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Actualités - ANALYSE

L'enthousiasme des premiers moments est retombé Les députés peu disposés à soutenir le ministère

Le débat sur le budget risque d’être bien plus animé, beaucoup plus houleux qu’on ne le pensait lors de la formation du Cabinet Hoss, il y a trois mois. On croyait alors qu’à la faveur du prestige lahoudien protégeant le gouvernement ce dernier ferait passer la loi de finances comme une lettre à la poste, qui n’est d’ailleurs pas loin de la place de l’Étoile. Mais, comme le souligne un parlementaire chevronné, «le pouvoir a eu tort de ne pas faire adopter très vite un budget 99 de compression des dépenses et d’augmentation des ressources. Dans l’enthousiasme populaire des premiers moments, des surtaxes notamment sur l’essence auraient passé sans trop de grogne. Au fil des semaines, la confiance, qui est du reste un élément aussi relatif que volatil, s’est évaporée. Comme le reconnaît M. Hoss lui-même, il y va de la faute des maladresses accumulées. Le flop lamentable de la réforme administrative, le rendez-vous manqué de la mort de Hussein, les frictions avec les jeunes, les surenchères inadmissibles au sujet du jumelage avec le Golan qui agacent le chef du gouvernement lui-même… Tous ces exploits de l’inexpérience ont fait qu’aujourd’hui, si le gouvernement se présente à nous pour faire ratifier des surtaxes, nous ne pourrions que lui dire non. Car nous savons, par les mises en garde des syndicats notamment, que toucher à l’essence, provoquer une inflation, une flambée des prix, n’iraient pas sans de fortes réactions de rue. Et le nouveau pouvoir, dont la toute première décision avait été de réautoriser les manifestations, aurait bonne mine quand il lui faudrait faire donner les FSI contre les travailleurs descendus dans la rue comme il l’a déjà fait avec une pâte plus tendre, les étudiants». Pour ce député, «la lune de miel, l’état de grâce, c’est bien fini. Et il n’est pas sûr, pas évident, que Baabda se solidarise à fond avec un gouvernement qui aura dressé contre lui l’homme de la rue. C’est ce qui explique qu’on se montre brusquement très prudent du côté du pouvoir. Alors qu’il y a quelques jours le ministre de l’Information, M. Anwar el-Khalil, qui est connu pour savoir peser ses mots, annonçait qu’il y aurait des mesures impopulaires, les responsables se sont hâtés de soutenir en chœur après le dernier Conseil des ministres que ce ne serait pas si terrible que cela». Écart De fait, le relèvement du prix des 20 litres d’essence, annoncé d’abord à 5 000 LL, rabaissé ensuite à 3 000 LL, est finalement pronostiqué à 1 000 LL seulement par les loyalistes. Ces variations, dont les motivations démagogiques sont évidentes, laissent les spécialistes perplexes, «car, dit un professeur d’université, on se demande, à la lumière de telles fluctuations prévisionnelles, si les dirigeants en place qui se disent experts savent vraiment où en est l’état effectif de nos finances publiques. De 1 000 à 5 000 LL, la différence est tellement énorme qu’on est saisi de doutes tant sur les besoins réels du pays que sur les capacités de ses responsables». De l’avis de cet enseignant, «ce que Hariri lui-même n’a pas réussi, on ne peut pas demander à Hoss d’y parvenir. Je m’explique : le Liban a besoin, de toute urgence, d’un montage financier particulier, d’une sorte de moratoire lui permettant de souffler pendant trois ou quatre ans, sans avoir à payer les intérêts de sa dette publique, qui happent au moins la moitié de son budget, de son potentiel économique, de ses forces vives. Débarrassé de ce fardeau, le gouvernement abaisserait automatiquement les taux d’intérêt et relancerait la production ainsi que la croissance. Comme les créanciers de l’État, qu’ils soient libanais ou étrangers, ne sont pas du tout disposés à lui faire grâce, il faut qu’il trouve quelqu’un ou quelques-uns pour payer à sa place pendant ces trois ou quatre ans. Soit directement, soit en lui apportant des fonds à titre gracieux ou à des intérêts très réduits, de 3 % par exemple, avec échelonnement sur plusieurs dizaines d’années et commencement du service de la dette après le répit des trois ou quatre ans susmentionnés. C’est dans ce sens-là que M. Hariri avait travaillé dès 1996, en organisant notamment aux States le fameux forum des “Amis du Liban” qui devait produire plus de 3 milliards de dollars d’aide. Un rêve qui a éclaté comme une bulle de savon au premier coup d’épingle donné par Israël et par la crise monétaire asiatique». Et de répéter que «si M. Hariri a cédé si obligeamment la place à M. Hoss, c’est qu’il avait compris qu’il n’y avait rien à faire. Sauf temporiser en pressurant le contribuable et le consommateur libanais moyen ou pauvre, le seul qui soit trop faible pour éviter de cracher au bassinet. L’ancien chef du gouvernement a montré là un flair politique de premier plan. Il a passé la patate chaude à son rival. Et s’est mis dès les premiers jours à le harceler sur cette question du budget, qu’il avait pris soin de ne pas élaborer lui-même. Répétant tout le temps que le retard du gouvernement n’augurait rien de bon pour le pauvre peuple libanais dont le milliardaire devenait soudain le champion».
Le débat sur le budget risque d’être bien plus animé, beaucoup plus houleux qu’on ne le pensait lors de la formation du Cabinet Hoss, il y a trois mois. On croyait alors qu’à la faveur du prestige lahoudien protégeant le gouvernement ce dernier ferait passer la loi de finances comme une lettre à la poste, qui n’est d’ailleurs pas loin de la place de l’Étoile. Mais, comme le...