude commencent à se manifester chez les professionnels de la politique. De plus en plus on entend dans les salons, où ces notables devisent, des exclamations du genre : «Qu’ils fassent ce qu’ils veulent, à la fin, mais qu’ils se décident…» Le ils désignant comme toujours les dirigeants. Et le sujet évoqué est bien évidemment cette loi...