Golfe - Cohen à Abou Dhabi et à Dubaï Oui à un nouveau régime, non au démembrement de l'Irak

Le secrétaire américain à la Défense William Cohen a évoqué hier à Abou Dhabi la nécessité d’un changement de régime en Irak mais démenti que les États-Unis cherchaient à démembrer ce pays. Un responsable émirati, parlant sous couvert d’anonymat, a néanmoins réitéré l’opposition de son pays aux frappes américaines contre l’Irak et à tout changement de régime qui serait imposé de l’extérieur. M. Cohen a indiqué que l’Irak et l’Iran avaient dominé son entretien avec le président émirati, cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane. «Nous avons discuté des actions de Saddam Hussein et de la nécessité de voir une nouvelle direction en Irak, pour que les souffrances du peuple irakien soient allégées», a-t-il dit à la presse à l’issue de l’entretien. Selon M. Cohen, cheikh Zayed n’a pas exprimé de préoccupation au sujet de la poursuite des raids américains contre l’Irak. «La position des Émirats n’a pas changé : nous sommes opposés aux frappes militaires contre l’Irak et en faveur d’une solution diplomatique par le biais du Conseil de sécurité de l’Onu», a pour sa part déclaré un responsable émirati après la rencontre entre cheikh Zayed et M. Cohen. Le responsable a souligné que «les Émirats sont contre tout changement de régime en Irak, qui serait imposé de l’extérieur». M. Cohen a indiqué avoir souligné à cheikh Zayed que le président irakien «tente d’exploiter les pénuries (de produits de première nécessité) à des fins de propagande», ajoutant que selon l’Onu, il n’aurait pas distribué à sa population des médicaments d’une valeur de quelque 275 millions de dollars. Le secrétaire américain à la Défense a indiqué qu’il avait également «souligné que les informations de la presse, selon lesquelles les États-Unis tentent de démembrer l’Irak, sont entièrement fausses». «Il y a eu des informations et des rumeurs qui ont circulé localement, selon lesquelles c’est l’objectif des États-Unis, mais ces informations sont infondées», a-t-il poursuivi. «En fait, nous avons dit à plusieurs reprises que l’intégrité territoriale de l’Irak devait être maintenue et notre objectif est d’aider un jour à parvenir à un changement de régime pour que le peuple d’Irak puisse réintégrer la communauté internationale en tant que membre à part entière», a-t-il assuré. Le journal émirati al-Khaleej, proche des milieux officiels, a accusé dimanche M. Cohen de tenter de rallier les pays de la région à un plan pour diviser l’Irak et visant notamment à instaurer une entité kurde. Le responsable américain a par ailleurs annoncé avoir proposé de communiquer les données de préalerte balistique dont disposeraient les États-Unis aux pays arabes du Golfe, à la suite d’essais iraniens de lancement de missiles. M. Cohen a indiqué avoir fait cette proposition au président émirati ainsi qu’aux dirigeants bahreinis et séoudiens avec lesquels il s’était entretenu samedi et dimanche. «Nous allons faire cela avec tous les pays du Golfe (...), établir un lien direct entre ce que nos détecteurs enregistreront et la communication de ces données aux pays du Golfe pour qu’ils soient prévenus d’essais de missiles balistiques», a déclaré M. Cohen à la presse. Il s’est dit en outre confiant que le contrat de vente d’avions de combat F-16 aux Émirats, d’une valeur estimée à 6 milliards de dollars, serait finalisé. «Je pense que nous avançons avec la proposition. Nous espérons pouvoir continuer à réaliser des progrès dans ce dossier», a déclaré M. Cohen. Selon des responsables du Pentagone, des discussions sont en cours avec les Émirats pour déterminer le type d’équipements électroniques dont seraient dotés ces avions. Les Émirats ont retenu en mai dernier le F-16 de Lockheed Martin pour une commande de 80 avions, au détriment du Rafale français et de l’Eurofighter européen.