Liban-Sud - Le parti intégriste a récupéré les restes de cinq de ses combattants Regain de violence après une trêve de facto de 72 heures

Le Hezbollah a attaqué hier huit positions dans la zone occupée par Israël au Liban-Sud, rompant ainsi une trêve de facto de 72 heures au cours de laquelle il a récupéré les restes de cinq de ses combattants tués en août dernier et fin 1997 près de cette zone. Dans un communiqué, la formation intégriste a affirmé avoir attaqué vers midi aux armes légères deux fortins de l’armée israélienne et de l’Armée du Liban-Sud, situés en bordure du secteur central de la zone occupée. La riposte israélienne ne s’est pas fait attendre. Des chasseurs-bombardiers israéliens ont tiré à 18h30 quatre missiles sur des ravins entre Jbal-el-Botm et Zebqine, en bordure du secteur occidental de la zone occupée. Il s’agit des premières attaques anti-israéliennes enregistrées depuis mardi soir au Liban-Sud, relève une source de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). «Un calme total, le premier depuis 1978, a régné ces derniers jours au Liban-Sud, continuellement le théâtre d’affrontements depuis 1985 avec les résistants du Hezbollah notamment», a-t-on précisé de même source. Le Hezbollah a refusé de commenter les informations concernant une trêve respectée au Liban-Sud par l’armée israélienne et les combattants intégristes. Le Liban-Sud avait connu depuis mardi ses journées les plus tranquilles en 22 ans grâce à un cessez-le-feu décrété pour permettre au Hezbollah de récupérer les corps de six de ses combattants. «Pour la troisième journée consécutive, pas un seul coup de feu n’a été tiré dans tout le Liban-Sud», a dit Fred Eckhard en citant des informations de la Force intérimaire des Nations unies au Liban. «Ces trois jours ont été les plus calmes en 22 ans» selon la Finul, a-t-il affirmé. Le porte-parole a ajouté que «de nombreux habitants étaient désorientés par la tranquillité». Un cessez-le-feu de deux jours dans la zone contrôlée par Israël avait été mis au point par le groupe de surveillance de la trève (Liban, Syrie, Israël, France, États-Unis) pour permettre de récupérer les corps de six combattants. L’opération avait été menée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), aidé par la Finul. À la tombée de la nuit, mercredi, seuls cinq corps avaient été récupérés. Afin de retrouver le dernier corps, la trève avait été prolongée d’un jour, a dit Fred Eckhard. Un porte-parole de l’Onu à Tyr (Liban), avait indiqué peu plus tôt dans la journée que les corps de quatre combattants avaient été remis au Hezbollah. Ceux-ci ont été tués au cours d’accrochages avec l’armée israélienne en août et à la fin de 1997. Le dégel avec Damas Le vice-ministre israélien de la Défense, M. Ephraïm Sneh a lié le cessez-le-feu de 72 heures observé au Liban à la relance des négociations israélo-syriennes. «En théorie les deux questions sont indépendantes, mais en pratique il y a un rapport entre le cessez-le-feu et l’atmosphère de dégel avec la Syrie», a déclaré le vice-ministre à la radio publique. Il a réaffirmé l’exigence israélienne que la Syrie «stoppe les attaques du Hezbollah à partir des zones sous son contrôle» durant la négociation. Cet accord indirect entre Israël et le Hezbollah, même limité, est intervenu alors que l’État hébreu et la Syrie ont repris la semaine dernière à Washington des pourparlers de paix, après un gel de près de quatre ans. Un haut responsable du Hezbollah cheikh Nabil Kaouk a cependant averti mercredi que sa formation allait poursuivre ses opérations contre Israël durant les négociations israélo-syriennes. «La libération (de territoires occupés) ne se réalisera pas par la négociation, mais par la résistance», a-t-il affirmé lors de la cérémonie à Tyr au cours de laquelle le Hezbollah a récupéré, avec l’aide du CICR, les restes de ses combattants, tués en août dernier et fin 1997 lors d’accrochages contre l’armée israélienne dans la zone occupée. Deux pêcheurs détenus Notons pour finir que deux pêcheurs ont été appréhendés jeudi par la marine israélienne dans les eaux territoriales libanaises et interrogés pendant douze heures à bord d’une vedette de l’État hébreu selon la police libanaise. Les deux hommes, Samih et Abbas Darmiss, venaient de jeter leurs filets à deux kilomètres du rivage au sud de la ville de Tyr, lorsqu’une vedette israélienne a ouvert le feu de ses mitrailleuses lourdes en direction de leur embarcation, a-t-on ajouté de même source. L’équipage a par la suite sommé les deux pêcheurs de monter à bord de la vedette israélienne où ils ont subi un long interrogatoire axé sur les activités de la résistance anti-israélienne au Liban-Sud, a-t-on précisé. Les deux pêcheurs ont été autorisés douze heures plus tard à rejoindre leur embarcation immobilisée à deux km du littoral et avec laquelle ils ont regagné Tyr. La marine israélienne se livre périodiquement à des actes d’intimidation envers les pêcheurs libanais.