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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Négociations - Beyrouth sera invité très prochainement à Washington Chareh : la résistance, une affaire purement libanaise (photo)

«La Syrie a refusé de négocier à la place du Liban. Ce pays est indépendant et souverain et il sera doté de sa propre délégation qui parlera en son nom». Devançant les questions des journalistes massés dans la petite salle réservée aux déclarations à la presse au palais de Baabda, le ministre syrien des Affaires étrangères a écarté toute tentative de marginalisation du Liban dans les pourparlers de paix. C’est un Farouk el-Chareh particulièrement en forme et aimable (bien que l’éclairage du palais rendait les teints blafards) qui s’est adressé hier aux nombreux journalistes qui guettaient la fin de sa réunion avec le chef de l’État Émile Lahoud en présence des présidents de la Chambre et du Conseil ainsi que du chef présumé de la délégation libanaise aux négociations Michel Murr. Cette visite, reportée de 24 heures pour cause de fatigue du ministre Chareh – rentré samedi tard en soirée de Washington, il a dû présenter dimanche un rapport sur les négociations de Washington au président syrien Hafez el-Assad – n’était pas une surprise. L’essentiel des pourparlers syro-israéliens avait été déjà transmis par les canaux officieux, notamment à la suite d’un entretien entre M. Chareh et l’ambassadeur du Liban à Washington Farid Abboud. Ce dernier a d’ailleurs été rappelé d’urgence à Beyrouth où il s’est entretenu avec le chef de l’État. Mais, selon des milieux informés, elle s’inscrit surtout dans le cadre de la considération que les responsables syriens portent à leurs homologues libanais et elle vise à mettre certains détails au point tout en faisant taire certaines rumeurs. D’ailleurs, l’entretien de M. Chareh avec les officiels libanais n’a pas duré plus de 90 minutes, au cours desquelles le ministre syrien a transmis au président Lahoud un message de M. Assad. Selon des sources informées, ce message rappelle que c’est grâce à la solidité des positions communes libanaise et syrienne que les négociations avec Israël ont repris sous leur forme actuelle. Le chef de la diplomatie syrienne a aussi déclaré aux responsables libanais que la Syrie tient à la concomitance des deux volets libanais et syrien, mais elle n’acceptera aucune tentative de marginaliser le Liban, tant sur le plan de la représentation que sur celui du contenu des sujets abordés avec les Israéliens. Aux journalistes attentifs, le chef de la diplomatie syrienne a annoncé que le Liban sera «très prochainement invité» à participer aux négociations, sans donner plus de précision. Mais on croit savoir que son tour devrait arriver vers la mi-janvier, après le second round des négociations syro-israéliennes et la fête du Fitr. M. Chareh a ensuite précisé qu’avec les responsables libanais, «les points de vue étaient identiques car il y a entre le Liban et la Syrie un traité de fraternité, de coopération et de coordination». «La Syrie a refusé de négocier à la place du Liban, a encore ajouté M. Chareh qui n’a pas défini la partie qui aurait présenté une telle demande à son pays. (…) Nous appuyons la position du Liban pendant et après les négociations». M. Chareh a ainsi indirectement répondu à M. Barak qui affirmait que le prochain round avec la Syrie sera consacré à «la normalisation, à la sécurité et… au Liban». Selon M. Chareh, le président Assad avait envoyé un message au président américain pour lui rappeler que le Liban et la Syrie s’étaient engagés à ne pas signer un accord de paix avec Israël l’un sans l’autre. M. Chareh a aussi rappelé que la Syrie refuse toute tentative de dissocier les volets libanais et syrien entre les deux pays. «C’est un processus et un destin communs», a-t-il précisé avant d’ajouter : «Cela ne signifie que la Syrie doive négocier à la place du Liban, mais au cours des négociations sur les deux volets parallèles, la coordination sera continue entre les Libanais et les Syriens». Répondant aussi aux informations selon lesquelles la Syrie se serait engagée à freiner les actions du Hezbollah au Liban-Sud, M. Chareh a estimé que «la résistance libanaise concerne uniquement le Liban et c’est lui qui évoquera ce sujet. La Syrie appuie le Liban et comprend le rôle de la résistance, ainsi que celui de ce pays en général qui s’est battu pour défendre ses droits face à l’occupation israélienne. Ce rôle suscite le respect du peuple syrien et des peuples arabes». Le chef de la diplomatie syrienne a encore affirmé que les Israéliens n’ont pas le droit de demander une concomitance des retraits syrien et israélien du Liban. «C’est pourquoi nous n’avons pas entendu parler d’une telle demande», a-t-il dit. Le ministre syrien a ensuite défini les éléments de la paix de la façon suivante : le retrait israélien du Golan au-delà des lignes du 4 juin 1967 et le retrait du Liban-Sud jusqu’aux frontières internationales ; les arrangements de sécurité; la nature des relations entre les deux parties dans le cadre d’un accord de paix; le calendrier-programme pour l’application de cet accord. «On peut ajouter un cinquième point, l’eau pour permettre à chaque partie de recouvrer ses droits conformément aux règles du droit international». M. Chareh n’a pas mentionné le sort des réfugiés palestiniens, laissant sans doute ce point aux négociateurs libanais. Rappelons à ce sujet que M. Michel Murr assistera à l’ouverture des pourparlers libano-israéliens, en sa qualité de vice-ministre des Affaires étrangères, et parce que, selon certaines sources, M. Sélim Hoss ne souhaiterait pas participer directement aux négociations. M. Murr cèderait ensuite la place aux responsables des volets technique, sécuritaire, diplomatique et juridique. Devant les journalistes libanais, M. Chareh a encore parlé de la tragédie de l’école d’Arab- salim. «Lorsque la nouvelle nous est parvenue, a précisé M. Chareh, nous avons exprimé notre profond mécontentement aux Américains qui se sont joints à nous et ont transmis le message aux Israéliens, qui se sont excusés publiquement». Avant de reprendre le chemin de Damas, M. Chareh a remercié la presse libanaise «qui a parfaitement compris la position syrienne», égratignant au passage certains médias arabes (notamment des chaînes de télévision), qui, selon lui, ont pris leurs informations de la délégation israélienne… En dépit de cette pointe, le climat général était plutôt détendu, M. Chareh ayant insisté sur le sérieux du Premier ministre israélien. «Mais pour se déclarer réellement optimiste, il faut attendre le second round...». Selon des sources diplomatiques, M. Barak aurait demandé la suspension des négociations jusqu’au 3 janvier afin d’être présent dans son pays lors du débat parlementaire sur le budget. En attendant cette date, le Liban devra travailler ferme ses dossiers car dans ces négociations historiques, chaque détail peut être déterminant.
«La Syrie a refusé de négocier à la place du Liban. Ce pays est indépendant et souverain et il sera doté de sa propre délégation qui parlera en son nom». Devançant les questions des journalistes massés dans la petite salle réservée aux déclarations à la presse au palais de Baabda, le ministre syrien des Affaires étrangères a écarté toute tentative de marginalisation...