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Actualités - ANALYSE

Faux scandale, mais véritable embarras

En accusant, sans les nommer, certains ministres de détournements de fonds municipaux, pour constater qu’ils figuraient sur les registres du ministère des Finances, M. Michel Murr a bel et bien embarrassé le gouvernement. Alors que l’objectivité était et est toujours le mot d’ordre du nouveau régime, les motivations inspirant les prises de positions de M. Michel Murr commencent à trancher vivement sur l’ambiance générale. Ce comportement commence même à porter préjudice au nouveau régime, et à rogner de son crédit populaire. C’est ce discrédit que le gouvernement a tenté de «camoufler» en confiant le dossier des fonds municipaux au parquet de la Cour des comptes. D’autant plus que la néo-opposition veille et ne manquera pas d’exploiter chaque petite erreur du nouveau Cabinet. Selon des sources fiables, les milieux proches de M. Hariri ne chôment pas; ils relèveront la contradiction qui commence à ressortir de plus en plus nettement, entre les innombrables accusations de dilapidation des fonds publics et la rareté des cas concrets susceptibles d’illustrer cette campagne. Plus, la néo-opposition prépare un dossier spécial Michel Murr, dans lequel elle mettra en évidence les irrégularités et abus de pouvoir dont il est lui-même responsable, ainsi que les cas où il a mis ses prérogatives au service de ses intérêts personnels. Entre-temps, le président du Conseil sortant a chargé certains de ses proches collaborateurs de prendre contact avec tous les directeurs généraux mis à pied, dont M. Mohammed Obeid, directeur général de l’Information, membre du mouvement Amal, pour leur exprimer son soutien et leur offrir toute assistance utile. Certains de ces directeurs généraux ont été immédiatement récupérés par M. Hariri qui les a placés dans les diverses sociétés dont il est promoteur, dans une démarche visant à les assurer de sa confiance – ce qui pourrait être exploité ultérieurement à des fins politiques. Le mouvement de réprobation qui a marqué certaines mesures administratives a été habilement exploité lors des obsèques du directeur général du ministère de la Justice Wagih Khater, et a nourri le ressentiment de certains milieux officiels et populaires contre le nouveau gouvernement. Un ressentiment d’autant plus gênant que les plaidoiries de ténors politiques en faveur du nouveau régime ou du nouveau gouvernement, font singulièrement défaut. Le régime en place ne se laisse pas désarçonner pour autant, escomptant que ce sera sur ses œuvres, notamment dans le domaine économique et financier, qu’il sera jugé, ainsi que sur la réussite d’une réforme qui vient tout juste d’être amorcée. Toutefois, pour court-circuiter l’opposition, il semble que certains milieux ont engagé des contacts discrets, mais efficaces, avec l’ancien chef du gouvernement. Ces contacts sont sur le point de porter leurs fruits, qui se matérialiseront par une visite de M. Rafic Hariri à Baabda, à son retour de l’étranger. Cette visite serait le prélude à un apaisement des frayeurs et des susceptibilités confessionnelles qui se sont exprimées, anarchiquement, après le départ de M. Hariri, et dont le cadre d’expression véritable doit être les institutions constitutionnelles.
En accusant, sans les nommer, certains ministres de détournements de fonds municipaux, pour constater qu’ils figuraient sur les registres du ministère des Finances, M. Michel Murr a bel et bien embarrassé le gouvernement. Alors que l’objectivité était et est toujours le mot d’ordre du nouveau régime, les motivations inspirant les prises de positions de M. Michel Murr...