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Actualités - REPORTAGES

Recherche scientifique - Résultats captivants à l'AUB en microbiologie et en immunologie Vaccins contre les allergies et tests plus efficaces pour certaines maladies (photo)

Des recherches en microbiologie et en immunologie ne sont pas, d’emblée, faites pour intéresser les foules. Mais quand on sait que certaines d’entre elles concernent des maladies assez courantes comme les otites, les allergies et les méningites, leurs résultats deviennent plus captivants. Cependant, y a-t-il un réel intérêt à effectuer des recherches dans de tels domaines au Liban alors que celles-ci doivent être si avancées dans les pays industrialisés ? La question ne se pose même pas pour un groupe de chercheurs à l’AUB qui, tout en s’informant continuellement des progrès de la médecine en Occident et notamment aux États Unis, se frayent un chemin en contribuant à leur avancée par des découvertes sur des maladies et des cas précis. «Notre département a commencé comme un département de microbiologie (science qui s’occupe des microbes) tout simplement», explique le Pr Alexandre Abdelnoor, chef du département de microbiologie et d’immunologie de l’AUB. «L’immunologie (étude des phénomènes d’immunité) n’en était qu’une partie. Mais, avec le temps, cette dernière discipline s’est développée de telle façon qu’elle est devenue liée à d’autres spécialisations médicales comme la transplantation d’organes et les maladies auto-immunitaires». Les Prs Alexandre Abdelnoor et Ghassan Matar ainsi que Marwan Uwaydah, membres et chercheurs de ce département, travaillent chacun dans son domaine et son laboratoire. Pour de meilleurs résultats, le travail d’équipe est encouragé. Ceci rentre aussi dans le cadre de l’enseignement, des séminaires et discussions scientifiques organisés chaque semaine avec les étudiants. Une des caractéristiques de ce département est la collaboration continue avec les autres départements de la Faculté de médecine à l’instar des départements de chirurgie, otolaryngologie et pédiatrie. Interrogé sur ses projets, le Dr Abdelnoor cite les études actuelles effectuées dans son laboratoire. Le premier projet se rapporte aux allergies. «Nous avons essayé de déterminer à travers des statistiques la cause la plus fréquente d’allergies au Liban», dit-il. «Il est important de connaître la cause si nous voulons appliquer un traitement qui améliore le plus efficacement possible l’état de santé du patient. Or il s’est avéré que chez nous, les mites qu’on trouve dans la poussière sont les plus susceptibles de provoquer des allergies asthmatiques et rhinites (inflammation de la muqueuse nasale). Ces résultats peuvent mener au développement d’un vaccin à base d’ADN, vu que les résultats préliminaires aux États-Unis s’avèrent prometteurs». Le Dr Abdelnoor évoque un autre projet sur des vaccins par ADN, créés à partir du chromosome isolé du microbe. Il indique qu’il s’agit là de la dernière découverte aux États-Unis. C’est ce qui explique les recherches actuelles menées par son département sur un nombre de vaccins contre les maladies infectieuses. «Nous avons déjà effectué des recherches sur un vaccin contre la bactérie Salmonella typhimurium (l’équivalent de la typhoïde chez la souris), dit-il. D’autre part, nous sommes dans le processus de préparer un vaccin à base d’ADN contre une autre bactérie (Pseudomonas aeruginosa) qui s’avère un élément pathogène dangereux dans les infections acquises dans les hôpitaux». Le Dr Abdelnoor ajoute que des recherches sont en cours dans le domaine des endotoxines (toxines contenues dans certaines bactéries et qui ne sont libérées dans le milieu qu’après la destruction du germe), matières responsables de certains états de choc. Enfin, le département assure aussi des tests de compatibilité pour la transplantation d’organes (HLA), effectués par le Dr. Abdelnoor. Des vaccins basés sur le chromosome du microbe Pour sa part, le Dr Ghassan Matar, évoquant ses recherches, explique : «Nous avons amplement utilisé les techniques moléculaires pour le développement de tests à base d’ADN, notamment le PCR (polymerase chain reaction) pour la détection d’éléments pathogènes responsables de maladies infectieuses», explique-t-il. «Ces techniques permettent de réduire le temps de détection de la maladie, et donc d’administrer des médicaments plus tôt. Les cas pratiques que nous avons observés étaient des méningites (inflammation des méninges) et des encéphalites (inflammation des substances dans le cerveau), ainsi que des otites internes et externes». Ces études revêtent une importance particulière pour les méningites causées par des bactéries, qui nécessitent un traitement immédiat. Un diagnostic précoce est donc vital. «Dans le cadre de notre technique, la manipulation vise à simplifier le test pour obtenir des résultats en quelques heures seulement», ajoute-t-il. D’autre part, le Dr Matar évoque des travaux sur des tests développés aussi dans son laboratoire, visant à détecter précocement la brucellose (fièvre de Malte), qui peut notamment être transmise par des produits laitiers non pasteurisés. «Les patients souffrant de cette maladie ont des symptômes généraux qui nécessitent une confirmation par un test, explique-t-il. La culture du microbe nécessite beaucoup de temps. Pour cette raison, nous avons développé un test à base d’ADN, le PCR, qui donne des résultats en quelques heures et qui est capable de détecter avec plus de précision les cas aigüs de brucellose». Des sous-types de sida Par ailleurs, le Dr Matar parle d’un projet qu’il a réalisé en collaboration avec un nombre de chercheurs, notamment, les Drs Abdelnoor, J. Mokhbat, W. Heneine (Centers for Disease Control and Prevention, aux États-Unis), M. Uwaydah et A. Bizri, sur le typage du virus du sida VIH 1, détecté chez un nombre de malades provenant de différentes régions du monde, notamment d’Afrique. «En observant un nombre réduit de patients, nous avons pu identifier plusieurs sous-types du virus VIH I», souligne-t-il. «L’intérêt de ces travaux est d’aider au développement d’un vaccin spécifique aux différents sous-types détectés dans les échantillons de sang testés. Nous avons également pu détecter le VIH 2 chez un patient. C’était, par ailleurs, une nouveauté au Liban». Enfin, le Dr Matar indique : «Nous sommes à présent dans le processus de planifier un projet sur la détection d’une bactérie E. coli 0157:H7 dans les diarrhées au Liban. Cet élément pathogène cause des diarrhées aiguës qui peuvent être compliquées par une maladie sévère. L’intérêt est d’observer si ce pathogène est prévalent dans notre population pour prendre les mesures préventives nécessaires». Les Drs Abdelnoor et Matar ajoutent, en réponse à une question, que le département a toutes les installations de base et les facilités pour conduire les recherches. Par ailleurs, les chercheurs se gardent au courant des nouveautés en matière d’équipements. Les recherches sont couvertes par des fonds provenant de l’AUB, du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) et quelquefois d’organisations internationales. Les résultats de ces recherches sont présentés dans des conférences locales et internationales et publiés dans des revues médicales locales, régionales, américaines et européennes. Pour sa part, le Dr Uwaydah concentre ses recherches sur le domaine de la résistance des pathogènes aux antibiotiques. Son laboratoire est actif en ce sens et contribue à déterminer les pathogènes résistants aux antibiotiques et à l’aménagement de ces organismes. Ses recherches sont également présentées dans des conférences et publiées.
Des recherches en microbiologie et en immunologie ne sont pas, d’emblée, faites pour intéresser les foules. Mais quand on sait que certaines d’entre elles concernent des maladies assez courantes comme les otites, les allergies et les méningites, leurs résultats deviennent plus captivants. Cependant, y a-t-il un réel intérêt à effectuer des recherches dans de tels domaines au Liban...