Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sud - Barak intensifie le bruitage autour du retrait La méfiance reste de mise à Beyrouth

Alors que Barak sillonne les capitales du monde en répétant urbi et orbi qu’il compte se retirer du Liban d’ici le prochain été, à Beyrouth les autorités manifestent une méfiance accentuée quant aux intentions israéliennes. D’autant que leur sourde inquiétude se double de la crainte d’agissements palestiniens douteux. On s’aperçoit en effet ici qu’en cas de retrait dit unilatéral, des provocateurs arafatistes, exfiltrés des bases armées que sont les camps de Aïn el-Héloué et de Rachidiyeh, pourraient mettre le feu aux poudres dans la région frontalière. Plus sûrement sans doute, pense-t-on, que les hezbollahis qui seraient le cas échéant réfrénés par la Syrie. La conséquence d’attaques anti-israéliennes menées après le retrait à partir du territoire libanais serait d’entraîner des représailles sans limite, potentiellement dirigées contre l’infrastructure de ce pays pour détruire son économie. Sans compter les risques de guerre généralisée si la riposte de l’ennemi devait toucher, comme ce fut un peu le cas en 1996, les forces syriennes cantonnées au Liban. Toujours est-il que les Occidentaux soulignent pour leur part que Barak leur semble tout à fait sérieux quant à son projet de se retirer du Liban et de s’enlever ainsi une épine du pied. Le Premier ministre israélien est allé jusqu’à laisser entendre, dans ses échanges avec les dirigeants américains ou français, que s’il ne tenait qu’à lui, jamais Israël ne se serait accroché à ce qu’il appelle la ceinture de sécurité au Liban-Sud. Il réitère qu’il se considère comme totalement engagé par ses promesses électorales de retrait rapide. Et il a dernièrement déclaré à des étudiants rencontrés en Galilée qu’ils n’ont pas de souci à se faire, que leur service militaire ne sera pas accompli dans une zone hostile car le départ du Liban est définitivement décidé. Des diplomates occidentaux indiquent de leur côté que les Israéliens montrent volontiers, pour prouver qu’ils ne bluffent pas, les cartes d’état-major préparées d’ores et déjà pour le grand repli et pour la disposition ultérieure des forces le long de la frontière normalisée. Poker ou pas, c’est sur la base d’une totale confiance dans les dires de Barak que Paris mène actuellement au nom de l’Union européenne comme à son propre nom, en coordination avec Washington, une campagne diplomatique active incluant la question du Liban-Sud. Dans ce cadre précis, l’objectif déclaré des Français est de protéger le Liban pour que rien, ni arrangement multipartite englobant la Syrie ni retrait israélien unilatéral ou manœuvres arafatistes, ne se fasse à ses dépens. Dès lors, le chef de l’État français M. Jacques Chirac se montre particulièrement actif et reçoit à tour de rôle à l’Élysée les acteurs régionaux (dont le Dr Bachar el-Assad) pour dynamiser les pourparlers israélo-palestiniens et relancer les négociations syro et libano-israéliennes bloquées depuis 1996. Doublant pour ainsi dire le Quai d’Orsay, dont le chef, M. Hubert Védrine, est attendu sous peu ici, M. Chirac a envoyé à Beyrouth comme à Damas un émissaire personnel, l’ancien ministre des Affaires étrangères, M. Hervé de Charette. Cependant pour l’heure, on estime à Beyrouth que Barak veut se servir de la carte du retrait, et des menaces dont il l’assortit, pour faire pression sur la Syrie et sur le Liban afin de les forcer à reprendre les négociations pratiquement de zéro. En même temps, un retrait unilatéral priverait la Syrie de la carte de la Résistance libanaise et éroderait le jumelage des deux volets libanais et syrien. Le président Lahoud a répondu en réaffirmant les trois exigences libanaises : libération du Sud, restitution du Golan à la Syrie et règlement du problème des réfugiés palestiniens dont l’implantation ici est hors de question. Parallèlement, le chef de l’État, indiquent des sources fiables, a recommandé au commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman, la plus extrême vigilance tant par rapport aux développements au Sud que par rapport à la situation intérieure que les ennemis du pays pourraient tenter de déstabiliser sécuritairement. De son côté, comme on sait, le ministre de l’Intérieur a dirigé une réunion du Conseil de sécurité intérieure consacrée essentiellement aux mesures pratiques à appliquer en cas de retrait israélien et à l’agitation que l’on relève dans les camps palestiniens du Sud où les arafatistes accentuent l’entraînement de leur milice. Des informations font ainsi état de la mise en place d’un commando de 400 éléments à Aïn el-Héloué.
Alors que Barak sillonne les capitales du monde en répétant urbi et orbi qu’il compte se retirer du Liban d’ici le prochain été, à Beyrouth les autorités manifestent une méfiance accentuée quant aux intentions israéliennes. D’autant que leur sourde inquiétude se double de la crainte d’agissements palestiniens douteux. On s’aperçoit en effet ici qu’en cas de retrait dit...