Pharmacie Naissance d'Aventis sur fond d'inquiétudes salariales

La fête prévue hier pour la naissance d’Aventis, premier groupe mondial des sciences de la vie, issu de la fusion du français Rhône-Poulenc et de l’allemand Hoechst, a été gâchée par quelques dizaines de salariés inquiets pour l’emploi. Les manifestants, qui ont tenté en vain de remettre un «diplôme de la honte» aux dirigeants du nouveau groupe, contestent notamment la vente prévue du centre de recherches de Romainville (Seine-Saint-Denis), qui compte 1 800 salariés. Malgré le chahut, les actionnaires de Rhône-Poulenc – dont 400 avaient été bloqués pendant une heure environ par les manifestants – ont approuvé massivement l’augmentation de capital de 25,37 milliards d’euros. Elle permettra de rémunérer les titres de l’allemand Hoechst apportés à l’offre publique d’échange (OPE) lancée le 26 octobre par le groupe français sur son partenaire allemand. La capitalisation boursière d’Aventis atteint 48,62 milliards d’euros. Il sera coté à partir du 20 décembre à Paris, Francfort et New York. Son premier actionnaire (13 % du capital) reste la compagnie pétrolière du Koweït (KPC), qui était déjà l’actionnaire de référence de Hoechst. Avec un chiffre d’affaires de 17,8 mds d’euros dans les sciences de la vie (21,1 mds d’euros, en y ajoutant les actifs chimiques destinés à être cédés), Aventis ne devrait pas rester longtemps en tête des groupes mondiaux du secteur. Premier dans les vaccins, la pharmacie, la protection des végétaux et la santé animale et deuxième dans la nutrition animale, il va être rapidement supplanté par ses concurrents portés par une nouvelle vague mondiale de concentrations. Produits à fort potentiel Le chiffre d’affaires se décompose en 73 % environ de pharmacie (médicaments de prescription, protéines thérapeutiques, vaccins et diagnostics) et 27 % d’agriculture (protection des cultures, médicaments et vaccins vétérinaires, nutrition animale). La pharmacie sera installée à Francfort, sous la direction d’un Américain Richard Markham, et l’agriculture à Lyon sera dirigée par le Français Alain Godard. Aventis sera dirigé par le patron de Hoechst Jurgen Dormann, avec comme vice-président le patron de Rhône-Poulenc Jean-René Fourtou. Ce dernier prendra la présidence du Conseil de surveillance dans un ou deux ans une fois qu’Aventis sera sur les rails. La présidence de ce conseil sera assurée dans l’intervalle par Marc Vienot, ancien président de la Société générale. Le nouveau groupe prévoit un budget de recherche de plus de 2,6 mds d’euros par an, qui sera une véritable force de frappe dans la concurrence aiguë qui l’oppose à ses concurrents. En pharmacie, il dispose d’au moins cinq produits à fort potentiel commercial: Allegra (antihistaminique), Lovenox (antithrombotique), Taxotère (anticancereux), Amaryl (traitement diabète), Arava (traitement de l’arthrite). En agriculture, il dispose d’un solide portefeuille: Regent (insecticide), Balance (herbicide) et prévoit une croissance de ses ventes de 29 % pour ses dix produits leaders d’ici 2002.