Vie politique - Le président de la Chambre critique l'immobilisme du Cabinet Réunion de franche explication Hoss-Berry

Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, a reproché de vive voix au chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, certains points qu’il avait soulevés dans son communiqué de dimanche dernier qui avait fait l’effet d’une bombe politique. M. Berry s’est rendu hier au Grand Sérail pour la première fois depuis sa restauration l’an dernier. Le principal objectif de la visite n’était pas d’effectuer une tournée sur les lieux. Elle s’est imposée à la suite du communiqué que M. Hoss avait fait paraître dimanche et dans lequel il avait implicitement reproché à M. Berry de se poser en obstacle à la poursuite du processus de mise à pied de certains fonctionnaires, engagé par le gouvernement dans le cadre de la réforme administrative. Les deux pôles du pouvoir ont eu une réunion de franche explication, durant laquelle M. Berry a de nouveau insisté sur la nécessité que le programme de réforme soit confié aux seuls organes de contrôle, tout en soulignant son soutien au Cabinet. Le chef du Législatif, qui s’était d’abord rendu au palais de Baabda, pour un entretien avec le chef de l’État, le général Émile Lahoud, est arrivé à 12h30 au Grand Sérail où un accueil officiel lui a été réservé. Il a été reçu par le directeur du protocole, M. Ramez Dimachkiyé. Il a passé en revue un détachement d’honneur des FSI avant de se diriger vers le bureau du chef du gouvernement. Aux journalistes qui insistaient sur l’importance de sa visite après son entretien avec le chef de l’État à Baabda, M. Berry a répondu : «Cela n’est pas nouveau pour moi. Ce qui est nouveau, c’est le Grand Sérail». Il s’agit en effet de la première visite du président de la Chambre au siège de la présidence du Conseil. L’entretien de MM. Berry et Hoss a duré 50 minutes au terme desquelles le chef du Législatif s’est abstenu de toute déclaration à la presse. Pourtant, des arrangements avaient été pris pour préparer une tribune spéciale à l’intention de M. Berry. Devant l’insistance des journalistes qui demandaient à connaître la teneur des échanges entre les deux pôles du pouvoir, le chef du Parlement s’est contenté de déclarer : «Mabrouk (mes félicitations) de tout mon cœur au président Hoss pour le sérail». Les reproches de Berry à Hoss Le chef du gouvernement a fait preuve de la même discrétion, refusant également de donner la moindre indication au sujet de sa conversation avec M. Berry : «L’entretien avec le président Berry était bon. Excusez-moi, mais je n’ajouterai rien de plus. Pas de déclarations aujourd’hui». C’est du Parlement que sont parvenus les échos concernant l’entretien du Grand Sérail. Cité par les députés qu’il a reçus place de l’Étoile, M. Berry a affirmé son appui «indéfectible» au gouvernement de M. Hoss, ajoutant que le président Lahoud «le soutient également de toutes ses forces». Il a ensuite noté que le communiqué du chef du gouvernement «expose des vérités», avant d’affirmer avoir reproché à M. Hoss certains points qu’il a soulevés, selon les mêmes sources. Rappelons que M. Hoss avait évoqué dans son communiqué les interventions de l’ancienne troïka du pouvoir dans les nominations administratives, accusant indirectement le chef du Législatif de protéger ceux dont il avait soutenu la nomination. Devant ses visiteurs, M. Berry a aussi déclaré qu’il a reproché au gouvernement son immobilisme, de tout geler en attendant d’en finir avec le dossier de la réforme. Il a fait remarquer que la vie politique en même temps que l’économie nationale doivent être dynamisées, soulignant que l’Exécutif peut confier le dossier de la réforme aux organes de contrôle. Ces derniers, a-t-il ajouté, prendront tout le temps dont ils auront besoin pour l’étudier et pour adopter les mesures qui s’imposent, ce qui évitera immanquablement les erreurs. À son tour, le gouvernement aura le temps de s’attaquer à d’autres dossiers tels que le budget de 1999 et la réorganisation du paysage audiovisuel, a-t-il conclu.