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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Santé - Des cas de surdité soudaine chez des accros du portable Le cellulaire, un appareil sous haute surveillance

Le téléphone portable, plus communément appelé «cellulaire», est-il réellement nocif ? Dans quelle mesure comporte-t-il des dangers ? Peut-il véritablement provoquer certains troubles, même s’il est utilisé modérément, sans excès et avec prudence ? Autant de questions qui se posent et qui ont fait l’objet de diverses études ces derniers mois un peu partout dans le monde sans aboutir à des résultats définitifs. Il faut dire qu’il s’agit d’une invention relativement récente et il est peut-être trop tôt encore pour avancer des conclusions incontestables. Il reste qu’il est plus prudent d’éviter les excès et de recourir à l’écouteur (earphone). Le bilan des principales études au sujet de l’impact du cellulaire sur la santé a fait l’objet d’une conférence que le Dr Fouad Atik, ORL, a donnée récemment à l’hôpital Rizk sous le titre : «La vérité sur l’usage du téléphone cellulaire». Après avoir diagnostiqué en l’espace d’un an et demi chez quatre patients une surdité subite, qui n’était pas due à des causes connues (accident, intoxication médicamenteuse, infection virale, tumeur), le Dr Atik s’est interrogé sur une possible corrélation entre un abus du cellulaire et les dommages causés à l’appareil auditif. Le Dr Atik a notamment cité le cas d’un Libanais qui, à 32 ans, a été licencié de son poste d’ingénieur électronique. Son travail quotidien l’obligeait à utiliser constamment son téléphone portable. Il a développé, en janvier 1999, une surdité soudaine à l’oreille gauche qui, au bout de trois mois, s’est transmise à l’oreille droite. L’étude du cas de ce patient a révélé qu’il utilisait son cellulaire 60 heures par mois en moyenne, soit deux heures par jour. Trois autres patients, âgés entre 24 et 42 ans, se sont en outre plaints de surdité soudaine. Ils utilisaient tous, sans aucune précaution, le téléphone portable. Évoquant les effets d’un usage excessif du cellulaire, le Dr Atik précise : «Après avoir parlé quelques minutes au cellulaire, l’appareil se réchauffe ainsi que le pavillon de l’oreille, ce qui oblige à placer l’appareil sur l’autre oreille pour poursuivre la conversation» Où réside donc le danger ? Selon le Dr Atik, outre l’effet thermique, ce sont les ondes UHF ainsi que les radiations électromagnétiques venant de l’antenne propre qui constituent l’essentiel du danger. Comme dans un four à micro-onde Les téléphones mobiles ont envahi les marchés internationaux à une telle vitesse que les études sur l’éventuelle nuisance de cette nouvelle technologie n’ont pas eu le temps d’être effectuées. Et ce n’est qu’en 1990 et à la suite de plusieurs plaintes que des études ont vu le jour. En 1993, des actions en justice ont été engagées dans plusieurs pays, les cellulaires étant soupçonnés d’avoir provoqué des cancers cérébraux et des pertes auditives soudaines. En Grande-Bretagne, le cabinet Leigh Day compte déjà, à lui seul, quatre clients ayant intenté des procès à des fabricants de portables. La revue Radiation Research a publié en 1997 un article de Repacholi et Al montrant que l’exposition aux radiations électromagnétiques peut augmenter l’incidence des lymphomes chez les souris. Lai et Singh, dans Bioelectromagnetics, ont publié en 1995 un article dans lequel ils font valoir que les radiations peuvent causer des fissures dans le DNA cérébral des rats. En effet, les fréquences des radiations émises par un appareil téléphonique mobile se situent entre 300 et 3 000 MHz. Les fréquences utilisées lors des transmissions sont situées entre 824 et 849 MHz et lors des réceptions entre 869 et 894 MHz. Chaque onde est utilisée de façon unique et monocellulaire (d’où le nom). Grâce à un effet de codification et de modulation spécifique, la même onde peut être utilisée par plusieurs personnes sans qu’il y ait de chevauchement quelconque et sans interférence. Les puissances recommandées ne doivent dépasser 2 à 20 w/ m2 . En été, le flux énergétique solaire, ou PD, peut atteindre, à 14 heures, 1 000 w/ m2. Ce PD, ne mesurant pas la quantité de chaleur absorbée par la peau, a été remplacé par le SAR (Specific Absorption Rate) calculé en w/k . La «dose» recommandée dans ce cas est de 1.6 w/kg. Cette dose est comparable à l’énergie produite normalement par le métabolisme basal à l’état de repos. Pour effectuer un changement dans un matériel biologique, il faut que le SAR soit capable de déranger la structure moléculaire, ionique ou chimique, grâce à l’intensité du flux électromagnétique ou par le temps d’exposition du matériel biologique soumis. Dans cette perspective, les expériences de Maes et Al (réalisées en Belgique) montrent qu’après avoir traversé la peau, les muscles sous cutanés et les os du crâne, ces ondes électromagnétiques atteignent le cortex cérébral et les cellules sous-jacentes, provoquant une élévation de température du cortex cérébral d’un degré centigrade à peu près. Tout se passe comme dans un four à micro-onde, sauf que, dans ce cas, c’est le cortex cérébral et les cellules sous-jacentes qui subissent le réchauffement aussi bien que le liquide endo et périlymphatique de l’oreille interne, ce qui pourrait léser l’ADN cellulaire. Pour qu’un cancer apparaisse, il faut qu’il y ait une altération de l’ADN cellulaire au niveau du gène producteur d’une protéine P53, appelée aussi «suppresseur de K». En 1993, Maes et Al ont démontré, dans la publication Electromagnetics, que les lymphocytes soumis à des ondes électromagnétiques similaires aux ondes émises par le téléphone portable, pour une durée allant de 30 minutes à deux heures, subissaient des altérations de l’ADN d’autant plus nombreuses que le temps d’exposition était plus long. Au laboratoire Afin de mieux cerner la corrélation entre les ondes électromagnétiques des portables et le cancer, le Dr Michael Repacholi a réalisé des expériences sur des souris génétiquement programmées pour développer un lymphome. Deux lots de 101 souris ont été choisis : le premier a été exposé à des radiations électromagnétiques similaires à celles du cellulaire, et cela pendant 18 mois, tandis que le second a été soumis à des conditions normales. Les résultats de cette étude publiés dans une édition récente du Radiation Research ( mai 1999) ont montré que dans le premier lot, 43 cobayes ont développé un lymphome contre 22 cobayes du groupe témoin. Le Dr Henry Lai, professeur de biophysique à l’Université de Washington, à Seattle, spécialiste des radiations non ionisantes, a été le premier à prouver – et cela d’après ses recherches effectuées respectivement pour les compagnies «Wireless Technologie Research» et «Motorola» (dont les résultats n’ont pas été révélés au public) – les dégâts cérébraux causés par les portables. Le Dr Lai a, en effet, utilisé le mot «cooking» (cuisiner en anglais) pour mieux définir l’action des radiations électromagnétiques sur le cerveau. D’autre part, des expériences menées par Lai et Singh ont mis en cause les radiations UHF, capables de provoquer une scission dans l’ADN nucléaire des cellules cérébrales. Cette scission pourrait être associée à certaines affections tels l’Alzheimer, la maladie de Parkinson et le cancer. Ces spécialistes ont notamment affirmé que l’exposition aux radiations émises par le portable augmente de 50 % les éventualités de casse de l’ADN, ce qui peut aussi entraîner des pertes de mémoire, des défauts de concentration et des surdités. En Grande-Bretagne, l’agence Dera, rattachée au ministère de la Défense, a déjà confirmé que ces radiations pouvaient entraîner à court terme une perte de mémoire, une confusion, une perte auditive soudaine et parfois une hypertension artérielle. Suite à ces révélations, six compagnies de téléphonie ont commencé également à munir leurs appareils de filtres protecteurs. En dépit de ces rapports alarmants et des risques potentiels qui se manifestent sur ce plan, le marché du téléphone cellulaire ne cesse de croître et le taux de pénétration dans les différents pays augmente d’une manière régulière (63,2 % en Finlande et 28,4 % en France avec 880 000 nouveaux clients en 1999). Cette extension du marché s’accompagne de fusions entre les grandes entreprises. La place qu’occupe désormais la téléphonie mobile dans l’économie mondiale explique le fait qu’il faudra plusieurs années avant que les études sur les éventuels méfaits du cellulaire soient confirmées ou infirmées. Il existe un précédent sur ce plan, comme l’a souligné le Dr Fouad Atik dans son exposé : il a fallu un demi-siècle de débats scientifiques et politiques avant que l’industrie du tabac n’admette les méfaits de la cigarette sur la santé.
Le téléphone portable, plus communément appelé «cellulaire», est-il réellement nocif ? Dans quelle mesure comporte-t-il des dangers ? Peut-il véritablement provoquer certains troubles, même s’il est utilisé modérément, sans excès et avec prudence ? Autant de questions qui se posent et qui ont fait l’objet de diverses études ces derniers mois un peu partout dans le monde sans...