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Actualités - ANALYSE

Polémique - Le dossier des déplacés toujours en vedette Joumblatt : le retour aux déclarations explosives

Spécialiste des déclarations fracassantes, l’imprévisible Walid Joumblatt désoriente parfois par son génie de la provoc, comme on dit, ses plus fidèles partisans. Qui doivent ensuite se plier à de pénibles contorsions verbales pour expliquer qu’il a un style d’expression bien à lui, qu’il ne faut pas s’arrêter à des formes – qui n’y sont pas –, mais penser au fond, qui reste valable. À vrai dire, entre dimension stratégique et portée tactique des déclarations joumblatiennes, on s’y perd. Ainsi c’est une sourde inquiétude que suscitent à l’Est, comme dans les cercles gouvernementaux, les récents propos incendiaires du leader druze. Des boulets rouges qui font penser à cette guerre intérieure, à ce déchirement confessionnel dont les Libanais ont tant souffert et qu’ils voudraient pouvoir oublier pour de bon. Ce qui implique une série de souhaits qui s’impose d’elle-même : réconciliation nationale, entente, consolidation des règles de la cœxistence et retour des déplacés. Dont le dossier doit cesser d’être une denrée de troc dans le bazar politicien, dans le marigot où les sauriens qui nagent en eau trouble rivalisent de surenchères. Dans tous les sens, à preuve que pour le chef du Parti socialiste progressiste, il faut aider l’occupant, le squatter avant l’«exodé», le déplacé car il estime en substance que «ceux qui sont restés sur leurs terres ont besoin de soutien comme ceux que le gouvernement tente de ramener». En termes pratiques, ces équations signifient que la principale puissance politique sur le terrain en montagne fait obstruction au plan que le nouveau ministre des Déplacés M. Anouar el Khalil veut développer en vue du retour. Un objectif déjà assez difficile par lui-même. En effet, il faut encore trouver des fonds : les quelque 800 millions de dollars dépensés jusque-là n’ont permis qu’un retour à 25 % à peine. Si l’on devait suivre les paramètres établis du temps où M. Joumblatt était en charge, il en faudrait donc encore trois fois plus, soit quelque 2,24 milliards de billets verts. L’ancien ministre des Déplacés a d’ailleurs reconnu, honnêtement et publiquement, que la plupart des crédits avaient été dépensés de son temps à des fins politiques, des indemnités ayant été octroyées à certains rouages, à certaines clés, comme s’il s’agissait d’élections. Parallèlement, on le sait, des squatters favorisés, appartenant à deux parties connues, ont touché à Beyrouth et dans sa banlieue, trois fois des dédommagements pour évacuation des locaux occupés. Aujourd’hui c’est aussi la défense de l’occupant que semble prendre le leader du PSP. Selon un député «c’est là une relance qui a simplement pour but de rappeler que sans M. Joumblatt rien ne peut se faire. Le problème c’est qu’en visant le gouvernement, il atteint une autre cible, qui est tout simplement le déplacé lui-même. Et par voie de conséquence, il porte également atteinte à l’entente, voire à la stabilité politique intérieure, très sensible aux dissensions de nature confessionnelle». De son côté le leader du Parti national libéral, M. Dory Chamoun qui préside le conseil municipal de Deir el Kamar s’est vivement étonné des prises de position de M. Joumblatt. Il a souligné que le leader du PSP «tire à gauche et à droite, ce qui n’est pas le fait d’un bon chasseur». M. Chamoun a confié à des proches qu’il a rencontré dernièrement M. Joumblatt et qu’il lui a franchement expliqué sa façon de penser, en émettant le souhait de le voir mettre un peu d’eau dans son vin, car ses propos atteignent une partie chrétienne que le leader opposant ne veut sans doute pas viser. Selon ces sources M. Chamoun aurait également émis le souhait de voir M. Joumblatt cesser de faire allusion d’une manière négative à Bkerké, pour garder à l’écart ce siège qui est un recours national. Le chef du PNL aurait ajouté que si M. Joumblatt a des points à discuter avec le cardinal Sfeir, ou des remarques à lui opposer, il peut le faire directement, sans user de ballons médiatiques.
Spécialiste des déclarations fracassantes, l’imprévisible Walid Joumblatt désoriente parfois par son génie de la provoc, comme on dit, ses plus fidèles partisans. Qui doivent ensuite se plier à de pénibles contorsions verbales pour expliquer qu’il a un style d’expression bien à lui, qu’il ne faut pas s’arrêter à des formes – qui n’y sont pas –, mais penser au fond, qui...