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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence - Paradoxe des formations politiques Pénurie d'idéologie mais inflation des partis en présence

Quel avenir pour les partis politiques libanais ? Les forces politiques en présence ont-elles suffisamment pensé l’avenir pour présenter aujourd’hui leur avis sur les perspectives de changement ? Deux questions qui ont fait l’objet mardi soir d’une table ronde à Achrafieh, dans le cadre des rencontres culturelles des Crénaux. Deux conférenciers, le professeur Antoine Messara, sociologue, et M. Chawkat Chtay, journaliste, ont abordé les derniers problèmes auxqueles se trouve confrontés aujourd’hui les partis politiques. Invités d’honneur à cette discussion, MM. Marwan Hamadé, député du Chouf, et M. Ghassan Tuéini, directeur du quotidien An-Nahar qui ont accepté de partager leur expérience et d’exposer leurs idées sur le sujet. Menant le débat, M. Joe Bahout, chercheur et politologue, a parlé de paradoxe majeur qui marque aujourd’hui la scène partisane, à savoir d’un côté une pénurie d’idéologies, d’autre part une pléthore de partis vieillissants. Et de reconnaître qu’il n’y a jamais eu jusqu’à présent une analyse sérieuse pour déceler les fondements du malaise, et souligner la paralysie actuelle qui frappe les partis libanais. Accusés par certains «d’avoir été des partis-milices», des «cache-misère d’une notabilité régionale étroite», ou encore porteur d’idéologies anachroniques et inadaptées, les partis politiques, affirme M. Bahout, sont aujourd’hui dénigrés par tous. M. Antoine Messara a ensuite pris la parole pour dresser un tableau éclairé de quelques lueurs d’optimisme, ne serait-ce que pour tenter d’élaborer une vision d’avenir qui paraissait bien terne à de nombreux participants ce soir-là. Retraçant l’historique des partis en présence, M. Messara a souligné que l’on ne saurait dénigrer «l’héritage démocratique des partis de 1920 à nos jours» et «le rôle pionnier joué par ces derniers dans la diffusion d’un discours sur la démocratie, les droits de l’homme, le socialisme le pluralisme, l’arabité, et cela dans l’ensemble du monde arabe». Bref une expérience unique de pluralisme, dit-il. Le phénomène «grave», relève M. Messara, c’est lorsque la rue se transformait, en période de crise, en un lieu de règlement des conflits internes, les organisations devenant «communautaires», et bloquant par conséquent le travail du Parlement. Un débat dépassé Alors que «les partis continuent à vivre suivant le slogan dualiste du passé, à savoir libanité/ arabité, confessionnalisme/anti-confessionnalisme, isolationnisme, progressisme, le débat identitaire est aujourd’hui dépassé», affirme le conférencier . Moins optimiste fut l’intervention de Chawkat Chtay, «un repenti de la vie partisane», comme l’avait présenté Joe Bahout, d’autant plus éclairé qu’il a réussi à opérer le recul nécessaire à l’autocritique. Les partis ont aujourd’hui besoin de procéder à une réflexion analytique qui remette en question les erreurs passées, dit-il. Il s’agit également pour eux d’afficher «le refus de la logique de la soumission du présent aux exigences du passé ainsi que le dépassement de la lecture conflictuelle et violente». Les partis actuels souffrent d’une absence du dialogue, constate M. Chtay. La première condition du renouveau, note-t-il, consiste d’abord à se réconcilier avec la société, «ce qui ne semble pas le cas», l’idéologie et la religion «ayant momifié les partis en présence». La réconciliation suppose également «l’acceptation d’autrui» et la reconnaissance de la notion de multipartisme, ajoute le journaliste. Ancien militant au sein du parti Baas, M. Chtay n’a pas manqué de relever l’importance pour toutes les organisations politiques de concentrer leur action sur le plan intérieur plutôt qu’extérieur, «les partis ne pouvant contribuer au développement de la société qu’à travers un véritable programme politique et des pratiques démocratiques», conclut-il. Le débat qui s’ensuivit, et qui a rapidement tourné à un procès d’intentions sur la responsabilité du déclenchement de la guerre et du rôle des partis dans l’aggravation du conflit libanais, n’aura réussi qu’à réveiller les vieux démons. En effet, les porte-parole ont été nombreux à tenter de déculpabiliser des idéologies aujourd’hui vidées de leur sens. Alors que la réflexion de départ se voulait une analyse en profondeur de l’échec relatif des diverses formations politiques et des raisons derrière la difficulté d’émergence de nouveaux partis, les plus jeunes sont restés sur leur faim quant aux perspectives d’avenir, et aux espoirs de participation à la vie publique, qui semblent bien faibles aujourd’hui. M. Tuéni aura eu raison de dire, en conclusion, que les partis n’ont plus de rôle véritable à jouer, (en tous les cas ceux qui prennent actuellement la scène, c’est-à-dire les mêmes ), et que l’avenir appartient aux associations civiles qui ont su formuler des esquisses de réponse aux soucis des gens. Les ONG seraient-elles en train de se muer en partis politiques ?
Quel avenir pour les partis politiques libanais ? Les forces politiques en présence ont-elles suffisamment pensé l’avenir pour présenter aujourd’hui leur avis sur les perspectives de changement ? Deux questions qui ont fait l’objet mardi soir d’une table ronde à Achrafieh, dans le cadre des rencontres culturelles des Crénaux. Deux conférenciers, le professeur Antoine Messara,...