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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Circonstances (éternellement) exceptionnelles L'est milite toujours pour l'autonomie

Jusques à quand, Catilina... La fameuse apostrophe de Cicéron revient sur les lèvres de ce prélat qui se demande « jusqu’à quand on va accabler le Liban d’accords déséquilibrés, sous le nébuleux prétexte de circonstances exceptionnelles. Jusqu’à quand va-t-on continuer à faire passer à ce titre des mesures et des projets de fait accompli». Et de rappeler que sous ce même motif de «circonstances exceptionnelles», et prétendument pour éviter la guerre, «on avait obligé les Libanais à accepter en 1969 l’accord du Caire, conclu avec l’OLP qui s’en était servi pour créer un État dans l’État. Ce qui avait provoqué les événements de 1975. Puis les hostilités s’étaient succédé dans ce pays. Chaque phase mettait en jeu des protagonistes ou des manipulateurs qui recherchaient des objectifs distincts, l’arrière-plan étant presque toujours étranger. Au bout de 14 années d’épreuves, on avait abouti de guerre lasse, c’est le mot, à Taëf. Encore un accord de pis-aller signé à l’ombre des sempiternelles circonstances exceptionnelles. Aucun Libanais n’en était satisfait, mais tous étaient tenus de l’accepter sous peine de voir la guerre se poursuivre indéfiniment. Comme la convention du Caire de 1969, ces accords de 1989 n’ont connu qu’une application tronquée, discriminatoire, profitant à une partie déterminée et en lésant gravement une autre. Les principes premiers du règlement ont été foulés aux pieds. Les milices n’ont pas été toutes dissoutes. Les Palestiniens des camps n’ont pas remis leur armement à l’État libanais qui n’a pas su étendre son autorité sur l’ensemble du territoire national par le truchement de ses seules forces propres. Le redéploiement des unités syriennes sur la Békaa, qui devait avoir lieu au plus tard en septembre 1992, a été purement et simplement annulé». «Sur le plan politique, poursuit cette personnalité religieuse, on n’a jamais formé le gouvernement d’entente prévu dans Taëf et la vraie réconciliation nationale est restée lettre morte. D’où le fiasco du projet de retour des déplacés de la montagne. On a vidé le camp de l’Est de sa substance en éliminant ses forces vives. Aoun a été évincé par la force, Geagea jeté en prison, Amine Gemayel contraint à prendre le chemin de l’exil, choisi auparavant par Raymond Eddé. Il n’y a plus à l’Est de parti fort. Tout a été laminé, toujours sous couvert des circonstances exceptionnelles. Qui ont permis de balayer au passage le concept d’un Liban autonome». «Ainsi en 1992, rappelle encore ce dignitaire religieux, on a piétiné sans hésiter la volonté du peuple libanais. On a organisé un simulacre d’élections législatives. Les officiels eux-mêmes, pour maquillés que fussent leurs chiffres, ont avoué que ce diktat de l’étranger a été boycotté par 86% des électeurs. Mais personne au-dehors n’a protesté. Dès lors, la cause était entendue : le Liban était livré à la tutelle d’autrui. Ce qui donnait parfois des situations cocasses, comme ces débats à la Chambre où après avoir vitupéré en chœur contre le gouvernement en place, les députés lui accordaient une confiance passive, après en avoir reçu l’ordre des décideurs. Un phénomène qui se poursuit d’ailleurs de nos jours, malgré certaines améliorations cosmétiques destinées à rendre la sujétion moins flagrante. On voit de la sorte que la discrimination se perpétue et même s’aggrave à travers le plan de découpage des circonscriptions. Les inégalités flagrantes que le Conseil constitutionnel avait vainement voulu condamner en 1996 se trouvent démultipliées. Il y a dans la Chambre sortante un tiers des députés dits chrétiens qui dépendent en fait de pôles mahométans et en représentent les intérêts. Il va y en avoir presque le double dans la prochaine législature, suivant le système retenu. On nous répète que c’est à cause des circonstances exceptionnelles. Mais nous ne voyons pas suivant quelle logique elles permettent qu’on rattache Bécharré au Akkar et Jezzine à Nabatyeh. Le brassage ? Comment Bécharré peut-il être plus en jonction avec le Akkar qu’avec la Békaa en contrebas ? Et comment Jezzine vit-il plus avec Nabatyeh qu’avec Saïda qui est à deux pas ? Dans les deux cas, ce n’est donc pas la vraie coexistence que l’on a cherché à promouvoir mais l’éviction politique de deux régions chrétiennes. Nous ne voyons pas non plus pourquoi l’on n’a pas plus adopté le mohafazat que le caza, pour se rabattre sur une formule hybride qui combine tous les inconvénients imaginables. Sauf, bien entendu, si l’on se place du point de vue de la partie qui ne souhaite pas l’entente».
Jusques à quand, Catilina... La fameuse apostrophe de Cicéron revient sur les lèvres de ce prélat qui se demande « jusqu’à quand on va accabler le Liban d’accords déséquilibrés, sous le nébuleux prétexte de circonstances exceptionnelles. Jusqu’à quand va-t-on continuer à faire passer à ce titre des mesures et des projets de fait accompli». Et de rappeler que sous...