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Actualités - ANALYSE

Loi électorale - Deux impératifs : représentation parlementaire et brassage national Les experts se mettent au travail

Le président Émile Lahoud a confié à un groupe d’experts le soin d’élaborer un projet de loi électorale. En leur précisant cette directive majeure : le texte doit concilier les impératifs d’une saine représentation parlementaire et d’un brassage national. Objectif bien plus difficile à atteindre sur le terrain qu’il n’y paraît sur le papier. Mais les néo-loyalistes qui, comme les chéhabistes jadis, développent volontiers dans leur phraséologie un certain goût pour le scientisme promettent «un découpage des circonscriptions effectué sur des bases objectives». «On évitera ou on atténuera, ajoutent-ils, les paramètres qui favorisent des intérêts particuliers». Mais aussi, ce que ces spécialistes avertis semblent oublier, les leaderships traditionnels, dont font partie intégrante désormais les vedettes issues du système Taëf. Il y a donc, à partir des principes que les néo-loyalistes semblent vouloir suivre, un risque sérieux de levée de boucliers régionaliste autant que communautaire contre le projet envisagé. Réalisme Cependant, une source proche du pouvoir, apparemment un peu plus lucide que les «techniciens» précédemment cités, fait valoir que «l’impossibilité, tout à fait certaine, d’amener les différents pôles politiques du pays à s’entendre autour d’un consensus national sur le mode des élections législatives, fait que nous devons trancher ex abrupto. Tout le monde est en effet d’accord sur ce point : on ne peut pas maintenir l’ancienne loi électorale. Il en faut une nouvelle. Du moment qu’il ne peut y avoir entente à ce propos, ce qui aurait été souhaitable, l’État a le devoir d’intervenir et d’arbitrer le débat. Quitte ensuite à retoucher ses propositions en fonction des remarques qu’on lui ferait à gauche ou à droite. Il faut agir, c’est une nécessité. Mais nous sommes en démocratie et nous n’essaierons pas de passer en force. D’ailleurs, cela n’aboutirait pas. Pour la simple raison que le dernier mot en la matière revient au Parlement. Et qu’il est composé d’hommes politiques qui, d’une manière ou d’une autre, voudront tout à la fois ne pas se dresser contre le pouvoir, car il a le soutien de leurs propres électeurs, et ménager leurs chances de retrouver leurs sièges de députés. Il faut les comprendre. Et veiller en même temps à l’intérêt national, qui commande un redécoupage des circonscriptions, dont le tableau date grosso modo, à quelques variations près, de 1960. Il est temps donc de dépoussiérer la loi et de doter le pays d’un code électoral moderne, équilibré et équitable». Dans cet esprit, cette personnalité souligne que «le texte doit à la fois prendre en considération le fait que le confessionnalisme politique n’est pas encore dépassé et par conséquent que toute approche publique doit préparer son abolition progressive.» «Ce thème est au centre même des consultations entreprises dès maintenant, en marge des travaux de la commission d’experts, avec les différents pôles d’influence politiques ou religieux du pays. Il faut certes accorder à un tel sujet l’attention et le temps qu’il mérite. Mais nous répétons à tous nos interlocuteurs qu’il est nécessaire d’en finir, d’avoir un nouveau code électoral au moins six mois avant la prochaine échéance qui tombe dans un an et demi à peine. En effet, il faut que le public dispose de la marge requise pour bien comprendre et assimiler le nouveau système. Et il faut que de leur côté les candidats sachent sur quelles bases au juste ils devront mener leur campagne, quels frais engager, quelles alliances contracter». Manière forte Mais une autre personnalité du même camp, où certaines tentations autoritaristes pointent le nez, estime qu’il faut «comme on arrache un sparadrap, agir d’un coup». «Le Conseil des ministres doit approuver un projet de loi concocté loin des feux de la rampe et le faire voter immédiatement après par la Chambre. En effet il serait hautement préjudiciable pour la stabilité politique du pays de laisser le débat s’étaler sur la place publique. Car cela provoquerait très certainement une vive polémique et toutes les forces actives du pays se mettraient au crêpage de chignon. On risquerait dès lors de voir l’opinion se dresser contre la nouvelle loi et boycotter les élections comme cela fut le cas en 1992».Ce point de vue paraît cependant minoritaire au stade actuel dans les rangs des loyalistes. Un politicien répète ainsi que «le président Lahoud est extrêmement soucieux de vraie démocratie. Il veut des élections vraiment libres et propres. Les résultats seront ce que les électeurs voudront car le pouvoir n’aura pas de candidats et, partant, pas de députés à lui. Il gardera ainsi tout son pouvoir de juge arbitre, éventuellement de conciliateur, en restant en marge de la mêlée. Il n’est pas exclu, dans ce sens, que le chef de l’État recommande la mise en place d’un Cabinet des élections qui ne comprenne pas de candidats», conclut cette personnalité.
Le président Émile Lahoud a confié à un groupe d’experts le soin d’élaborer un projet de loi électorale. En leur précisant cette directive majeure : le texte doit concilier les impératifs d’une saine représentation parlementaire et d’un brassage national. Objectif bien plus difficile à atteindre sur le terrain qu’il n’y paraît sur le papier. Mais les néo-loyalistes qui,...