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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Les égouts se déversent en pleine nature Le problème de la pollution de l'eau à Tripoli n'est traité qu'à moitié (photos)

L’eau de Tripoli n’est pas polluée chimiquement, mais elle contient toujours une pollution microbiologique aux sources et probablement dans les canalisations. C’est le constat qui se dégage de tests effectués par Jalal Halwani, professeur à l’Université libanaise, et Baghdad Ouddane, professeur à l’Université de Lille, à la demande du Comité de protection de l’environnement au Nord. L’une des principales sources qui alimentent Tripoli prend naissance dans la vallée de Hab, polluée par les égouts du Koura qui s’y déversent et par l’acide oléique provenant des pressoirs d’huile d’olive. L’automne passé, les habitants de Tripoli et de Batroun ont souffert de l’acide oléique qui s’est infiltré dans l’eau potable, la rendant impropre à la consommation. Quelques semaines plus tard, Tripoli faisait face à un autre problème, encore plus grave : une épidémie de typhoïde s’était déclarée dans les vieux quartiers de la ville, dont les canalisations d’eau potable, abîmées parce qu’elles sont âgées de plus de soixante ans, se mélangent avec les réseaux publics d’égouts. Aujourd’hui, les autorités locales et les associations, notamment le Comité de protection de l’environnement au Nord, recommandent que des mesures préventives soient prises et des solutions durables adoptées. Certaines dispositions ont été prises, mais d’autres doivent encore être mises en œuvre à plusieurs niveaux : pollution microbiologique des sources, pressoirs d’olives, réseaux d’eau usée dans les vieilles parties de Tripoli. Au niveau des sources, une station pour le traitement de l’eau a été réhabilitée dans la vallée de Hab. Un communiqué publié par le comité, basé sur les tests effectués par MM. Halwani et Ouddane, précise que «la source de Hab est dénuée de polluants chimiques, mais elle est très polluée du point de vue microbiologique, à cause des égouts du Koura qui s’y déversent». Cette pollution, toujours selon le communiqué, est traitée par le chlore, et l’eau provenant de Hab est actuellement de bonne qualité à la source. «Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas urgent de protéger cette vallée en la déclarant réserve naturelle», poursuit le communiqué. «C’est une demande que le comité a présentée aux autorités depuis au moins cinq mois. Cela implique évidemment qu’il faut installer au plus vite un réseau d’égouts au Koura. Même si celui-ci devait être dévié provisoirement vers la mer, il ne polluerait pas une eau destinée à la consommation de plusieurs milliers de personnes». Selon M. Halwani, «il faut agir vite au niveau des égouts mais surtout au niveau des pressoirs d’olives avant la prochaine saison des pluies». Il ajoute : «Les pluies cet hiver ont été rares. Cela veut dire que les différentes matières polluantes se sont déposées au fond de la vallée, sans être drainées vers le cours d’eau de Hab. Il faut nettoyer la vallée, sinon ces polluants se retrouveront dans l’eau aux prochaines pluies». Huiles, égouts, déchets... «En ce qui concerne les pressoirs d’olives, poursuit M. Halwani, il faut s’assurer dès maintenant que leurs propriétaires ont prévu des réservoirs pour y stocker l’acide oléique, afin d’éviter qu’elles ne se retrouvent dans l’eau. Si on attend la saison qui commence à la fin de l’été pour agir, les habitants boiront de nouveau de l’acide oléique (non toxique, mais qui rend l’eau imbuvable). Il faut préciser que la station d’épuration de Hab n’est pas prévue pour traiter l’acide oléique». Il faut compter aussi avec la prochaine mise en exploitation d’une nouvelle source pour l’alimentation de la ville de Tripoli : la source d’Abou Halka. Il s’agit d’un ancien projet enfin excécuté par l’État. L’eau d’Abou Halka est propre, mais elle ne peut couvrir que 20 % à peu près des besoins de la ville. La source est située à l’entrée sud de la capitale du Liban-Nord. Bref, l’eau à la source est de bonne qualité quand les infiltrations d’acide oléique ne la polluent pas, selon le communiqué du comité. «Mais la qualité de l’eau qui atteint les maisons est bien différente », précise le même communiqué. «L’eau à la source ne contient pas de microbes. Mais les infiltrations d’égouts dans les réseaux d’eau potable, notamment dans l’ancienne ville, représentent un grand risque d’épidémies». Et d’ajouter : «Nous avons remarqué que certains égouts principaux de Tripoli sont actuellement en rénovation, alors qu’ils ne sont pas aussi délabrés que ceux de l’ancienne ville. Quand les travaux, pourtant urgents, sur les réseaux d’égouts et d’eau potable pollués vont-ils être entamés ? Il ne faut pas non plus oublier les canalisations qui transportent l’eau aux maisons, et que le ministère des Ressources hydrauliques et électriques a promis de rénover». Quand ces problèmes seront résolus, il en restera un autre tout aussi grave : les puits privés et les fosses septiques creusés anarchiquement dans toute la ville, mais aussi dans tout le Liban... Par ailleurs, dans son communiqué, le comité se déclare solidaire de la décision de la municipalité de Tripoli d’interdire l’utilisation de l’amiante dans les canalisations d’eau potable qui seront installées dans la ville, et de remplacer cette matière par de la fonte. Rappelons qu’une controverse est née autour de l’utilisation de l’amiante-ciment dans les réseaux d’eau. Certains considèrent que l’amiante peut être cancérigène pour les consommateurs de cette eau (on sait que les fibres d’amiante sont cancérigènes quand elles sont inhalées), et qu’il vaut mieux ne pas prendre ce risque. La fabrication de l’amiante est déjà interdite dans beaucoup de pays.
L’eau de Tripoli n’est pas polluée chimiquement, mais elle contient toujours une pollution microbiologique aux sources et probablement dans les canalisations. C’est le constat qui se dégage de tests effectués par Jalal Halwani, professeur à l’Université libanaise, et Baghdad Ouddane, professeur à l’Université de Lille, à la demande du Comité de protection de l’environnement...