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Actualités - OPINION

Tribune Le Liban en danger de paix ?

Quels sont les objectifs de la loi électorale qui devrait être adoptée dans les prochains jours par la Chambre des députés ? Améliorer la représentation des citoyens, des régions, des communautés, rééquilibrer la vie politique après les élections contestées de 1992 et 1996, préparer le pays à la paix ? Rien de tout cela. Nos dirigeants veulent, à travers la loi électorale, atteindre un objectif beaucoup plus vital pour leurs intérêts, celui de geler la situation politique et d’empêcher que la paix régionale n’entraîne des changements sur le plan intérieur. Comment ? – En consacrant la marginalisation politique de la communauté chrétienne. La loi électorale ne maintient, en effet, aucune région chrétienne dans son environnement normal. Jezzine, dont les liens avec Saïda et sa région remontent loin dans le temps, est désormais rattachée à Nabatieh, donc placée sous contrôle d’Amal. Dans Beyrouth, partagée en trois circonscriptions, l’influence des électeurs chrétiens qui était importante sans être déterminante devient très limitée. Au Mont-Liban où l’écrasante majorité des électeurs appartient à la communauté chrétienne, le découpage du mohafazat assure la marginalisation des chrétiens dans trois des quatre circonscriptions électorales. Le Chouf est dominé par Joumblatt. Aley et le Metn-Sud sont étroitement contrôlés par les deux communautés druze et chiite. Le Metn-Nord relève de la juridiction du ministre de l’Intérieur. Reste le Kesrouan et Jbeil où les «dégâts» ne peuvent être que limités. Dans la Békaa où Zahlé a toujours joué un rôle important, le projet de loi n’hésite pas à revenir aux circonscriptions d’avant-guerre et à octroyer ainsi leur «autonomie» aux deux cazas, à majorité musulmane, de la Békaa-Ouest et de Baalbeck-Hermel. Au Nord, la région de Bécharré est pénalisée pour «turbulence» chronique et rattachée aux cazas de Dennié et de Akkar. – En renforçant le président de la Chambre, principal bénéficiaire du régime en place depuis dix ans, qui obtient que le Sud reste unifié, «en raison de l’occupation israélienne», et que le Hezbollah s’allie à lui, ce qui évite toute bataille électorale et le place à la tête d’un bloc parlementaire de 23 députés. – En prolongeant le mandat de la future Chambre qui, de ce fait, élira le prochain président de la République, ce qui permettra de maintenir le statu quo actuel pendant une période de onze ans, jusqu’à la fin du mandat du nouveau président. Est-ce que l’objectif recherché par nos dirigeants peut être atteint ? Est-il possible de maintenir le pays «à l’abri» de la paix ?. La tentative en cours est irréaliste et dangereuse : – Irréaliste, parce que le Moyen-Orient – et le Liban en fait partie – connaît d’ores et déjà des changements rapides et profonds. Comment peut-on espérer geler la situation au Liban avec une frontière ouverte avec Israël ? Comment peut-on espérer le faire alors que la Syrie, à laquelle se réfèrent nos dirigeants, s’apprête à procéder aux changements que nécessite son adaptation à la paix ?. Une Syrie ouverte, préoccupée par son développement, soucieuse d’assurer une transition sans heurts vers un régime plus démocratique ne peut plus, en effet, maintenir un «régime de guerre» au Liban. – dangereuse parce que les Libanais, toutes communautés confondues, sont au bord de l’exaspération et supportent mal l’idée de maintenir le statu quo actuel. Tant que la guerre se poursuivait, ils n’avaient le choix que de prendre leur mal en patience. La situation aujourd’hui est tout autre. – dangereuse également parce que le choix à terme n’est pas, comme le pensent nos dirigeants, entre un Liban souverain et indépendant et un Liban sous tutelle syrienne, mais entre un Liban souverain et indépendant et un Liban colonisé par Israël. L’État hébreu qui sort victorieux d’une confrontation qui aura duré 50 ans ne fera de cadeau à personne. Il n’en fera pas à la Syrie, pas plus qu’il n’en fera au Liban. Libanais et Syriens ont intérêt à le comprendre et à comprendre également qu’aucune stratégie ne peut se construire sur une «combine» politique, fût-elle une loi électorale.
Quels sont les objectifs de la loi électorale qui devrait être adoptée dans les prochains jours par la Chambre des députés ? Améliorer la représentation des citoyens, des régions, des communautés, rééquilibrer la vie politique après les élections contestées de 1992 et 1996, préparer le pays à la paix ? Rien de tout cela. Nos dirigeants veulent, à travers la loi électorale,...