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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Petite révolution vestimentaire à Téhéran Veste trois quarts plutôt que tchador

La veste trois quarts, plus confortable et moins conformiste que le manteau long ou le tchador imposés par la révolution islamique, fait un malheur chez les jeunes Iraniennes des quartiers résidentiels de Téhéran. Depuis plusieurs mois, d’innombrables adolescentes et jeunes filles des quartiers aisés du nord de la capitale iranienne portent ces vestes qui s’arrêtent au genou, une audace impensable il y a seulement deux ans. «Grâce à une certaine tolérance en matière de tenue vestimentaire, nous pouvons nous permettre de vendre ce genre de vestes pour femmes», affirme Jila, une vendeuse dans une boutique de l’avenue Chariati, une grande artère du nord de Téhéran. L’engouement pour les vestes trois quarts témoigne de l’audace mesurée des Iraniennes en matière vestimentaire, depuis l’élection du président modéré Mohammad Khatami il y a deux ans. Le régime islamique impose depuis vingt ans aux femmes d’être couvertes de la tête aux pieds quand elles sont en public, soit en revêtant le tchador traditionnel, un grand voile de coton noir, soit en se couvrant la tête d’un foulard et en portant un manteau long. Les petites libertés prises depuis peu par les Iraniennes de la société aisée se traduisent également par le port de sandales sans chaussettes, ou par de longues nattes dépassant du foulard dans le dos. Les vestes trois quarts sont de surcroît souvent de couleur claire – beige ou gris – tranchant sur le noir ou les couleurs sombres généralement de mise pour les manteaux féminins. Les vitrines des boutiques téhéranaises sont désormais décorées de mannequins portant de vestes trois quarts très ajustées à la taille, assorties de foulards de couleur ou portant des motifs fantaisie. Sur le boulevard Afrigha (Afrique), ex-rue Jordan du temps du régime impérial et haut lieu de la jeunesse dorée de Téhéran, les jeunes filles ne veulent plus entendre parler de l’imperméable couleur muraille de leurs mères. «Tenue modèle» «C’est moche et ça donne l’impression d’être dans un sac», estime Choreh, une adolescente de 14 ans. Cette mode, relativement coûteuse, a toutefois du mal à s’étendre aux quartiers populaires de la ville où continue de régner l’indémodable tchador noir traditionnel. Pour les autorités religieuses, l’islam oblige les femmes à se couvrir dès lors qu’elles apparaissent en public, hors du cercle familial, afin de ne pas laisser deviner leurs formes et attraits physiques, en particulier les cheveux. Le tchador n’est pas le seul moyen d’y parvenir, mais le grand drap de tissu noir est encouragé par les milieux les plus orthodoxes, qui font valoir qu’il relève d’une tradition multiséculaire. Pour certains religieux, le tchador noir demeure «le meilleur habit et une tenue modèle» pour une femme, mais cet avis est loin d’être partagé par de nombreuses adolescentes, nées après la révolution de 1979. Les jeunes, de plus en plus rebelles face aux règles islamiques édictées il y a vingt ans par le clergé révolutionnaire, ont joué un rôle déterminant dans l’élection du président Mohammad Khatami, en mai 1997. M. Khatami lui-même a, à de multiples reprises, appelé à de plus de liberté et de promotion sociale pour les femmes, et à une interprétation moins crispée des règles islamiques. Il n’est toutefois jamais allé jusqu’à remettre en cause le code vestimentaire islamique imposé aux Iraniennes, un sujet qui fait encore partie des tabous les mieux ancrés dans la société et le régime.
La veste trois quarts, plus confortable et moins conformiste que le manteau long ou le tchador imposés par la révolution islamique, fait un malheur chez les jeunes Iraniennes des quartiers résidentiels de Téhéran. Depuis plusieurs mois, d’innombrables adolescentes et jeunes filles des quartiers aisés du nord de la capitale iranienne portent ces vestes qui s’arrêtent au genou, une...