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Actualités - REPORTAGES

Procès Karamé - Abdel Razzak entendu une seconde fois mercredi Les documents officiels du commandement de l'armée soulèvent une polémique

On les attendait depuis l’ouverture du procès Karamé. Mais les documents officiels du commandement de l’armée ne sont arrivés qu’à la veille du début des plaidoiries. Et, terrible déception pour les journalistes, le président de la cour, M. Mounir Honein, a décidé de ne pas en lire le contenu, se contentant de distribuer des copies aux parties directement concernées. Selon lui, ces documents comportent des informations secrètes sur l’institution militaire. Courte mais importante, c’est l’impression qui se dégage de l’audience d’hier. Même si, pour tirer leurs conclusions, les journalistes ont dû se contenter des remarques lancées un peu au hasard par les protagonistes. Pendant près d’une demi-heure, «les personnes concernées» ont compulsé des documents originaux ou des photocopies, alors que le reste de l’assistance s’ennuyait. Les documents semblaient pourtant de la plus haute importance. Il y avait ainsi les fameux registres de la base de Kleyate (deux vieux cahiers à la couverture bordeaux et aux pages jaunies), les notes écrites prévoyant la création des bases aériennes de Halate et d’Adma, l’original de la liste d’inventaire portant la signature de Khalil Matar et datée de 1985 (dans laquelle le commandement lui a remis 5 émetteurs Genav), ainsi que l’original de l’affiche collée à l’intérieur des hélicoptères Puma et portant les fréquences utiles aux pilotes de ces appareils. Panne dans les fréquences Matar commence par contester l’importance de l’affiche collée à l’intérieur des hélicoptères. Selon lui, elle ne peut constituer un document officiel puisqu’elle comporte, entre autres fréquences, celle de Radio-Monte-Carlo, qui n’est d’aucune utilité technique pour les pilotes. Il étudie ensuite longuement le registre de la base de Kleyate, dans lequel il est noté que le 5 mai 1987 (moins d’un mois avant le drame), une panne est survenue sur la fréquence 123,1 de la base. Le technicien de service écrit aussi avoir demandé à un hélicoptère d’utiliser une autre fréquence, le temps que celle-ci soit réparée. Ce qui signifierait que la fréquence 123,1 serait celle de la base de Kleyate. Or, tout au long des précédentes audiences, Matar avait affirmé qu’en 1987, cette fréquence était celle de la base de Halate. Cet élément est important car si c’est la fréquence de Halate, il est normal que le brigadier ait entendu sur son poste Genav la fameuse communication «Proceeding to Adma» qui a permis, le 1er juin 1987, de savoir que le premier hélicoptère survolant le bateau n’était pas celui qui était piégé. Si, au contraire, c’était la fréquence de Kleyate, cela signifierait que Matar a intentionnellement branché son émetteur sur cette fréquence pour «aider» le chef du service de sécurité des FL, Ghassan Touma, et ses compagnons. En principe, le registre remis à la cour devait permettre de trancher ce point crucial. Mais Matar a expliqué aux magistrats que l’avion cité dans le registre est syrien et par conséquent, il utilise des fréquences spéciales. Addoum fait alors remarquer que rien n’indique que l’hélicoptère est syrien. Mais Matar rétorque qu’il est écrit que cet hélicoptère se rend à Damas. Il va même y passer la nuit. Justement Addoum trouve bizarre que l’on note dans un registre libanais qu’un hélicoptère syrien compte passer la nuit à Damas… Avec son habituelle intégrité pointilleuse et son souci extrême du détail, le président Honein décide alors de convoquer le témoin déjà entendu, le commandant Abdel Rahmane Abdel Razzak, chargé des registres pour une audience spéciale mercredi. Abdel Razzak, qui avait été convoqué grâce au pouvoir discrétionnaire de la cour et dont le nom n’avait pas figuré dans le dossier initial, avait créé la surprise, la semaine dernière, en contredisant tous les témoins de la défense et en donnant une version différente de celle du brigadier Matar.
On les attendait depuis l’ouverture du procès Karamé. Mais les documents officiels du commandement de l’armée ne sont arrivés qu’à la veille du début des plaidoiries. Et, terrible déception pour les journalistes, le président de la cour, M. Mounir Honein, a décidé de ne pas en lire le contenu, se contentant de distribuer des copies aux parties directement concernées. Selon lui,...