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Actualités - ANALYSE

En filigrane, un mécontentement qui vise certains ministres

On ne se méfie jamais assez de l’eau dormante. En sortant brusquement de ses gonds, l’homme tranquille a surpris tout le monde. Le chef de l’État en premier. D’autant que dans sa boulimie de glasnost et d’autocritique, le président Hoss annonce qu’il va réviser sans tarder une politique qui n’a même pas encore commencé, ou à peine ! On apprend ainsi de source fiable que le président Émile Lahoud a téléphoné le dimanche soir au président du Conseil. Pour lui confirmer qu’il approuve ses propos et qu’il le soutient. Les ministres de leur côté confirment à l’unisson qu’ils n’ont pris connaissance du coup d’éclat de M. Hoss que par les médias, car il ne s’en était ouvert à aucun d’entre eux. Et pour cause : c’est à certains d’entre eux qu’il en veut, apprend-on ! Cette bombe est une initiative sans précédent au niveau des chefs de gouvernement. Du moins dans sa partie autocritique, développée peut-on croire, pour rendre encore plus fortes et plus crédibles les accusations que le chef du gouvernement lance à l’encontre de beaucoup de parties, sans citer de noms. «Pour que M. Hoss, si calme de tempérament, en vienne à être aussi virulent, il faut vraiment que la coupe déborde», estime l’un de ses amis. Et d’expliquer que «le chef du gouvernement a été blessé par les rencontres que certains ministres et certains responsables sécuritaires ont accepté d’avoir avec M. Rafic Hariri. Leurs justifications n’ont pas convaincu le Premier ministre que d’ailleurs ils n’avaient pas prévenu d’avance, comme il aurait été convenable de le faire. M. Hoss a estimé que cette approche était d’autant plus inopportune que son gouvernement est en butte à de très fortes attaques non seulement de la part des haririens mais aussi de la part de pôles déterminés qui se présentent par ailleurs comme de dévoués soutiens du régime. Autrement dit, quand ses ministres vont chez l’adversaire et que les laudateurs du régime l’attaquent personnellement, lui ne sait plus qui est avec lui et qui est contre lui. Il a donc décidé de prendre le taureau par les cornes, de relever le défi, de mettre les points sur les i et tout le monde devant ses responsabilités». Cette personnalité ajoute que «le timing choisi peut paraître étranger, mais il y avait urgence. Car, dans certains cercles, on commençait à parler d’un remaniement du ministère ! Comme si Baabda voulait faire le ménage et que le Sérail n’était pas d’accord. M. Hoss a donc, et c’est tout naturel, beaucoup insisté vis-à-vis de l’opinion publique sur sa parfaite entente avec le président Lahoud. Il a de même, toujours par honnêteté à l’égard de cette opinion, rappelé qu’il ne possède pas de baguette magique pour tout résoudre et que son gouvernement a pu commettre des erreurs, notamment dans les nominations administratives. Mais il estime que le Cabinet a subi trop de pressions, qu’on ne lui a pas donné sportivement sa chance et qu’il est profondément injuste de l’accuser d’avoir échoué, alors qu’il est encore au début du chemin». Le fait est que l’opposition se fait gênante, sur le plan du prestige, deux des membres du très sélect club des présidents du Conseil – en fait les deux seuls encore actifs politiquement –, MM. Rafic Hariri et Omar Karamé faisant front contre M. Hoss. Qui se pose également des questions sur l’attitude de l’Assemblée, dont le vice-président M. Élie Ferzli n’est pas tendre à son égard. L’élément de perturbation, à ce niveau précis, est que le président du Conseil ne sait plus si M. Nabih Berry est avec ou contre lui. On sait en effet qu’après la convocation de M. Kabalan Kabalan, président berriyiste du Conseil du Sud, par les organismes de contrôle, M. Berry s’est arrangé pour saboter en représailles le projet gouvernemental concernant le Conseil national de l’audiovisuel. On dit aussi que le chef du Législatif ne serait pas tout à fait étranger au coup d’arrêt donné à l’épuration dans l’administration et aux nominations. Plus exactement certains estiment que cette pause est surtout due au fait que l’on ne veut pas trop toucher aux bonshommes qui relèvent du leader sudiste. Or en critiquant certaines nominations, M. Hoss semble indiquer que le système du partage n’a pas vraiment disparu dans l’État. Mais peut-on vraiment s’en étonner, à l’ombre du système mis en place par Taëf ?
On ne se méfie jamais assez de l’eau dormante. En sortant brusquement de ses gonds, l’homme tranquille a surpris tout le monde. Le chef de l’État en premier. D’autant que dans sa boulimie de glasnost et d’autocritique, le président Hoss annonce qu’il va réviser sans tarder une politique qui n’a même pas encore commencé, ou à peine ! On apprend ainsi de source...