Sécurité - Les raids israéliens se poursuivent Fermeture générale à Jezzine

Alors que le Liban-Sud enterrait hier ses morts tombés jeudi à l’intérieur et à l’extérieur de la zone occupée, l’aviation israélienne est de nouveau entrée en action en larguant ses missiles contre des positions présumées du Hezbollah dans la région de Jezzine. Deux chasseurs-bombardiers ont tiré vers 11h0 quatre missiles air-sol sur le bois de Bisri en contrebas de Jezzine. Dans le même temps, la ville observait une fermeture générale pour protester contre la mort, jeudi, de quatre personnes tuées dans un attentat qui n’a pas été revendiqué mais qui est imputé au Hezbollah par l’Armée du Liban-Sud (ALS). Des obsèques émouvantes ont été organisées aux quatre victimes, Nemr Gébrayel, un milicien de l’ALS, son enfant de trois ans, ainsi que deux femmes qui se trouvaient dans sa voiture détruite par un engin piégé placé sur la route de Houmsiyé. Des dizaines de personnes ont défilé derrière les cercueils en lançant des slogans de protestation et en brûlant des pneus sur les principales artères. Toute la journée d’hier, Jezzine a été coupé du reste du territoire après la fermeture par l’ALS des deux points de passage de Bater (Chouf) et de Kfarfalous (est de Saïda) dans les deux sens jusqu’à nouvel ordre. Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a déploré la mort de civils dans la région de Jezzine. Lors d’un office religieux qu’il célébrait au couvent de Fatka, le prélat a appelé à prier pour le retour de la paix au Liban et plus particulièrement au Sud. Commentant l’attentat de Jezzine, le Hezbollah avait dénoncé «la scandaleuse agression israélienne destinée à créer la confusion au sein de la nation» et a promis que «ce crime ne restera pas impuni». La radio de l’ALS a pour sa part déclaré que «les habitants de Jezzine ne pardonneront pas au Hezbollah et à ses responsables leurs crimes». D’autres obsèques se déroulaient dans le même temps dans la localité de Deir el-Zahrani où ont été inhumés deux combattants de la Résistance croyante. Abbas Zein et Hassan Traboulsi sont morts jeudi dans un raid israélien mené contre le village de Majdel Silm. La Résistance croyante, dont le chef Moustapha Dirani avait été enlevé en 1994 par un commando israélien dans la Békaa, a publié un communiqué annonçant la mort de ses deux combattants «en martyrs au Liban-Sud». Le bilan des victimes de l’attentat de Jeudi à Jezzine s’est alourdi hier avec le décès d’une blessée. Catherine Saba Gébrayel, 60 ans, est morte dans un hôpital en Israël où elle a été transportée après l’explosion. Par ailleurs, trois miliciens de l’ALS ont déserté hier la zone occupée et se sont rendus aux autorités libanaises. Moustapha Kassem Nabaa, Rida Ali Nabaa et un troisième milicien qui n’a pas été identifié étaient responsables des services de sécurité de l’ALS dans le village de Chebaa, dans le secteur oriental de la zone occupée. Les trois déserteurs ont franchi 12 km à pied en montagne avant de déboucher sur un poste de l’armée libanaise. Depuis mars dernier, au moins treize miliciens de l’ALS ont déserté la zone occupée. En représailles, les autorités israéliennes ont expulsé les membres des familles des déserteurs, principalement des vieillards, des femmes et des enfants. Le Liban considère que ces expulsions sont une violation des conventions de Genève qui assurent la protection des civils en territoire occupé, ainsi qu’une violation des arrangements d’avril 1996 parrainés par les États-Unis et la France en vertu desquels les belligérants au Liban-Sud se sont engagés à épargner les civils.