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Actualités - CHRONOLOGIE

Livres -" Rihlat al-zol ", de Nada el-Hajj Une radieuse traversée de l'ombre

Une voix douce et légèrement inquiète arrive de loin. Des rives qui appartiennent à une poésie dont les racines plongent dans une profonde tradition familiale. Nada el-Hajj a certainement de qui tenir pour taquiner les muses et fréquenter les allées du Parnasse. En 1988, elle avait déjà donné des signes clairs de son penchant pour la poésie. «Salat el-rih» (La prière du vent), son un premier ouvrage, a été remarqué par la presse. Elle récidive en 1994 en publiant «Anamel el-Rouh» (Les doigts de l’esprit), et aujourd’hui elle revient à la charge. «Rihlat al-Zol» (La traversée de l’ombre) (Dar An-Nahar, la collection «Kassaed al-Ghadd» en collaboration avec la Fondation Nadia Tueni 62 pages), ramène à la lumière cette voix empreinte d’un mysticisme voilé où Dieu, le désir de vivre, la maternité et l’instinct de l’amour s’imbriquent en un treillis sagement ensoleillé. Voix éthérée où les mots résonnent comme une musique séraphique. Absence de l’anathème et de l’imprécation chez cette femme qui «murmure» ses mots comme dans une confession pudique et grave. Le chant de la vie, de la beauté et de la libération est traité sur un tempo «cantabilé» comme ces cercles concentriques qui s’élargissent à la surface lisse de l’eau dès qu’un caillou y est jeté... Petit recueil largement mordu de blanc où le mot est presque parcimonieux, où l’image est à contre-jour, où la sensibilité est toujours vive, où l’émotion est à fleur de peau et de plume. Enrobée d’un certain romantisme calme, cette écriture aux diaprures tout en tonalité pastel, s’élève comme une ardente prière dans une farouche volonté de communiquer «Tout arbre, toute naissance, tout signe m’invitent à une rencontre entre moi-même et le monde...» Contemplation ou méditation, ces poèmes concis et souvent laconiques, attestent que les rêves ont un nom. Écrite dans une langue arabe fluide et diaphane, sans rimes précises mais ayant pour seul guide la liberté de l’inspiration du moment, cette traversée de l’ombre, ce voyage, ce parcours humain vibrant dans son humilité sont portés par un verbe à la musicalité feutrée comme les regards d’une amoureuse qui sait la portée et la profondeur d’une indéfectible tendresse... Tant que je suis vivante Je suis comme la vallée, j’accueille le fleuve Tant que je dors Je suis comme la nuit, j’invente les rêves Tant que j’aime Je suis comme le crépuscule, je colorie le ciel Tant que je me souviens Je suis comme la terre, je tourne autour des comètes Tant que je prie Je suis comme l’espérance au cœur de Dieu… * * * Que me yeux se remplissent d’arbres Avant mon départ Que mes poumons se gonflent d’air Avant que le ciel ne m’accueille Car là ni les arbres ni l’air ne me manqueront plus…
Une voix douce et légèrement inquiète arrive de loin. Des rives qui appartiennent à une poésie dont les racines plongent dans une profonde tradition familiale. Nada el-Hajj a certainement de qui tenir pour taquiner les muses et fréquenter les allées du Parnasse. En 1988, elle avait déjà donné des signes clairs de son penchant pour la poésie. «Salat el-rih» (La prière du vent), son...