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Actualités - REPORTAGES

Des efforts louables, mais insuffisants, estime le Dr Gerbaka

«Désormais, il faudra que les gens prennent le pli de demander des comptes à leurs représentants et de les presser à s’engager, à travers leur programme électoral, à garantir la sécurité du citoyen, qui commence par la sécurité routière». C’est par ces mots que le Dr Bernard Gerbaka, pédiatre et membre du Conseil d’administration de la Yasa (une association pour la prévention routière), a commenté la déplorable situation prévalant sur nos routes. Il s’agit surtout, selon lui, de déterminer les responsabilités qui incombent à chacun et, en premier, à l’État. Car, dit-il, si les autorités ne prennent pas les sanctions adéquates pour faire appliquer leurs décisions, ces dernières resteront lettre morte. Commentant les dernières mesures décidées mardi dernier lors d’une réunion regroupant le ministère de l’Intérieur et les administrations responsables de la sécurité routière, le Dr. Gerbaka a estimé que «ces efforts sont louables mais insuffisants. D’ailleurs, c’est malheureux que l’on ait pris ces mesures à la suite de la mort de 4 jeunes», décédés la semaine dernière dans un terrible accident, a commenté le pédiatre, qui milite depuis de nombreuses années pour la prévention routière. Les enfants, souvent victimes des fautes commises par les adultes, sont plus particulièrement au centre de son intérêt. Prié de commenter la teneur des nouvelles mesures adoptées, le Dr Gerbaka a repris point par point les nouvelles réglementations qui devraient normalement entrer en vigueur d’ici un mois. Tout d’abord, note le pédiatre, l’idée des radars est certes primordiale, mais leur utilisation doit être judicieuse, à savoir qu’il faudra les placer tout d’abord dans des régions à hauts risques et les tronçons d’autoroute dits dangereux (ou autoroute de la mort en terminologie populaire). Mais en même temps, ces radars doivent être mobiles (c’est à dire transportables par véhicules) et doivent être par conséquent régulièrement déplacés d’un endroit à l’autre, «pour éviter les actes de vandalisme, le Libanais étant habitué à saccager tout ce qui lui tombe sous la main». La mobilité des radars est également importante pour que les conducteurs (plus particulièrement les fous du volant) ne puissent pas détecter leur emplacement et pour éviter qu’ils «trichent» dès qu’ils sont à proximité du détecteur. La limitation de la vitesse Concernant la limitation de la vitesse, cette mesure est certes nécessaire, affirme le médecin, à condition qu’elle soit appliquée de manière «intelligente». On ne pourra pas «exiger, par exemple, une limitation à 60 à l’heure sur une autoroute; de même que les embouteillages doivent être pris en considération, ainsi que l’existence de passerelles ou de certains passages destinés aux piétons», poursuit le Dr Gerbaka. D’ailleurs, dit-il, le tronçon Beyrouth-Jounieh ne peut pas être considéré comme une autoroute, mais plutôt comme une «nationale», puisqu’ elle est ponctuée d’intersections, de passerelles pour piétons, d’où la nécessité d’appliquer la vitesse tolérée en fonction. Quand au test d’alcoolémie (examen de sang), commente le pédiatre, il doit être appliqué à tous les conducteurs blessés, amenés aux urgences, afin de prendre des sanctions punitives à leur encontre, d’où la nécessité de munir tous les hôpitaux des équipements nécessaires. Ces tests constitueront surtout des preuves tangibles durant les procès. En outre, l’alcootest sera, dans un premier temps, systématiquement appliqué, et ce, à la moindre suspicion «pour que le test soit validé, d’une part, et pour que les agents de la circulation puissent se familiariser avec le nouveau système». Dans un second temps, le «test de marche» et celui du «doigt-nez» fera l’affaire dans certains cas, et l’alcootest, en dernier lieu. Pour ce qui concerne l’interdiction de l’utilisation du cellulaire, il est bien entendu que la loi existe déjà ( depuis 2 ans) commente le médecin. Le problème c’est qu’elle n’a jamais été appliquée. Le Dr Gerbaka ne semble toutefois pas convaincu de l’utilité de l’interdiction totale du mobile, gadget préféré des Libanais, mais également outil de travail indispensable. À son avis, la solution reste toutefois «l’interdiction de manipuler le cellulaire en voiture» le “car kit” ou l’écouteur étant des solutions plus applicables, comme c’est le cas en Europe. Par conséquent, le conducteur devra s’arrêter et se garer sur le côté, dès lors qu’il aura besoin de former un numéro, ou pour toute autre manipulation. Mesures dissuasives Pour ce qui est de la décision d’interdire la circulation des motocyclettes, le Dr Gerbaka estime que l’interdiction totale n’est pas très réaliste, la solution étant, là aussi, de prendre des mesures intransigeantes et de les faire appliquer de la manière la plus sérieuse. Parmi les sanctions à prendre, le retrait du permis, des amendes lourdes et même la prison pour tous les contrevenants. Le port du casque doit être bien sûr rendu obligatoire, poursuit le Dr Gerbaka. Enfin, le port de la ceinture, qui avait été exigé par une décision qui date depuis quelque temps déjà, n’a jamais été appliqué. Les efforts à faire, enchaîne le médecin, doivent porter sur des actions punitives relativement lourdes qui obligeraient les conducteurs à utiliser la ceinture, bon gré mal gré. Cependant, ajoute le Dr Gerbaka, il importe que l’État contribue à assurer la ceinture à toutes les voitures qui n’en sont pas équipées ( à peu près 20 %) et ce, en exigeant qu’elles soient fournies et installées à un prix minimal (ceux qui n’en ont pas étant généralement de condition souvent modeste). Même chose pour les sièges-auto destinés aux enfants (de 1 à 4 ans). Ces sièges, ainsi que les boosters (4 à 8 ans) qui sont relativement chers, devraient être détaxés afin de permettre à tout le monde de les acquérir, affirme le pédiatre, laquelle acquisition doit nécessairement être rendue obligatoire. On pourrait par exemple «refuser de délivrer le carnet de santé aux parents si la voiture n’est pas équipée de ce type de sièges» propose le Dr Gerbaka. Il s’agit surtout de conscientiser les parents à ce problème par le biais des maternités, garderies et écoles. Mais «Charité bien ordonnée commence par soi-même». Toutes ces mesures, dira le pédiatre militant, ne serviront pas à grand chose si les officiels continuent eux-mêmes à ignorer le code de la route. Le Dr Gerbaka faisait certainement allusion aux accidents de la route qui sont souvent causés par des agents officiels et, bien sûr, les éternels convois de députés, ministres, ambassadeurs et autres officiels et officieux. N’est-il pas attendu de ce beau monde de donner le bon exemple ?
«Désormais, il faudra que les gens prennent le pli de demander des comptes à leurs représentants et de les presser à s’engager, à travers leur programme électoral, à garantir la sécurité du citoyen, qui commence par la sécurité routière». C’est par ces mots que le Dr Bernard Gerbaka, pédiatre et membre du Conseil d’administration de la Yasa (une association pour...