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Actualités - REPORTAGES

Tourisme - Certaines destinations ont vu leurs prix quadrupler Les libanais boudent les voyages du millénaire (photos)

Passer le cap du nouveau millénaire à Paris ou en Égypte est un souhait que bon nombre de Libanais espéraient réaliser, mais qui ne pourra se concrétiser pour la majorité. Ces destinations étaient encore, il n’y a pas si longtemps, à la portée de beaucoup d’entre eux. Mais compte tenu des folles spéculations du tourisme international, elles sont devenues aujourd’hui littéralement inaccessibles pendant la période du millénaire. Les tarifs exorbitants de l’Égypte, les hôtels bondés de Paris et, pour couronner le tout, la crise économique qui sévit dans le pays, sont autant de facteurs qui empêcheront les Libanais de visiter leurs lieux de prédilection en cette fin de siècle. Dans la majorité des agences de voyages, le calme règne. La fébrilité inhérente à cette saison des fêtes fait cruellement défaut cette année; on ne sent d’ailleurs pas les vacances puisque de vacanciers en partance, il n’y en a point ou si peu. Les amoureux des voyages manquent à l’appel, et pour cause, tout est trop cher. Et puis, de toute façon, ils sont fauchés. La crise ne les a pas épargnés. L’Égypte quadruple puis brade ses prix Les voyages organisés n’ont trouvé que de rares adeptes, généralement des couples, car les prix proposés dépassent les limites de la logique. En Égypte, les prix ont quasiment quadruplé, ce qui a contraint les agences locales à annuler les places qu’elles avaient réservées à l’avance à l’intention de leur clientèle. «Mon agent en Égypte m’a proposé 7 nuits en bateau sur le Nil, pour la période du réveillon, à 2 890 dollars par personne», explique Georges Pétrakian, propriétaire d’une agence de voyages renommée, installée sur le marché depuis plus de trente ans. «J’ai tout annulé, et le prix a été réduit au tiers, mais il était trop tard», ajoute-t-il. «Les voyages organisés pour l’Égypte constituaient pourtant 80 % de notre chiffre d’affaires des fêtes de fin d’année, déplore M. Pétrakian. Et cette année, nous avons seulement 50 passagers pour l’Égypte au lieu des 300 des années précédentes». Pauline Chouéri, parlant au nom d’une agence réputée pour ses tours organisés, déclare que l’agence n’a organisé qu’un voyage de 4 jours en Égypte pour le réveillon du Nouvel An, pour assister au concert de Jean-Michel Jarre. «Mais les intéressés sont rares car les tarifs sont très chers : 1 450 dollars par personne pour 4 nuits en chambre double, explique-t-elle. Cela a énormément affecté notre travail qui est réduit de moitié par rapport à l’année passée à la même époque». Quant à Charbel Ghosn, dont l’agence n’a que trois ans d’ancienneté sur le marché libanais, il qualifie cette fin d’année de catastrophique, vu les spéculations des hôtels et compagnies aériennes de l’étranger, mais aussi à cause de la crise locale. «Les voyages en Égypte sont bradés, quelques jours avant la date, explique-t-il. 3 nuits au Caire sont proposées à 500 dollars, alors qu’en novembre, notre agent nous avait proposé un voyage de 3 nuits au Caire et 4 nuits en Haute-Égypte à 3 000 dollars». Sans compter les autres destinations baptisées Millénium dernière minute proposées par les tours opérateurs à des prix réduits. Mais personne n’en veut plus, car il est trop tard aujourd’hui pour obtenir un visa et organiser un voyage, à moins d’une semaine de la nouvelle année. «Le problème, ajoute-t-il, est qu’ils ont tous visé trop haut, et les prix ont partout grimpé d’une manière illogique». Impuissantes face à ces spéculations, les agences de voyages locales attendent que la vague de folie du «Millénium» passe, et déplorent ce ralentissement de leurs activités à la période du Nouvel An, réputée pourtant fructueuse. La France, raisonnable mais bondée Dans la capitale française, les hôteliers semblent avoir été plus raisonnables. Seule une légère augmentation de prix a eu lieu par rapport à l’année précédente et c’est pourquoi les hôtels parisiens sont aujourd’hui complets. Une agence de voyages implantée depuis trente ans sur les marchés libanais et français a fait le pari de rendre la Ville Lumière plus accessible, et c’est pourquoi elle a loué un charter pour la France, et proposé à sa clientèle des prix alléchants pour passer le réveillon à Paris à l’hôtel ou en appartement meublé. «Une famille de 4 personnes pourra voyager en vol direct et loger durant 13 jours dans un appartement au 8e ou au 16e arrondissement de Paris, pour 1 085 dollars par personne, service ménage et transferts inclus», explique Élie Abou Merhi, propriétaire et responsable de la branche de France. «Nous avons rempli le charter, assure Corinne Abou Merhi, directrice de l’agence à Beyrouth, mais il n’y a pas eu de rush, ni de réservations en surnombre». Il est vrai que cette agence possède ses propres appartements en France et qu’elle compte une clientèle aisée et fidèle, mais la crise est là et est ressentie comme partout ailleurs. Alors, en attendant de pouvoir vivre le réveillon de leur rêve, dans leur destination préférée, la majorité des Libanais devront se contenter d’admirer la Ville Lumière à la télévision ou d’imaginer le spectacle de Jean-Michel Jarre au pied des Pyramides, le soir de l’an. Il leur est aussi permis de rêver à d’autres voyages plus exotiques en Extrême-Orient ou dans des îles paradisiaques, puisque rêver est encore gratuit... Et pour se consoler à leur manière de ne pas passer le réveillon à l’étranger, certains accusent le bogue de l’an 2000. «On a peur de prendre l’avion en cette période», entend-on dire. «Et puis, c’est peut-être la fin du monde, il y aura probablement un cataclysme»… alors, autant rester chez soi et rêver à de jours meilleurs…
Passer le cap du nouveau millénaire à Paris ou en Égypte est un souhait que bon nombre de Libanais espéraient réaliser, mais qui ne pourra se concrétiser pour la majorité. Ces destinations étaient encore, il n’y a pas si longtemps, à la portée de beaucoup d’entre eux. Mais compte tenu des folles spéculations du tourisme international, elles sont devenues aujourd’hui...