Livre - "Hikayat Fayçal", de Khaled Ziadé Histoire d'un roi et d'un royaume

Professeur universitaire, familier des narrations littéraires où l’Histoire est traité avec rigueur et sérieux, Khaled Ziadé, né à Tripoli en 1952, vient de publier son troisième ouvrage aux éditions Dar an-Nahar intitulé Hikayat Fayçal (Histoire de Fayçal) – 208 pages. Après ses trois ouvrages (tous parus à Dar an-Nahar), Yaom el-joumaa, yaoum al ahad (Jour de vendredi, jour de dimanche), Haraat al-ahl, jadaat al-lahou (Quartier populaire, boulevard de divertissement) et finalement Bawabat al-madina wal sour al-wahmi (Portes de la ville et muraille fictive) tous traitant de l’histoire des «médines», voilà un somptueux roman, touffus, dense, lyrique, retraçant la vie d’un roi et la naissance d’un royaume. Riche en évènements sociaux, politiques et actions d’éclats militaires d’une époque turbulente et tourmentée pour les Arabes, ce roman, écrit avec soin et documenté, raconte avec faste et émotion les différentes étapes du parcours de Fayçal, roi d’Irak né à Taëf (Arabie séoudite) en 1883 puis roi de Syrie en 1920, détrôné par les Français et nommé roi d’Irak en 1921 avec l’appui de l’Angleterre. Beau portrait d’un homme au pouvoir, description d’un rêve et secrets des ambitions à garder. De la difficulté de régner quand l’instabilité domine une région secouée par les tractations internationales et internes, quand les dissensions familiales sont aussi autant d’embûches à éviter. Canevas serré d’une histoire haute en couleurs et habitée de personnages attachants : tel se présente ce roman, à l’écriture claire et à la trame palpitante. Dans ces pages frémissantes de vie, il y a surtout le combat d’un roi pour garder son trône et son royaume. Khaled Ziadé, en véritable romancier à l’imagination féconde, épaulé par une documentation fouillée, tente par-delà les évènements marquants, les batailles rageuses, les victoires enivrantes, les défaites cuisantes, de brosser un émouvant portrait de son roi, menacé dans son entité, épris de sa terre qu’il défend avec acharnement. Avec des pages pleines de sang, de rêves, des bruits du désert et de la fureur des complots en coulisse, ce roman, écrit dans une langue arabe limpide, sobre et à la poésie maîtrisée, oscillant sagement entre l’écoulement en cascades d’une vie et le document historique romancé, demeure absolument attachant et prenant, à cause de l’émotion suscitée par ses personnages et l’imprévisible des situations.