Les risques d'un retrait, selon Tel-Aviv

Le chef d’état-major israélien le général Shaul Moffaz a souligné mardi les risques que comporterait un retrait inconditionnel du Liban, sans accord avec Beyrouth et Damas. «Nous estimons qu’un tel retrait s’accompagnera d’actes hostiles contre Israël», a déclaré le général Moffaz à la radio publique à la suite d’une intervention devant la commission de la Défense et des Affaires étrangères du Parlement. Il a estimé que des groupes armés restés relativement inactifs depuis plusieurs années pourraient lancer des opérations contre Israël. Le chef d’état-major a toutefois précisé qu’Israël pourrait retirer unilatéralement ses troupes sans accord avec la Syrie, compte tenu du fardeau que représente l’engagement militaire israélien au Liban. «L’armée a reçu du gouvernement la consigne de préparer des plans de retrait dans le cadre d’un accord, mais elle est prête à envisager des plans de retrait sans accord», a-t-il dit. Le général Moffaz a également souligné devant la commission que l’activité militaire n’avait pas baissé au Liban-Sud en 1999, bien qu’il y ait eu nettement moins de morts et de blessés. Selon les chiffres de l’armée, 1 100 incidents se sont produits depuis le 1er janvier 1999, soit 114 en moyenne par mois. Durant cette même période, «13 militaires ont été tués et 55 blessés, alors qu’en 1998, 23 militaires avaient été tués et 110 autres blessés au Liban-Sud», a ajouté le général Moffaz. Sharon : Le « non » syrien, Par ailleurs, selon le chef du Likoud (droite) Ariel Sharon, la Syrie se serait opposée à un retrait unilatéral d’Israël du Liban lors de contacts secrets avec un émissaire de l’ex-Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Il y a eu des contacts indirects avec les Syriens au début de l’année concernant un retrait (israélien) du Liban, qui ont aussi touché des questions plus vastes», a affirmé M. Sharon dans une interview publiée par le Jerusalem Post. «Les Syriens n’étaient pas d’accord pour envisager une coordination sur le retrait, avant tout parce que leur propre présence au Liban est leur principal atout», a-t-il ajouté. Selon lui, Israël a évoqué «un retrait graduel» de ses troupes du Liban qui lui aurait permis de s’assurer à chaque phase de l’état de sécurité sur le terrain tout en se réservant le droit de reprendre le contrôle des zones évacuées. M. Sharon a indiqué qu’il y avait eu «plusieurs rencontres de deux ou trois heures avec les Syriens chez un homme d’affaires à New York». En 1998, l’homme d’affaires américain Ron Lauder, héritier de l’empire de cosmétiques de sa mère Estee Lauder, et proche de M. Netanyahu, avait évoqué avec le président syrien Hafez el-Assad une reprise des négociations de paix israélo-syrienne gelées depuis février 1996. Le ministre israélien du Tourisme, le général de réserve Amnon Lipkin-Shahak, avait préconisé lundi un retrait militaire unilatéral du Liban-Sud avant juillet 2000, même en l’absence d’un accord avec Beyrouth et Damas. «Le Premier ministre Ehud Barak s’est engagé à retirer nos troupes d’ici à juillet, mais ce n’est pas une date sacrée et si on peut le faire avant, il n’y a pas de raison d’attendre», avait déclaré à la radio publique l’ancien chef d’état-major israélien. M. Barak a affirmé à plusieurs reprises sa détermination à retirer les troupes israéliennes du Liban d’ici au 7 juillet 2000 dans le cadre d’un accord de paix avec la Syrie. Mais il s’est toujours refusé à dire clairement si ce retrait aurait lieu même en l’absence d’un accord avec Damas. M. Barak a réaffirmé lundi à Paris que c’était avec la Syrie, en se disant «certain» qu’il s’agissait d’une «occasion historique».