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Actualités - CHRONOLOGIE

Saint-Maron - Le pays attend toujours la paix totale Sfeir : les libanais ne se sentent pas encore maîtres de leur destin (photo)

Le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir a affirmé hier que «le Liban n’est pas encore parvenu à la paix totale et les Libanais ne se sentent pas encore maîtres de leur destin». Mgr Sfeir a célébré hier matin à Bkerké la messe de la Saint-Maron en présence notamment de l’ancien président de la République, M. Élias Hraoui. À Beyrouth, l’office divin a été célébré par l’archevêque de la capitale, Mgr Paul Matar, qui a placé son homélie sous le thème de la patrie, une entité spirituelle. Le patriarche maronite a entamé son homélie en souhaitant la bienvenue à M. Hraoui qu’il a remercié «en mon nom propre et au nom d’une grande partie des Libanais sinon de tout le peuple libanais pour avoir assurer le passage du Liban au cours de votre mandat de l’état de guerre à l’état de paix même si cette paix est incomplète puisque la patrie n’a pas encore récupéré sa dignité nationale et que les Libanais ne se sentent pas encore maîtres de leur destin». Mgr Sfeir a ensuite consacré la majeure partie de son homélie au sens de la fête, mettant notamment l’accent sur l’importance de «la foi en Dieu» et «le sacrifice pour Dieu et les hommes». Évoquant «les valeurs qui édifient les individus et les patries», le patriarche maronite a mis l’accent sur «l’amour synonyme de sacrifice» et a affirmé : «On ne peut édifier une patrie sans amour, sans sacrifices et sans solidarité». «Plus augmentent les conflits entre les fils d’une patrie, plus augmentent les malheurs, la pauvreté, la famine et les destructions», a encore estimé Mgr Sfeir . «N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous avons appris du fait des guerres qui se sont déroulées chez nous ?», s’est-il demandé. «La leçon a été dure et nous souhaitons pouvoir en tirer profit pour resserrer nos rangs et purifier nos cœurs», a conclu le prélat maronite. Après la messe, le patriarche maronite, ayant à ses côtés le président Hraoui, devait recevoir des dizaines de visiteurs et de délégations venus lui présenter leurs vœux. Le président Lahoud, ainsi que le Amid du Bloc national Raymond Eddé, le président de l’Assemblée M. Nabih Berry et le cheikh Akl druze Bahjat Ghaïth ont pris contact avec le chef de l’Église maronite, au téléphone, pour lui exprimer leurs vœux. Des messes pour la Saint-Maron ont été également célébrées dans toutes les grandes villes du Liban, ainsi qu’à Beiteddine et Deir el-Kamar. Pour la première fois, une messe a été célébrée sur le site de la grotte de Saint-Maron, aux sources de l’Oronte, dans le Hermel. C’est l’évêque de Deir el-Ahmar-Baalbeck, Mgr Mounjed el-Hachem, qui a eu le privilège d’officier sur le site, un geste appelé à devenir une tradition. Mgr Matar : La patrie, une entité spirituelle «La patrie est une réalité plus grande qu’un groupement humain rassemblé temporairement autour d’intérêts occasionnels et passagers. Elle est plus grande qu’une association fondée sur des chartes et des pactes. Elle est essentiellement et avant tout une entité spirituelle qui s’élabore dans l’histoire et s’incarne dans une terre donnant le jour à ses fils d’une génération à l’autre». C’est ce qu’a affirmé l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Paul Matar, dans l’homélie qu’il a prononcée au cours de la messe solennelle qu’il a célébrée en l’église Saint-Maron de Beyrouth. Fait unique et rare : la messe a été célébrée en l’absence du chef de l’État. Dérogeant à la tradition, le général Lahoud s’est fait représenter par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr. Ce dernier était entouré des représentants du président de l’Assemblée nationale M. Nabih Berry et du chef du gouvernement M. Sélim Hoss, respectivement, le député Abdel-Latif Zein et le ministre Najib Mikati. Étaient également présents les présidents Hussein Husseini et Rachid Solh, les ministres Anouar el-Khalil, Arthur Nazarian, Sleiman Traboulsi, Hassan Chalak, Georges Corm, Karam Karam et Mohammed Youssef Beydoun, le nonce apostolique au Liban, le vicaire patriarcal général Mgr Roland Abou Jaoudé représentant le patriarche maronite ainsi que d’autres personnalités politiques, militaires, religieuses et diplomatiques. Le prélat a entamé son homélie par un hommage au président de la République, dont il a affirmé «regarder son régime avec beaucoup d’espoir», avant de lui souhaiter «de mener le pays vers le havre de la paix, avec l’aide de ses sincères collaborateurs». Après avoir présenté ses «condoléances au roi et au peuple de Jordanie à la suite de la disparition du roi Hussein», Mgr Matar a adressé ses «félicitations à la Syrie et à son peuple pour le renouvellement du mandat du président Assad». Évoquant par ailleurs la signification de la patrie, Mgr Matar a déclaré : «Dans une patrie, il peut y avoir une diversité de catégories et de groupements humains, mais il ne peut y avoir par eux et pour eux qu’une seule entité capable d’unifier le sort de tous et de les unir dans les heurs et malheurs. Quant à son destin, il ne saurait être décidé par une partie de ses fils, ni par les fils d’une même génération et d’une même époque, car la patrie est le bien de toutes les générations passées, présentes et futures. Et de poursuivre : «Et nous-mêmes, au Liban, avons tous acquis la conviction, Dieu merci, que notre patrie est une et puissante par l’unité de sa terre, de son peuple et de ses institutions. Les expériences nous ont appris que nous n’avons d’autre refuge qu’en elle, d’autre grandeur que par elle, d’autre destin que dans son destin bien solide et bien assuré. Nous avons réalisé que les patries ne sauraient être des îlots isolés, et nous en sommes venus à discerner à l’unanimité le frère de l’ennemi. Nous avons compris, au prix de notre sang, que ce qui se passe au Sud est une occupation criminelle et que la résistance à cette occupation est l’honneur de la petite patrie qui s’insurge pour défendre sa dignité blessée». «Ce qui conforte nos espoirs et stimule nos énergies, a poursuivi Mgr Matar, c’est la nouvelle orientation tracée par le président Lahoud dans son premier discours et dont l’axe principal tourne autour de la nécessité de reconstruire l’État, afin qu’il puisse faire face aux défis. Nous sommes fiers du président qui commence son mandat par un détachement et une élévation qui rappellent les grands fondateurs qui souhaitent voir leur personne ne faire qu’un avec leur peuple». «Avec notre président nous voulons d’abord l’État de droit. C’est la démocratie sociale qui revient dans notre pays alliant politique et morale. Elle comporte la vigilance dans la gestion du denier publie». «Nous savons que notre pays ploie sous les dettes, a encore dit l’archevêque de Beyrouth. Mais nous savons aussi que nos jeunes cherchent à partir pour les quatre coins du monde en quête d’une vie digne pour eux et pour leurs familles, et pour assurer à leurs enfants éducation, santé et logement. Ils se voient contraints de choisir l’exil loin de la partie à laquelle ils sont pourtant attachés, sans pour autant sentir que leur attachement est payé de retour. Sommes-nous donc inaptes à organiser notre foyer alors que, sous d’autres cieux, les autres le font si bien ? Ou bien négligeons-nous de tenir la clef qui offre une solution radicale à nos problèmes sociaux ? Cette clef n’est autre, en fait, qu’une juste solidarité entre nos riches et nos pauvres, qui seule peut renforcer notre unité d’existence et servir de rempart à notre patrie contre toute scission sociale de ses fils qui serait plus dévastatrice que toute autre». «L’occasion est propice aujourd’hui pour que notre patrie consolide les fondements de l’État, développe ses institutions, fortifie sa structure sociale et remette la machine économique en mouvement. Cela nécessite cependant que nous conjuguions nos efforts, que nous nous élevions au-dessus de nos intérêts et de nos passions, que nous demandions des comptes à nous-mêmes avant d’en demander aux autres. Puissons-nous répondre à l’appel comme un seul homme en travaillant, chacun à partir de sa position, avec tout le monde et pour le bien de tout le monde. Car n’oublions pas que le temps est à l’urgence, que toute chose autour de nous est en train de changer et que l’occupation pèse encore sur notre terre dans le Sud. Nous ne devons pas ajouter au temps qui se perd devant nous un nouveau temps perdu», a conclu Mgr Matar.
Le patriarche maronite Mgr Nasrallah Sfeir a affirmé hier que «le Liban n’est pas encore parvenu à la paix totale et les Libanais ne se sentent pas encore maîtres de leur destin». Mgr Sfeir a célébré hier matin à Bkerké la messe de la Saint-Maron en présence notamment de l’ancien président de la République, M. Élias Hraoui. À Beyrouth, l’office divin a été...