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Actualités - CHRONOLOGIE

Mode à l'italienne A la Mostra de Milan, déjà l'hiver 2000 (photos)

Est-il nécessaire de signaler l’importance de la célèbre foire de Milan dans l’univers de la mode? Voilà des années que cette rencontre internationale donne le «la» à la vogue qui va descendre dans la rue. Celle qui sera mille fois copiée, souvent caricaturée, mais avant tout portée. Car elle va, même par ses excès, inspirer les créateurs du prêt-à-porter et elle donnera aussi des idées quant à la façon d’interpréter les diktats de la haute couture. Pour cette session, la dernière du siècle, le premier rôle (à tout seigneur tout honneur) revint à Gucci, auréolé des feux de sa bataille financière, juridique et boursière avec le groupe français LVMH présidé par Bernard Arnaud. Fortement inspiré par les réminiscences des années 70, le prêt-à-porter Gucci, présenté à Milan, reste fidèle à la conception de la femme telle que la griffe prône depuis sa création: à la page, certes, féminine et audacieuse, sans jamais perdre une certaine «classe», très présente dans chaque collection. Le styliste américain Tom Ford, créateur très apprécié en Italie même par les Versace, concurents de la griffe, a conçu pour la première fois une collection n’étant pas vouée au noir absolu. Un mélange de couleurs (du rouge carminé associé à du vieux-rose, du vert clair, des bruns terre) dans des harmonies audacieuses, inédites mais toujours de très bon goût. Autre innovation: une mode unique pour le jour comme pour le soir. Les modèles (en pièce unique) se portent à toute heure et en toute circonstance. Ses pantalons super-moulants finissent en pattes d’éléphant quasi-géantes. Ils sont travaillés en fines nervures et exécutés dans du cuir, travaillé comme du velours ou de la dentelle transparente. On note, toutefois, une mutation de l’image de la femme Gucci par rapport au passé. Malgré des audaces très prononcées (décolletés plongeant jusqu’à la taille pour des hauts noirs transparents, retenus par de petits lacets, petites chemises, plissées en roses sur le devant) elle paraît plus sûre d’elle-même, altière et distante, sur ses hautes bottes en velours à talons aiguilles. Visiblement, le styliste américain jouit d’une totale liberté d’inspiration pour que sa vision ne se confine pas à un classicisme raffiné, comme l’évoque la griffe, mais reflète également cet esprit intello-libertin qui caractérise la «femme-libérée» des classes qui composent la clientèle de la maison. Il est donc facile de comprendre la raison pour laquelle le PDG de Gucci, Domenico De Sole, a déclaré que si la maison avait choisi depuis 1993 Tom Ford pour relancer la griffe c’est qu’il est le meilleur «fashion designer» du monde. «Sa présente collection, a-t-il conclu, est la meilleure que j’ai vu depuis que j’ai entamé le parcours avec lui...» Précision supplémentaire rapportée par le PDG de Gucci: «C’est grâce à Tom que le chiffre d’affaires de notre maison a quadruplé entre 1994 et aujourd’hui». Gianfranco Ferré : une vision philosophique «J’aime faire des choses un peu spéciales et osées» a déclaré, à Milan, Gianfranco Ferré après son défilé. «Le futur ne contredit pas la vision élémentaire des choses, la technique s’adapte à la sensualité et reflète le glamour», lisait-on dans son dossier de presse, résumant ainsi sa vision et sa démarche. Pour Ferré, il y a dans sa collection un sens élémentaire de la force, une énergie concentrée de félin. Comme si une bête, devenue à l’improviste douce comme un agneau, se trouvait tenue en laisse par une ceinture. Des doudounes, longues jusqu’aux chevilles, sur des combinaisons très fines, grises ou noires, habillaient une pléiade de célébrités du podium, pour incarner «ces bêtes tenues en laisse par une ceinture: Naomi Campbell, Eva Herzigova, Esther Canales». Le Ferré, tel qu’il s’est présenté à Milan, réforme radicalement la mode. Sous une saharienne à multiples poches, il enfouit une doublure en fourrure et l’assortit à une robe grise, aux manches de cuir, comme celles des gladiateurs. Les robes-tubes sont ceinturées par des cercles proches des boucliers. Les chaussures ont, en guise de talons, une languette sortie de la semelle, allongée vers l’arrière pour équilibrer la marche. La peau et la fourrure sont les maîtres absolus de la collection, pour des manteaux-capes portés sur des seins nus. Des pantalons en velours, à pattes d’éléphant, largement ouverts sur le mollet. Les robes du soir en toiles d’araignée, ou récouvertes d’une pellicule de renard, sont aussi extravagantes que les paletots d’hommes en cachemire, fourrés de vison violet ou bleu turquoise.
Est-il nécessaire de signaler l’importance de la célèbre foire de Milan dans l’univers de la mode? Voilà des années que cette rencontre internationale donne le «la» à la vogue qui va descendre dans la rue. Celle qui sera mille fois copiée, souvent caricaturée, mais avant tout portée. Car elle va, même par ses excès, inspirer les créateurs du prêt-à-porter et elle...