Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Loi de finances - Les députés s'impatientent Un test politique crucial pour le gouvernement

Aussi bien disposés qu’ils soient à l’égard du nouveau pouvoir, les députés commencent dans leur ensemble à s’impatienter. Bientôt la mi-mars et le projet de budget 1999, leur apprend-on, n’en est même pas encore au stade embryonnaire… Au rythme de tortue adopté par la commission ministérielle chargée du dossier, les députés craignent que le retard pris ne se répercute indirectement sur leur carrière. Car le projet de nouvelle loi électorale, qui suscitera sans aucun doute un débat public aussi âpre que long, ne sera pas mis sur le tapis avant le vote du budget. Et les élections sont pour l’an prochain… De plus, et surtout, les blocs parlementaires attendent le gouvernement au tournant budgétaire pour décider de leur attitude «définitive» à son égard. Jusqu’à présent, la plupart de ces formations laissent à l’équipe en place le bénéfice du doute, essentiellement pour ne pas contrarier le régime. Car on sait qu’il a la bénédiction de ces décideurs que personne sous la coupole ne veut fâcher. Mais ces mêmes décideurs ont bien fait comprendre autour d’eux que leur protection en ce qui concerne le gouvernement n’est pas absolue. C’est bien pourquoi on voit nombre de pôles contester sans complexe le Cabinet, en ménageant soigneusement Baabda. C’est donc au cours du débat budgétaire que se fera la décantation politique, pour toute la durée qui nous sépare encore des législatives de l’an 2000. Et justement, comme ces élections, fondées sur un nouveau code, devront remodeler en principe le paysage politique local, beaucoup de politiciens émettent des réserves sur les intentions budgétaires des 16. On sait, en effet, que sans livrer de détails, le gouvernement répète tout le temps qu’il compte amorcer l’application d’un plan de redressement financier triennal, quadriennal ou quinquennal. Les politiciens trouvent que c’est un peu présomptueux de sa part puisqu’on ne sait pas qui tiendra les rênes à partir de l’an prochain. Ce à quoi les loyalistes répondent que la ligne directrice restera en tout cas la même, puisqu’elle est adoptée et défendue par un régime qui, pour sa part, ne changera pas. Et ils soulignent que, d’ailleurs, il n’a pas trente-six mille façons de sortir le Liban de l’ornière et de réduire le déficit budgétaire : il faut comprimer les dépenses, augmenter les ressources, éradiquer la corruption, ouvrir le capital d’entreprises publiques ou mixtes (privatisations partielles), conforter la stabilité monétaire, dégonfler progressivement le volume de la dette publique, dynamiser les secteurs de production. Ligne directrice Mais ces partisans inconditionnels du gouvernement se gardent bien d’entrer dans les détails. D’une part, parce que l’exécutif lui-même n’est pas encore très fixé sur les différentes options, notamment en matière fiscale. Et ensuite parce que les principes évoqués plus haut sont un peu contradictoires entre eux. On peut en effet difficilement stimuler les investissements dans les secteurs de production sans grosses dépenses publiques, voire sans un grain d’inflation aux dépens de la sacro-sainte stabilité de la livre. L’austérité budgétaire ne convient généralement pas à la croissance économique. Toujours est-il que Rome ne s’étant pas faite en un seul jour, la normalisation des finances publiques libanaises prendra certainement plusieurs années. C’est qu’elles vont très mal, la dette du pays excédant de loin son rendement. Après les haririens, les hossistes redisent aujourd’hui que «c’est la faute à la guerre». Ce qui n’est certainement pas faux. Mais les spécialistes, paramètres comparés en main, soutiennent que tout compte fait il y a, depuis le milieu des années quatre-vingts et l’effondrement de la livre, quelque 4,5 milliards de dollars qui se sont totalement évaporés. Un euphémisme élégant pour dire que ces fonds n’ont pas été perdus pour tout le monde. Et qu’il faut en faire son deuil. Le gouvernement actuel promet cependant d’entamer à travers le budget de cette année la longue marche du salut. En toute transparence, mais en demandant tout à la fois à la population de faire des sacrifices et de lui faire confiance. Ce qui va nécessairement ensemble.
Aussi bien disposés qu’ils soient à l’égard du nouveau pouvoir, les députés commencent dans leur ensemble à s’impatienter. Bientôt la mi-mars et le projet de budget 1999, leur apprend-on, n’en est même pas encore au stade embryonnaire… Au rythme de tortue adopté par la commission ministérielle chargée du dossier, les députés craignent que le retard pris ne se...