Quarante kilomètres pour accéder au cimetière d'Arnoun (photo)

Le président de la municipalité d’Arnoun, intégré par Israël à la zone qu’il occupe au Liban-Sud, a dû faire mercredi un détour de 40 kilomètres pour franchir les quelques dizaines de mètres qui séparent sa maison du cimetière du village et y enterrer sa fille. Afifa Hamdane, 45 ans, mère de cinq enfants, était décédée mardi à Beyrouth, et sa famille avait décidé de l’inhumer dans le cimetière du village. Son père, Afif, 70 ans, maire d’Arnoun, a pu se rendre au cimetière après d’âpres négociations menées avec les autorités israéliennes par le biais de représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il a été néanmoins contraint de faire un détour par Kfar Tebnit, l’un des cinq points de passage reliant la zone occupée par l’État hébreu au Liban-Sud au reste du pays, selon la police libanaise. Mais seule son épouse l’accompagnera sur le trajet aller-retour. Son fils et sa seconde fille n’ont pas obtenu l’autorisation de se rendre au cimetière du village. Ils ont suivi la cérémonie de loin, agglutinés avec quelques dizaines d’autres personnes le long de la double rangée de barbelés placée il y a une semaine, sous le couvert de l’obscurité, par l’armée israélienne et sa milice auxiliaire locale, l’Armée du Liban-Sud (ALS), pour annexer le village à la zone occupée. «Je voulais au moins l’embrasser», se lamente Zeinab, la sœur de la défunte, en larmes. Au cimetière, de l’autre côté des barbelés, une centaine de parents et amis, venus de Beyrouth et des villages voisins, assistaient à l’inhumation, tandis qu’un hélicoptère israélien tournoyait dans le ciel.