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Actualités - OPINION

Une tribune Une stratégie pour l'ère Barak

L’élection de M. Barak ne sera-t-elle qu’un épisode de plus dans le long et tragique piétinement des Palestiniens et de leur cause ? Ou annonce-t-elle, comme veulent le croire ou le faire croire certains analystes, l’ouverture d’un chapitre nouveau dans la double histoire des juifs et des Arabes ? La tragédie des uns a commencé là où la tragédie des autres s’est arrêtée. Pourquoi le destin a-t-il voulu que les Arabes, et plus particulièrement les Palestiniens, eussent eu à payer pour les pogroms et les crimes commis par d’autres qu’eux ? Pourquoi le peuple juif, qui reconnaît avoir connu dans son histoire deux âges d’or : la période andalouse et la période ottomane, s’est-il abattu sur les peuples arabes, utilisant – pour mieux les frapper – l’appui de ceux-là mêmes qui l’ont tant persécuté au cours des siècles ? Mais, en attendant le jugement de l’Histoire, il serait temps de voir enfin cette cruelle injustice quelque peu réparée par ceux qui maintenant expriment, semble-t-il, une velléité de paix. Encore faudra-t-il éprouver leur bonne foi. Simultanément, force nous est de constater que l’ensemble de ce Machrek arabe est à la veille de changements drastiques. En effet, aucun régime n’est éternel, aucun pouvoir n’est à l’abri de l’usure, surtout lorsqu’il ne cesse d’arpenter des chemins sans issue ; les générations se renouvellent, les idéologies et les intérêts changent, les peuples s’éveillent : on le voit bien dans cet Israël déchiré entre ses deux extrémismes, le religieux et le laïque, et qui ne peut survivre qu’en abandonnant les armes de la conquête pour les remplacer par celles de la raison. Pour ce qui est du Liban, M. Barak a promis aux Israéliens, le jour même de son élection, ce qu’il leur avait déjà annoncé durant sa campagne : l’évacuation de la zone occupée endéans une année. Comment va-t-il réaliser cette promesse ? Le pourra-t-il sans évacuer aussi le Golan ? Il serait temps, pour nous en tout cas, de nous tourner vers ce qui se passe à notre sujet, et à notre insu. Suffit-il de balayer devant la maison pour affronter les circonstances qui nous attendent ? Est-ce qu’une morale discriminatoire et une justice politique peuvent tenir lieu de stratégie pour nous redonner une identité et un rôle ? Ou faut-il nous contenter d’approuver et d’appuyer, même avec la plus grande fermeté verbale, le parti qui, seul, doté d’une milice héroïque et d’une logistique remarquable, ne cesse de harceler l’occupant ? Même si beaucoup de rouages sont cassés, même si l’appareil est essoufflé, il reste possible de réfléchir (beaucoup) et d’agir (un peu). C’est offenser l’intelligence des Libanais que de n’attribuer à ce pays qu’une place de figurant dès qu’un problème dépasse le niveau élémentaire. Nous avons, je crois, assez d’imagination et assez de courage pour vaincre la résignation à laquelle nous semblons aujourd’hui confinés.
L’élection de M. Barak ne sera-t-elle qu’un épisode de plus dans le long et tragique piétinement des Palestiniens et de leur cause ? Ou annonce-t-elle, comme veulent le croire ou le faire croire certains analystes, l’ouverture d’un chapitre nouveau dans la double histoire des juifs et des Arabes ? La tragédie des uns a commencé là où la tragédie des autres s’est arrêtée....