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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - Deux mille civils ont relevé le défi de l'occupation Des barbelés d'Arnoun, il ne reste qu'un mauvais souvenir (photo)

Qu’Israël accepte d’enlever les barbelés qu’il avait placés autour d’Arnoun, c’est incontestablement une victoire pour le Liban. Quand, par ailleurs, un diplomate vient à s’étonner d’un événement, c’est que celui-ci vaut la peine d’être vécu. «Du jamais-vu, tout le monde a été pris de court», affirme ainsi l’un d’entre eux à la vue du spectacle qu’offraient de jeunes Libanais armés de leur seul courage, arrachant les barbelés israéliens qui, depuis le 17 février dernier, cernaient le village d’Arnoun au Liban-Sud. L’État lui-même n’avait jamais été aussi loin dans sa détermination à affronter l’occupation. Le président Émile Lahoud a ainsi déclaré que «le Liban tiendrait Israël responsable au cas où des civils libanais viendraient à être blessés à Arnoun». Que s’est-il donc passé hier dans cette localité devenue un symbole de la résistance pour tous les Libanais ? Deux mille personnes, des étudiants venus de Beyrouth et des villageois du Sud, ont pénétré au village d’Arnoun incorporé depuis neuf jours par Israël à la zone qu’il occupe. Dans un premier temps, des centaines d’étudiants appartenant notamment à l’Université Saint-Joseph et à l’Université américaine de Beyrouth, ainsi que des habitants d’Arnoun résidant hors de la zone occupée, ont ouvert une brèche dans le double écran de barbelés avec lequel l’armée israélienne avait isolé le village. Faisant fi des mises en garde contre l’existence d’un champ de mines et des tirs de semonce de l’armée israélienne retranchée dans le château de Beaufort qui surplombe Arnoun, les manifestants ont traversé les quelques centaines de mètres qui séparent l’écran de barbelés des maisons du village, déployant des drapeaux libanais et entonnant des chants patriotiques. Ils ont été accueillis par les embrassades de la centaine d’habitants, principalement des femmes, des enfants et des vieillards qui étaient restés coincés au village et qui ont exécuté des danses folkloriques. Une heure plus tard, un millier de villageois, venus des localités avoisinantes, sont arrivés en cortège, conduits par des députés du mouvement Amal, et ont pénétré à leur tour dans Arnoun où régnait une ambiance de fête. En fin d’après-midi, les étudiants et les villageois continuaient à fraterniser dans une atmosphère de liesse et à abattre l’écran des fils barbelés. Du haut des minarets, les dignitaires chiites du Sud appelaient la population à se rendre à Arnoun pour exprimer sa solidarité et soutenir l’action héroïque des manifestants «qui ont brisé le mur de la peur et le siège imposé par les Israéliens à Arnoun». L’avertissement de Lahoud Fort de cet acte de résistance non violente, le président de la République Émile Lahoud a mis en garde l’État hébreu contre d’éventuels dérapages à Arnoun. «Le Liban tiendra Israël responsable au cas où des civils libanais viendraient à être blessés à Arnoun», a déclaré le général Lahoud. Le chef de l’État a chargé le représentant du Liban au comité de surveillance du cessez-le-feu, Maher Toufaïly, de transmettre cet avertissement au président en exercice du comité, l’Américain Richard Erdmann. Visiblement ému par l’événement, le Premier ministre Sélim Hoss devait affirmer pour sa part : «C’est un acte de défense héroïque à mains nues pour une cause nationale légitime. Nous nous inclinons et bénissons ces héros», a-t-il ajouté. Le secrétaire général du Bloc national, M. Ibrahim Estephan, a rendu aussi un vibrant hommage aux jeunes héros d’Arnoun au nom du Amid Raymond Eddé. Mais le mot de la fin revient à un diplomate en poste à Beyrouth. «Personne ne s’attendait, en raison de la disproportion des forces en présence, à ce que des civils sans armes osent passer à l’acte», a-t-il dit. Un constat d’autant plus valorisant qu’il ne s’embarrasse d’aucune émotion.
Qu’Israël accepte d’enlever les barbelés qu’il avait placés autour d’Arnoun, c’est incontestablement une victoire pour le Liban. Quand, par ailleurs, un diplomate vient à s’étonner d’un événement, c’est que celui-ci vaut la peine d’être vécu. «Du jamais-vu, tout le monde a été pris de court», affirme ainsi l’un d’entre eux à la vue du spectacle...