Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Lecture à froid d'une question brûlante

Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que les vieilles rancœurs ressurgissent entre Libanais et Palestiniens. Comme s’il n’y avait pas eu neuf années de pacification générale et un profil bas quasi total dans les camps du centre, du Nord et du Sud… Dès que les arafatistes ont recommencé à redresser ouvertement la tête, la riposte des autorités ne s’est pas fait attendre, montrant que les plaies sont loin d’être cicatrisées et que si les deux peuples sont condamnés à une coexistence inévitable, celle-ci ne se fera pas facilement. Dans cette atmosphère lourde, chargée de méfiance et de mauvais souvenirs, une source palestinienne, proche du FDLP, tente d’expliquer calmement les événements, dans l’espoir qu’un jour, Libanais et Palestiniens parviendront à se comprendre. Selon la source, lorsqu’a éclaté l’affaire Aboul Aynaïn et que l’autorité palestinienne a accusé le pouvoir libanais de pratiquer une politique d’apartheid contre les réfugiés palestiniens, Farouk Kaddoumi avait annoncé sa venue à Beyrouth. Mais il a dû se contenter d’une brève visite à Damas, le message des officiels libanais étant clair : les jugements de la justice à l’encontre d’Aboul Aynaïn et de ses compagnons ne peuvent être négociés. Kaddoumi a alors tenté de placer sa visite, dont le principe est acquis, sous le signe de l’amélioration des conditions de vie dans les camps. Or, à la veille de son arrivée à Beyrouth, les mesures prises par les forces de l’ordre à l’entrée des camps du Liban-Sud ont été allégées, pour bien montrer que ces décisions sont essentiellement libanaises. Ces limites fixées, M. Kaddoumi peut évoquer le dossier régional ou toute autre question d’intérêt commun. Les entretiens d’Abou Lotf avec les responsables libanais n’aborderont pas ouvertemente les sujets brûlants entre l’OLP et le Liban, mais ils interviennent au moment où les événements dans la région semblent se précipiter. Le test de Jezzine Selon la source palestinienne, lorsque Ehud Barak est arrivé au pouvoir, il a annoncé son intention de relancer le processus de paix dans ses trois volets : palestinien, syrien et libanais. Sa stratégie a consisté à monter les trois parties arabes, l’une contre l’autre, faisant en sorte qu’un progrès sur l’un des trois volets devienne une menace pour les deux autres. Il a commencé par tenter de dissocier les volets libanais et syrien et ce fut le retrait unilatéral de Jezzine, qui a constitué un test probant pour tout le monde. La Syrie a eu la preuve que le Liban tenait parole et ne négociait pas seul et, de son côté, la Syrie a montré qu’elle était en mesure d’éviter les dérapages. Quant à Israël, il a compris qu’il ne serait pas facile de dissocier les volets libanais et syrien et que, dans ces conditions, rééditer l’expérience de la guerre de la montagne était difficile. Parallèlement, chaque partie essayait d’améliorer sa position dans les négociations entamées ou à venir. Affaibli, Arafat, qui, avec les accords d’Oslo, avait complètement abandonné les réfugiés palestiniens, a décidé de reprendre cette carte. Il augmente soudainement le budget alloué aux camps palestiniens du Liban-Sud en donnant l’ordre à ses hommes d’en reprendre le contrôle. Représentant de Arafat au Liban, Sultan Aboul Aynaïn ne se le fait pas dire deux fois. Avec beaucoup de maladresse, il prend des initiatives arrogantes : entraînement médiatisé, visites symboliques et déclarations intempestives. De quoi irriter grandement les Libanais et leurs autorités ainsi que la Syrie. D’autant que le Liban, par la voix de son président, venait d’annoncer que, pour lui, la paix signifiait en plus de l’application de la résolution 425 du Conseil de sécurité, le règlement du problème des réfugiés palestiniens. Selon la source palestinienne, cette initiative est très subtile : d’une part elle vise à éviter une paix unilatérale si le volet syro-israélien ne progresse pas et elle permet d’autre part au Liban de placer un problème qui le touche sur la table des négociations. Toutefois, cette initiative allait à l’encontre des démarches d’Arafat visant à reprendre en main la carte des réfugiés. Dans ces conditions, les deux parties ne pouvaient que se heurter. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si, au moment où le président de l’Autorité palestinienne entamait les négociations sur le statut final des territoires en invoquant le problème des réfugiés, l’organisation du Jihad palestinien, dont on n’avait pas beaucoup entendu parler au Liban, lançait des opérations de résistance à partir du Sud. Il s’agissait de montrer que les «oubliés d’Oslo» avaient encore les moyens d’agir, indépendamment de la volonté d’Arafat. Message reçu puisque, finalement, les négociations de paix entre les Israéliens et les Syriens reprendront la semaine prochaine et il est désormais acquis que le Liban, ainsi que les autres pays d’accueil auront leur mot à dire dans le règlement final du problème des réfugiés. Reste à savoir si les réfugiés eux-mêmes devront continuer à être privés de tout en attendant un règlement global de leur problème. La population libanaise est-elle prête à ouvrir ce dossier sans rouvrir ses plaies ?
Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que les vieilles rancœurs ressurgissent entre Libanais et Palestiniens. Comme s’il n’y avait pas eu neuf années de pacification générale et un profil bas quasi total dans les camps du centre, du Nord et du Sud… Dès que les arafatistes ont recommencé à redresser ouvertement la tête, la riposte des autorités ne s’est pas fait...