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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Causerie Bassam Baraké part avec Goethe à la découverte de la poésie orientale

Linguiste, professeur à l’Université libanaise, M. Bassam Baraké a donné une causerie – en français – au Goethe Institut (Manara) sur le thème «Goethe et le monde arabe». Un exposé intéressant, avec lecture de poèmes, sur les traces de l’Orient dans les œuvres du grand auteur allemand. Johann Wolfgang von Goethe vécut de 1749 à 1832. La richesse de la littérature allemande de cette période traduit de profonds changements, tant au niveau socio-politique que littéraire, rappelle M. Bassam Baraké. Dans le domaine de la poésie, la jeune génération (celle de Goethe), nommée «Sturm und Drang» (fugue et impulsion), fonde un nouveau style et crée une nouvelle poésie. Une poésie plus libre, résultat évident de l’ascension de l’individualisme. La connaissance de l’Orient et la redécouverte de l’islam et de la poésie arabe jouent un certain rôle dans ce changement. L’une des conquêtes du romantisme allemand, plus généralement européen, a été la reconnaissance de l’apport de l’Orient à l’Occident, souligne M. Baraké. Et de citer Goethe, dans un poème publié en 1891 («Divan occidental-oriental ») : «L’Occident comme l’Orient / T’offrent à goûter des choses pures…/ Assieds-toi au grand festin / Tu ne voudrais pas, même en passant / Dédaigner ce plat ». En 1814, après une période de remise en question et de morosité, Goethe retrouve le goût d’écrire. Il se sent renaître. Il vient de découvrir le lyrisme persan, la poésie de Hâfiz. Un art chargé de sagesse et de traditions, porteur de significations nouvelles et secrètes. Goethe goûte plusieurs poètes (Ferdousi, Jalal-Eddine el-Roumi, Saadi, Khayyâm…), mais un seul deviendra son modèle et son maître : Mohammed Chamseddine Hâfiz. Dorénavant, Goethe s’affranchit des règles rigides de l’art occidental pour laisser libre cours à son imagination et à sa verve poétique, poursuit Bassam Baraké. Il ne cesse d’inventer des formes nouvelles. Le lyrisme oriental lui sert de source abondante d’images, de figures et d’impressions «neuves et simples». À travers ces images exotiques, le poète traduit ses états d’âme. L’amour En 1815, Goethe passe quelques semaines chez son ami le banquier Willemer, à Francfort. Willemer est marié à une jeune actrice, Marianne Jung. Goethe en tombe amoureux. Pour ne pas succomber, fuyant l’adultère, il quitte le couple. Cet amour réciproque et renonçant donne naissance à des chants d’amour où règnent l’atmosphère orientale et le lyrisme des poètes arabes amoureux. On y trouve, souligne M. Baraké, plusieurs thèmes récurrents dans les poèmes arabes ( comme les pleurs abondants à cause de la séparation d’avec la bien-aimée), mais surtout les motifs de la poésie des Mu’allaqât : le désert, l’espace infini, le chamelier, la nuit, les caravanes… Dans son livre sur «Goethe et le monde arabe», Katharina Mommsen souligne chez le poète l’influence, entre autres, du «naçib» et du ghazal. L’islam Suivant les conseils de son ami le philosophe Herder, Goethe se met à lire le Coran, probablement à partir de 1770, poursuit le conférencier. Il s’intéresse à la personnalité du Prophète auquel il voue tout au long de sa vie beaucoup de respect et d’admiration. En fait, il trouve une grande affinité entre sa pensée religieuse et existentielle et les principes coraniques. Cette relation presque mystique trouve ses effets dans toute son œuvre et principalement dans le Divan. Pour Goethe, les êtres issus de Dieu, multiples, dispersés, gardent la nostalgie de l’Unité première dans laquelle ils aspirent à se résorber. Par sa libération d’elle-même, l’âme supprime l’égocentrisme pour se consumer dans l’amour. Tel est le sens de la mystique islamique dont Goethe découvre la splendeur et la profondeur. En s’ouvrant à la littérature orientale, à la science et à la philosophie, Goethe brise ainsi les restrictions des genres littéraires et prône une poésie transeuropéenne, universelle. Chez lui, le romantisme surmonte la sérénité artificielle du classicisme en découvrant les côtés inconscients et irrationnels de l’être humain. À travers l’inspiration orientale, le romantisme de Goethe trace ainsi le chemin de la littérature moderne, conclut Bassam Baraké.
Linguiste, professeur à l’Université libanaise, M. Bassam Baraké a donné une causerie – en français – au Goethe Institut (Manara) sur le thème «Goethe et le monde arabe». Un exposé intéressant, avec lecture de poèmes, sur les traces de l’Orient dans les œuvres du grand auteur allemand. Johann Wolfgang von Goethe vécut de 1749 à 1832. La richesse de la...