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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Les maladresses s'accumulent L'existence du Cabinet serait écourtée

C’est un tour de force à rebours : trois mois à peine après la mise sur pied du gouvernement, son chef se trouve obligé d’en défendre la composition bec et ongles. En affirmant urbi et orbi, avec insistance, qu’il n’est pas question de remaniement. Ce qui, à ce stade prématuré, est bien la preuve qu’on y songe déjà. Et qu’il y a lieu de modifier une équipe mal soudée, quoi qu’en dise M. Hoss. Un leader parlementaire très influent va même plus loin. À l’en croire, le Cabinet actuel, «s’étant engagé d’entrée de jeu sur une mauvaise pente, ne peut que multiplier bévues et dérapages. M. Hoss en a déjà rattrapé quelques-unes et de taille. Mais il ne pourra continuer à jouer longtemps les pompiers. D’autant que sa formation, censée incarner des temps nouveaux, compte dans ses rangs, pour couvrir le côté politique, des symboles puissants de l’ancien système. Une contradiction gênante à plus d’un titre, à un moment où le pouvoir entreprend une opération médiatique de changement, pour ne pas dire de nettoyage». Dès lors, cette personnalité informée ne donne pas au gouvernement en place «plus de trois mois. À moins qu’à la faveur des vacances d’été, il n’obtienne un sursis jusqu’à la rentrée d’octobre». Et d’expliquer ensuite que «cette évolution accélérée présentera l’avantage de faire assumer à une équipe éphémère, très vite partie, la lourde responsabilité de mesures fiscales extrêmement impopulaires qui seraient décrétées dans le cadre du budget 99. Le gouvernement “pour de vrai” qui viendrait ensuite s’en laverait les mains. Et détournerait la conversation, si l’on peut dire, pour mettre l’accident sur les questions régionales. Car on devrait être alors, après les élections israéliennes et l’avènement probable des modérés à Tel-Aviv, en plein redémarrage du processus de paix. Dans un tel contexte, le Liban devra être doté d’un gouvernement politique, élargi et consensuel, pour assumer, sur un plan national, l’éventuelle conclusion d’un traité régional global». Projet complexe Transposant cette même logique de responsabilité politique sur le plan de l’entente intérieure, cette personnalité relève par ailleurs «l’absolue nécessité d’avoir un Cabinet politique de consensus pour mettre au point rapidement une nouvelle loi électorale. La refonte du code doit en effet se faire avant la fin de l’année en cours, le scrutin étant prévu pour l’été 2000. Les candidats doivent avoir le temps de s’adapter aux nouvelles configurations, pour savoir comment mener campagne. Et les électeurs de leur côté ont besoin d’un délai suffisant pour assimiler les nouvelles donnes électorales». On peut même se demander si l’on n’a déjà pas pris beaucoup de retard. Car le tracé des circonscriptions nouvelles est conditionné en principe par un redécoupage des zones administratives impliquant, selon Taëf, une augmentation du nombre de mohafazats. Et ce projet complexe est à son tour lié en partie à la mise en place d’un nouveau système basé sur la décentralisation administrative. Qui de son côté se trouve jumelée avec la création de conseils régionaux et de fédérations de municipalités. Mener à bien en quelques mois tous ces programmes paraît difficile. Surtout que chacun d’eux constitue une pomme de discorde sur le plan intérieur. Toujours est-il que le leader cité, revenant à son idée de bouc émissaire en ce qui concerne l’actuel gouvernement, répète que «l’on a bien fait de désigner des technocrates sans ambition politique. Une fois qu’ils auront, à travers le budget, assumé des décisions fiscales impopulaires – dans le prolongement du reste des évictions administratives qui n’ont pas suscité des réactions d’allégresse –, ils pourront retrouver leurs foyers, on n’en parlera plus et aucun des joueurs politiques n’aura perdu des points. À l’exception peut-être de M. Hoss, mais il dit lui-même qu’il n’ambitionne plus d’être député...» . Mais une question se pose : un gouvernement ultérieur de politiciens saurait-il assumer le plan quinquennal de redressement financier, budgétaire et économique que le pouvoir veut initier? Réponse et suite au prochain numéro, si l’on peut dire.
C’est un tour de force à rebours : trois mois à peine après la mise sur pied du gouvernement, son chef se trouve obligé d’en défendre la composition bec et ongles. En affirmant urbi et orbi, avec insistance, qu’il n’est pas question de remaniement. Ce qui, à ce stade prématuré, est bien la preuve qu’on y songe déjà. Et qu’il y a lieu de modifier une équipe mal soudée, quoi...