Allemagne Les rangs de l'extrême droite s'étoffent

Le nombre de militants de mouvements d’extrême droite en Allemagne a augmenté de plus de 10 % en 1998 pour atteindre 53 600 personnes, a annoncé le ministre fédéral de l’Intérieur, Otto Schily. «On peut supposer que cette évolution va se maintenir» en 1999, a estimé M. Schily en présentant le rapport 1998 des services de renseignements intérieurs (Office fédéral de protection de la Constitution). La situation est «particulièrement» inquiétante, a-t-il estimé. Le nombre de délits attribués aux milieux d’extrême droite a en revanche légèrement reculé à 11 000 l’an dernier. Il s’agit pour les deux tiers de délits de propagande. Les actes de violence d’extrême droite ont également reculé de 790 l’année précédente à 708. Plus de la moitié d’entre eux étaient dirigés contre des étrangers et un sur deux a été commis en Allemagne de l’Est. Les États régionaux (Laender) est-allemands et Berlin ont enregistré jusqu’à 3,31 actes de violence d’extrême droite pour 100 000 habitants, soit trois à dix fois plus que dans les Laender ouest-allemands et ce alors que le nombre d’étrangers est beaucoup moins élevé dans l’ex-RDA. Le potentiel de violence d’extrême droite en Allemagne orientale est directement lié au niveau élevé de chômage des jeunes dans cette région, a estimé M. Schily. Le nombre d’extrémistes de gauche, très actifs notamment à Berlin, n’a que légèrement augmenté à 34 700 personnes, selon le rapport des Renseignements intérieurs. Les violences d’extrême gauche ont reculé à 783 (833 en 1997). Il faut continuer à observer de près l’extrême gauche malgré l’autodissolution l’an passé de la Fraction Armée Rouge, a estimé M. Schily. Quelque 6 000 autonomes sont prêts à recourir à la violence, ce qui constitue un «potentiel considérable», a-t-il dit. Les violences commises par des extrémistes étrangers ont fortement reculé à 258 cas l’an dernier en Allemagne contre 314 en 1997. Les organisations extrémistes étrangères comptent près de 60 000 membres, selon le rapport.