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Actualités - ANALYSE

Un thème resté dans l'ombre Le Liban va beaucoup insister pour des indemnisations

De tous les dossiers que les négociateurs libanais vont emporter avec eux, celui des indemnisations est le plus volumineux. Il comporte une liste des victimes de l’ennemi ainsi qu’un relevé des exactions, des destructions, des préjudices que les Israéliens ont causés au Liban depuis les années soixante. Les massacres, les villages rasés au bulldozer ou dévastés par les bombardements, les terres brûlées, les ouvrages d’infrastructure démolis sont cités avec dates, photos et documents à l’appui. Deux chapitres sont consacrés aux invasions de 1978 et de 1982 dont les séquelles perdurent encore. Mention spéciale est faite également de la première agression israélienne importante : la destruction en décembre 1968, par une unité héliportée, de 13 appareils de la MEA sur le tarmac de l’AIB. À la suite de cet acte inqualifiable, le général de Gaulle, qui dirigeait alors les destinées de la France, avait décrété l’embargo sur toute livraison d’armement ou de pièces de rechange à l’État hébreu. La communauté internationale avait de son côté condamné le raid. Mais sans rien faire pour protéger le Liban qui, dix ans plus tard, était envahi. Étrange détail : l’idée d’insister pour des indemnisations a été involontairement fournie aux Libanais par les Israéliens eux-mêmes. Ces derniers ont en effet laissé entendre, lors des pourparlers antérieurs avec les Syriens, qu’ils voulaient une compensation de vingt milliards de dollars pour le démantèlement de leurs installations et de leurs points de peuplement dans le Golan. Si un occupant pousse le culot aussi loin, il est normal qu’un occupé demande à être indemnisé, a-t-on alors pensé à Beyrouth. Où l’on s’est attelé à forger un dossier conséquent. Avec le concours actif, il faut le signaler, de corps constitués de la société civile, dont l’association des industriels que dirige M. Jacques Sarraf. Cette instance a proposé d’établir un premier état des lieux, un inventaire des méfaits israéliens et de leurs effets, en passant en revue le massacre de Cana, celui des occupants d’une ambulance, la démolition de voitures avec leurs passagers par des chars, la destruction du radar de Barouk ou de centrales électriques de Jamhour et de Bsalim, etc. M. Sarraf rappelle que non seulement les conventions internationales mais aussi certaines résolutions de l’Onu reconnaissent le droit du Liban à des indemnisations. Il existe même un texte de l’Assemblée générale de l’Onu qui menace Israël de sanctions économiques s’il ne dédommage pas le Liban. Il souligne qu’Israël, qui mène une campagne active pour faire débourser l’Allemagne ou même la Suisse, serait bien mal venu de ne pas s’exécuter de son côté pour s’acquitter des réparations de guerre envers le Liban. D’autant que ses agressions contre ce pays ont toujours été, sur le plan juridique, condamnées par la communauté internationale. Cependant les organismes économiques, qui préparent un mémoire à cet effet, soulignent qu’une campagne d’information en direction des grandes capitales doit accompagner les pourparlers sur les indemnisations, pour bien faire ressortir la légitimité de la requête libanaise et obtenir que des pressions soient exercées en sa faveur sur l’agresseur israélien. Qui a plusieurs fois du reste avoué ses fautes, comme pour Cana ou récemment pour Arabsalim, en parlant d’«erreurs». Parallèlement, estiment les milieux économiques, le Liban doit rappeler aux Arabes toute l’aide qu’ils s’étaient engagés à lui fournir sans jamais le faire, que cela soit au sommet de Fès en 1982 ou à Taëf en 1989.
De tous les dossiers que les négociateurs libanais vont emporter avec eux, celui des indemnisations est le plus volumineux. Il comporte une liste des victimes de l’ennemi ainsi qu’un relevé des exactions, des destructions, des préjudices que les Israéliens ont causés au Liban depuis les années soixante. Les massacres, les villages rasés au bulldozer ou dévastés par les bombardements,...